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au XIXe siècle, les contes de Mme Perrier, sur la miraculeuse enfance de son frère ; on nous dit, avec le même sang-froid, qu’avant l’âge de seize ans, il avait composé sur les sections coniques un petit ouvrage qui fut regardé alors comme un prodige de sagacité[1] ; et l’on a sous les yeux le témoignage authentique de Descartes, qui vit le plagiat au premier coup d’œil, et qui le dénonça, sans passion comme sans détour, dans une correspondance purement scientifique[2].

Même partialité, même défaut de bonne foi à propos de la fameuse expérience du Puy-de-Dôme. On nous assure que l’explication du plus grand phénomène de la nature est principalement due aux expériences et aux réflexions de Pascal[3].

Et moi, je crois, sans la moindre crainte d’être trop dogmatique, que l’explication d’un phénomène est due principalement à celui qui l’a expliqué. Or, comme il n’y a pas le moindre doute sur la priorité de Torricelli[4], il est certain que Pascal n’y a pas le moindre droit. L’expérience du baromètre n’était qu’un heureux corollaire de la vérité découverte en Italie ; car si c’est l’air, en sa qualité de fluide pesant, qui tient le mercure suspendu dans le tube, il s’ensuivait que la colonne d’air ne pouvait diminuer de hauteur et par conséquent de poids, sans que le mercure baissât proportionnellement.

Mais cette expérience même, Pascal ne l’avait point imagi-

  1. Disc. sur la vie et les ouvrages, etc., pag. xxij.
  2. J’ai reçu l’Essai touchant les coniques, du fils de M. Pascal (Etienne), et trouvant que d’en avoir lu la moitié, j’ai jugé qu’il avait pris presque tout de M. Desargues, ce qui m’a été confirmé incontinent après par la confession qu’il en fit lui-même. (Lett. de Descartes au P. Mersenne, dans le Recueil de ses lettres, in-12, 1725, tom. II. lettre XXXVIII, pag. 179.) Quand l’histoire aurait le droit de contredire de pareils témoignages, elle n’aurait pas le droit de les passer sous silence.
  3. Disc, sur la vie et les ouvrages, etc. pag. xxx.
  4. Torricelli mourut en 1647. Sa découverte relative au baromètre est constatée dans sa lettre à l’abbé, depuis cardinal, Michel-Ange Ricci, écrite en 1644 ; et par la réponse de cet abbé. (Storia della letter. Ital. di Tiraboschi, tom. VIII, liv. II, no XXII.)