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LE DIRECTEUR.

« Mais cette société est-elle suspecte à l’Église et à l’État ? »

PASCAL.

« Nullement, mon père, le Saint-Siège au contraire l’estime infiniment, et l’a souvent approuvée. L’Église l’emploie depuis plus de deux siècles dans tous ses grands travaux ; la même société élève presque toute la jeunesse européenne ; elle dirige une foule de consciences ; elle jouit surtout de la confiance du roi, notre maître ; et c’est un grand malheur, car cette confiance universelle la met à même de faire des maux infinis que j’ai voulu prévenir. Il s’agit des jésuites, en un mot. »

LE DIRECTEUR.

« Ah ! vous m’étonnez ; et comment donc avez-vous argumenté contre ces Pères ? »

PASCAL.

« J’ai cité une foule de propositions condamnables, tirées de livres composés par ces Pères dans les temps anciens et dans les pays étrangers ; livres profondément ignorés, et partant infiniment dangereux, si je n’en avais pas fait connaître le venin. Ce n’est pas que j’aie lu ces livres, car je ne me suis jamais mêlé de ce genre de connaissances ; mais je tiens ces textes de certaines mains amies, incapables de me tromper. J’ai montré que l’ordre était solidaire pour toutes ces erreurs, et j’en ai conclu que les jésuites étaient des hérétiques et des empoisonneurs publics. »

LE DIRECTEUR.

« Mais, mon cher frère, vous n’y songez pas. Je vois main-