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se gardent bien de louer aussi gauchement. Ils ont d’autres choses à dire.

Voltaire a dit : « Nous avons d’Arnaud cent quatre volumes (il fallait dire cent quarante), dont presque aucun n’est aujourd’hui au rang de ces bons livres classiques qui honoraient le siècle de Louis XIV[1]. » « Il n’est restée dit-il encore, que sa Géométrie, sa Grammaire raisonnée et sa Logique. »

Mais cette Géométrie est parfaitement oubliée. Sa Logique est un livre comme mille autres que rien ne met au-dessus des ouvrages de même genre et que beaucoup d’autres ont surpassé. Quel homme, pouvant lire Gassendi, Wolf, s’Gravesande, ira perdre son temps sur la Logique de Port-Royal ? Le mécanisme même du syllogisme s’y trouve assez médiocrement développé, et cette partie tout entière ne vaut pas cinq ou six pages du célèbre Euler, qui, dans ses Lettres à une princesse d’ Allemagne, explique tout ce mécanisme de la manière la plus ingénieuse, au moyen de trois cercles différemment combinés.

Reste la Grammaire générale, petit volume in-12, dont on peut dire : C’est un bon livre. J’y reviendrai tout à l’heure. Voilà ce qui nous reste d’un homme qui écrivit cent quarante volumes, parmi lesquels il y a plusieurs in-quarto et plusieurs in-folio. Il faut avouer qu’il employa bien sa longue vie !

Voltaire dans le même chapitre, fait aux solitaires de Port-

  1. Voltaire, Siècle de Louis XIV, tom. III, chap. xxxvii.