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ni le roi, ni ses principaux ministres, ni la sacrée faculté de Paris, ni les ordres religieux ; et qu’ainsi ce livre est digne des peines que les lois décernent contre les libelles diffamatoires et hérétiques. Fait à Paris, le 4 septembre 1660. Signé Henri de Rennes, Hardouin de Rhodez, François d’Amiens, Charles de Soissons, etc. »

Sur cet avis des commissaires, le livre fut condamné au feu par arrêt du conseil d’État[1].

On connaît peu, ou l’on remarque peu cette décision, qui est cependant d’une justice évidente.

Supposons que Pascal, ayant conçu des scrupules de conscience sur son livre, se fût adressé à quelque directeur pris hors de sa secte, pour avoir son avis, et qu’il eût débuté par lui dire en général :

« J’ai cru devoir tourner en ridicule et diffamer une société dangereuse. »

Cette première ouverture eût produit infailliblement le dialogue qui suit :

LE DIRECTEUR.

« Qu’est-ce donc, monsieur, que cette société ? S’agit-il de quelque société occulte, de quelque rassemblement suspect, dépourvu d’existence légale ? »

PASCAL.

« Au contraire, mon père : il s’agit d’une société fameuse, d’une société de prêtres répandus dans toute l’Europe, particulièrement en France. »

  1. On peut lire ces pièces dans l’Histoire des cinq propositions, p. 175. Voltaire, comme on sait, a dit, en parlant des Lettres provinciales, dans son catalogue des écrivains du XVIIe siècle : Il faut avouer que l’ouvrage entier porte à faux. Quand Voltaire et les évêques de France sont d’accord, il semble qu’on peut être de leur avis en toute sûreté de conscience.