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L’autre, partant du jugement particulier, base du système protestant, en tire, avec une franchise admirable, les conséquences inévitables. L’homme n’ayant sur l’esprit d’un autre que le seul pouvoir du syllogisme (que chacun s’arroge également), il s’ensuit que, hors des sciences exactes, il n’y a point de vérité universelle, et surtout point de vérité divine ; l’appel à un livre serait, non pas seulement une erreur, mais une bêtise, puisque c’est le livre même qui est en question. Si je croyais d’une foi divine les dogmes que j’enseigne uniquement de par le Roi, je serais éminemment coupable en conseillant de faire élever de malheureux enfants dans l’erreur, et leur réservant seulement la faculté de revenir à la vérité lorsqu’ils auront les connaissances nécessaires ; mais je ne crois point ces dogmes ; du moins je ne les crois que d’une croyance humaine, comme je croirais, par exemple, au système de Staalh, sans empêcher personne de croire à celui de Lavoisier, et sans voir de raison