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de la plus atroce tyrannie, et non seulement sans être en état de les appuyer sur aucun témoignage, mais encore contre la plus évidente notoriété [1] ? En Espagne et en Portugal, comme ailleurs, on laisse tranquille tout homme qui se tient tranquille ; quant à l’imprudent qui dogmatise, ou qui trouble l’ordre public, il ne peut se plaindre que de lui-même ; vous ne trouverez pas une seule nation, je ne dis pas chrétienne, je ne dis pas catholique, mais seulement policée, qui n’ait prononcé des peines capitales contre les atteintes graves portées à sa religion. Qu’importe le nom du tribunal qui doit punir les coupables !

  1. Ce qu’il y a de bien remarquable dans cette pièce si répréhensible, c’est l’aveu que la force de la vérité arrache à Montesquieu, et sans qu’il s’en aperçoive le moins du monde ; il fait dire à sa petite juive : Voulez-vous que nous vous disons naïvement notre pensée ? Vous nous regardez plutôt comme vos ennemis que comme les ennemis de votre religion. (Ibid. Liv. XXV, chap XIII.) Voilà le mot : ne parlez donc plus de religion, et prenez-vous-en à l’autorité civile.