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CHAPITRE XII


CONCLUSION.


On lit dans un recueil infiniment estimable, que les jésuites avaient entraîné avec eux les jansénistes dans la tombe[1]. C’est une grande et bien étonnante erreur, semblable à celle de Voltaire, qui disait déjà, dans son Siècle de Louis XIV (tom. III, chap. xxxvii) : « Cette secte, n’ayant plus que des convulsionnaires, est tombée dans l’avilissement… Ce qui est devenu ridicule ne peut plus être dangereux. » Belles phrases de poëte, qui ne tromperont jamais un homme d’État. Il n’y a rien de si vivace que cette secte, et sans doute elle a donné dans la révolution d’assez belles preuves de vie pour qu’il ne soit pas permis de la croire morte. Elle n’est pas moins vivante dans une foule de livres modernes que je pourrais citer. N’ayant point été écrasée dans le XVIIe siècle, comme elle aurait dû l’être, elle put croître et s’enraciner librement. Fénélon, qui la connaissait parfaitement, avertit Louis XIV, en mourant, de prendre garde au jansénisme. La haine de ce grand prince contre la secte a souvent été tournée en ridicule dans notre siècle. Elle a été nommée petitesse par des hommes très-petits eux-mêmes, et qui ne comprenaient pas Louis XIV. Je sais ce qu’on peut reprocher à ce grand prince ; mais sûrement aucun juge équitable ne lui refusera un bon sens royal,

  1. Spectateur français au XIXe siècle, in-8o, tom. I, no XLVI, pag. 311.