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de se plaindre. L’homme a justement horreur d’être jugé par l’homme, car il se connaît, et il sait de quoi il est capable lorsque la passion l’aveugle ou l’entraîne ; mais, devant la loi, chacun doit être soumis et tranquille, car la nature humaine ne comporte rien de mieux que la volonté générale, éclairée et désintéressée du législateur, substituée partout à la volonté particulière, ignorante et passionnée de l’homme.

Si donc la loi espagnole, écrite pour tout le monde, porte la peine de l’exil, de la prison, de la mort même contre l’ennemi déclaré et public d’un dogme espagnol, personne ne doit plaindre le coupable qui aura mérité ces peines, et lui-même n’a pas droit de se plaindre, car il y avait pour lui un moyen bien simple de les éviter : celui de se taire.

À l’égard des Juifs en particulier, personne ne l’ignore ou ne doit l’ignorer, l’Inquisition ne poursuivait