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CHAPITRE VIII.


PASSAGE DE LA HARPE ET DIGRESSION SUR LE MÉRITE COMPARÉ DES JÉSUITES.


La Harpe m’étonne fort lorsque, dans je ne sais quel endroit de son Lycée, il décide « que les solitaires de Port-Royal furent très-supérieurs aux jésuites dans la composition des livres élémentaires. » Je n’examine pas si les jésuites furent créés pour composer des grammaires dont la meilleure ne saurait avoir d’autre effet que d’apprendre à apprendre ; mais quand cette petite supériorité vaudrait la peine d’être disputée, La Harpe ne semble pas avoir connu la Grammaire latine d’Alvarez, le Dictionnaire de Pomey, celui de Joubert, celui de Lebrun, le Dictionnaire poétique de Vanière, la Prosodie de Riccioli (qui ne dédaigna pas de descendre jusque-là), les Fleurs de la latinité, l’Indicateur universel, le Panthéon mythologique de ce même Pomey, le Petit Dictionnaire de Sanadon, pour l’intelligence d’Horace ; le Catéchisme de Canisius, la Petite Odyssée de Giraudeau, nouvellement reproduite[1], et

  1. Manuel de la Langue grecque. Paris, 1802, in-8o. — L’opuscule de Giraudeau à son tour avait reproduit l’idée de Lubin (clavis linguæ græcæ), où les racines sont pour ainsi dire enchâssées dans un discours suivi, fait pour se graver dans la mémoire. Le Jardin des Racines grecques est ce qu’on peut imaginer de moins philosophique. Villoison, dit-on, les savait par cœur. Tout est bon pour les hommes supérieurs. Les livres élémentaires faits pour eux ne valent rien. Si l’on veut au reste que les vers techniques de Port-Royal aient le mérite de ces cailloux que Démosthène mettait dans sa bouche en déclamant au bord de la mer, j’y consens de tout mon cœur ; il faut toujours être juste.