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Or, je vous le demande, monsieur, comment serait-il possible qu’un caractère général d’une telle évidence se démentît sur un seul point du globe ? Doux, tolérant, charitable, consolateur dans tous les pays du monde, par quelle magie sévirait-il en Espagne, au milieu d’une nation éminemment noble et généreuse ? Ceci est de la plus haute importance ; dans l’examen de toutes les questions possibles, il n’y a rien de si essentiel que d’éviter la confusion

    perdre tout à fait la raison dans les vers qui précèdent. Comment et avec qui les Romains se seraient-ils battus pour leurs poulets sacrés ? Quelque nation venait-elle à main armée prendre ou tuer ces poulets ? Si quelque Dieu nouveau se présentait à Rome, il entrait, avec la permission du sénat, comme un saint nouvellement canonisé (je demande pardon de la comparaison) entre dans nos églises. Cela ne peut s’appeler tolérance ; mais pour peu qu’on se fût avisé de toucher aux bases de la religion nationale, Voltaire avait pu voir dans l’histoire des Bacchanales, si bien racontée dans Tite-Live (XXXIX, 9 seqq.), comment on aurait été traité. Dès que le Christianisme parut, ces grands législateurs le persécutèrent avec une férocité inouïe. On a même remarqué fort à propos que des monstres tels que Tibère,