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partout ils sont punis, et partout ils doivent l’être [1]. Personne n’a droit de demander aux rois d’Espagne pourquoi il leur a plu d’ordonner telle peine ; pour tel crime ils savent ce qu’ils ont à faire chez eux ; ils connaissent leurs ennemis et les repoussent comme ils l’entendent ; le grand point, le point unique et incontestable, c’est que, pour les crimes dont je parle, personne n’est puni qu’en vertu d’une loi universelle et connue, suivant des formes invariables, et par des juges légitimes qui n’ont de force que par le roi, et ne peuvent rien contre le roi : cela posé, toutes les déclamations tombent, et personne n’a droit

  1. On n’a jamais soupçonné en Europe que la Chine eût un tribunal d’Inquisition pour maintenir la pureté de la doctrine, de la croyance et de la morale de l’empire. Il est cependant très ancien, très rigoureux, et a fait couler plus de sang que tous ceux de l’Europe réunis. Bien des gens, qui citent notre Chine pour le tolérantisme, n’y auraient pas vécu longtemps, ou se seraient tus. (Mémoire sur les Chinois, in-4o, tome I, pag. 476, note XXVIIe.) Toutes les nations sont d’accord sur ce point.