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à mort ? Et quel crime commet le tribunal civil qui envoie à la mort un accusé, en vertu d’une loi de l’état statuant cette peine pour un délit donc cet accusé est convaincu ? Et dans quelle loi espagnole a-t-on lu que les déistes seront punis de mort ? Il serait difficile d’en imposer davantage à la crédulité d’un lecteur inattentif.

Parmi les innombrables erreurs que le dix-huitième siècle a propagées et enracinées dans les esprits, avec un déplorable succès, aucune, je vous l’avoue, ne m’a jamais surpris autant que celle qui a supposé, soutenu, et fait croire enfin à l’ignorante multitude que des prêtres pouvaient condamner un homme à mort. Il est permis d’ignorer la religion de Fo, de Bouddha, de Somonocondom [1] ; mais quel européen a le droit d’ignorer le Christianisme universel ? Quel œil n’a pas contemplé

  1. Et même encore celui qui entreprendrait de les diffamer serait-il obligé de les connaître.