Page:Maistre - Du pape suivi de l'Église gallicane, Goemaere, 1852.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE IV.


ANALOGIE DE HOBBES ET DE JANSÉNIUS.


Je ne sais si quelqu’un a remarqué que le dogme capital du jansénisme appartient pleinement à Hobbes ; on sait que ce philosophe a soutenu que tout est nécessaire, et que par conséquent il n’y a point de liberté proprement dite, ou de liberté d’élection. « Nous appelons, dit-il, agents libres ceux qui agissent avec délibération ; mais la délibération n’exclut point la nécessité, car le choix était nécessaire, tout comme la délibération[1]. »

On lui opposait l’argument si connu, que si l’on ôte la liberté, il n’y a plus de crime, ni par conséquent de punition légitime. Hobbes répliquait : « Je nie la conséquence, La nature du crime consiste en ce qu’il procède de notre volonté, et qu’il viole la loi. Le juge qui punit ne doit pas s’élever à une cause plus haute que la volonté du coupable. Quand je dis donc qu’une action est nécessaire, je n’entends pas qu’elle est faite en dépit de la volonté ; mais parce que l’acte de la volonté ou la volition qui l’a produite était volontaire[2]. Elle peut donc être volontaire, et par conséquent crime, quoique nécessaire.

  1. Tripos in three discourses by Th. Hobbes, in-8o. London, 1684, Of liberty and necessity, page 294. Cet ouvrage est daté de Roven, le 22 août 1652.
  2. Que signifie un acte volontaire de la volonté ? Cette tautologie parfaite vient de ce qu’on n’a pas voulu comprendre ou avouer que la liberté n’est et ne peut être que la volonté non empêchée.