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Voyant donc tous les dogmes chrétiens disparaître l’un après l’autre, et voulant au moins assurer le dogme capital, c’est-à-dire, celui de la Trinité, sans lequel il n’y a plus de Christianisme, ils proposèrent leur bill sur la foi à la Trinité, en vertu duquel tout Anglais qui refuserait son serment à cette doctrine fondamentale [1] serait déclaré inhabile à siéger au parlement. Assurément les promoteurs du bill ne semblaient pas indiscrets, et l’on ne pouvait, sans doute, exiger moins d’hommes qui auraient attaché la plus légère importance à se nommer chrétiens : néanmoins le parlement a trouvé que c’était trop : les élus actuels ont senti dans leurs consciences qu’ils n’avaient pas le droit de gêner celle des élus futurs. Ils

  1. Cette expérience est très précieuse dans l’ordre général des choses. Elle prouve à tout homme de bonne foi qu’il n’y a rien dans le Christianisme de plus ou de moins fondamental, et qu’il faut croire tout ou rien. La théorie l’avait souvent démontré, mais il est bon d’y joindre l’expérience. Toute nation, comme tout homme, qui voudra choisir les dogmes, les perdra tous.