cable du droit d’aînesse ; il en résulte l’impossibilité presque absolue pour les détenteurs
actuels de la propriété, d’enlever d’immenses
terrains à la production agricole, pour leur satisfaction
personnelle ; les très grands jardins
paysagers ne sont plus guère possibles en
France ; la Bande noire en a fait des fermes et
des métairies ; bien peu de propriétaires songeront
à détruire ces utiles créations pour en
refaire des parcs Mais, comme nous l’avons dit,
on peut, dans une contrée naturellement pittoresque,
réunir sur un espace d’une étendue limitée
tous les agréments que comportent les jardins
paysagers. Le jardin dont la fig. 523 donne
le plan est d’une contenance d’environ six hectares,
y compris le verger et le potager. La même
distribution pourrait être appliquée à une mesure
beaucoup moins étendue. La maison d’habitation
A ne fait point face à la grille d’entrée
B ; on l’aperçoit seulement à travers les arbres,
et l’on y arrive par une allée circulaire ; la
grille ne se voit point de l’habitation , afin de ne
pas rappeler le peu d’étendue du jardin paysager
et d’en reculer perspectivement les limites,
en y joignant pour le coup d’œil les parties les
plus rapprochées du paysage environnant. La
rivière traverse deux pièces d’eau dont l’une
est parsemée de plusieurs îles ; l’île C est
réunie aux allées par deux ponts rustiques.
Un belvédère D occupe le point le plus élevé
de la colline boisée E ; les bois qui la terminent
se confondent perspectivement avec ceux qui
forment le fond du paysage. Ce plan est extrait
du traité de la composition des jardins,
par M. Audot.
Fig. 523.
COUP D’ŒIL
SUR LE JARDINAGE EN EUROPE
Parvenus au terme de la partie didactique de cet ouvrage, il nous reste à en esquisser la partie descriptive. Que ce mot n’alarme pas le lecteur ; nous ne lasserons pas son attention en l’appelant sur une interminable série de tableaux plus ou moins incapables de donner une juste idée des objets décrits ; c’est au public horticole français que nous nous adressons ; notre but doit être de satisfaire dans le cercle de nos attributions ses goûts, ses désirs et ses besoins. Le célèbre horticulteur anglais Loudon, écrivant principalement pour des lords qu’une dépense d’un ou deux millions ne fait pas reculer dès qu’il s’agit de satisfaire un caprice sans se préoccuper des prolétaires qui viennent expirer de besoin à la porte de leurs parcs, Loudon consacre plus des deux tiers de son volumineux ouvrage à mettre sous les yeux de son public la description et les dessins des jardins et des parcs les plus renommés du monde connu : c’était pour son livre la principale condition de succès. Nous l’imitons en ce point que, comme lui, nous décrivons de préférence tout ce qui, dans le jardinage européen, nous semble offrir à la majorité de nos lecteurs intérêt et utilité.
Le jardinage proprement dit, celui qui a pour but la production des végétaux utiles à