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Voltaire, dans ces moments où le sens exquis dont il était doué n’était pas offusqué par la fièvre anti-religieuse, a rendu plus d’un témoignage honorable au gouvernement des pontifes. Je veux vous en citer un très remarquable. Il est cité du poème de la loi naturelle, où l’on n’irait point le chercher sans être averti.

 
Marc-Aurèle et Trajan mêlaient au champ de Mars
Le bonnet du pontife au bandeau des Césars.
L’univers reposant sous leur heureux génie,
Des guerres de l’école ignorait la manie ;
Ces grands législateurs, d’un saint zèle animés,
Ne combattirent point pour leurs poulets sacrés.
Rome encore aujourd’hui, observant ces maximes,
Joint le trône à l’autel par des nœuds légitimes,
Ses citoyens en paix, sagement gouvernés,
Ne sont plus conquérants et sont plus fortunés [1]

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    Francorum illustrem non decent imitari. (Bulle du même jour. Ibid. pag. 259.)

  1. Voyez le poème de la Religion naturelle, IVe partie. ― C’est, au reste, un spectacle assez curieux que celui de Voltaire, si raisonnable et si juste dans tout ce qu’il dit ici sur le gouvernement de Rome moderne,