Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1845, V.djvu/189

Cette page n’a pas encore été corrigée
titre iii.
177
JARDIN FRUITIER.
Report 
 6,200
Frais d’établissement des murs et contre-espaliers 
 21,200
Entretien pendant quatre ans, à 400 f. par an 
 1,600
Intérêts à 5 p. 100 des avances antérieures, en quatre ans 
 5,480
—————
Total 
 34,480
B. — Produits.

A partir du moment où la vigne atteint le pied de l’espalier, elle donne des produits qui ne peuvent être évalués avec précision, mais qui vont en augmentant jusqu’à ce qu’à l’âge de sept ans elle couvre tout l’espalier. Dans l’Intervalle, les contre-espaliers et les ceps isolés ont aussi commencé à produire ; on peut, sans exagération, porter ces divers produite pour quatre ans au quart des sommes avancées qui, au moment où l’enclos est en plein rapport, se trouvent, par ces rentrées, réduites à la somme de 26,000 fr.

Le produit brut des treilles peut être représenté par les chiffres suivants :

Espaliers 
Chasselas, 1re
qualité 
 8,000 k
Contre-espaliers 
Id., 2e
qualité 
 6,000
Ceps isolés 
Id., 3e
qualité 
 2,000
—————
Total 
 16,000
—————
Valant au prix moyen de 40 c. le kil 
 6,400 f

Ce produit brut permet au propriétaire d’en obtenir un prix de location de 3,500 fr. en laissant une juste part de bénéfice au fermier ; la valeur foncière de sa propriété a été portée en sept ans, de 4,000 fr. à 70 mille francs, en ne la comptant qu’au taux de 5 0/0, pour les mêmes raisons qui nous ont fait adopter ce chiffre comme base de l’évaluation de la valeur foncière des jardins à la Montreuil.

Nous ferons observer en terminant qu’un propriétaire de moyenne fortune peut, avec une avance qui ne dépasse pas ses facultés, trouver dans la culture du chasselas à la Thomery, seulement en contre-espalier, une ressource très importante qui lui permettrait de se livrer, sans s’obérer, à son goût pour les cultures de pur agrément. Nous citerons parmi les faits à notre connaissance personnelle, un jardin d’un peu moins de 66 ares, au Grand Montrouge ; ce jardin cultivé par M. Roboam, israélite passionné pour le jardinage, est occupé en entier par des lignes de contre-espaliers de treilles à la Thomery ; M. Roboam nous assure qu’il en obtient année commune 2,400 fr., et souvent 3,000 fr. de revenu net ; il est vrai qu’il est à la porte de Paris et qu’on vient lui acheter sur la treille même son chasselas, qui ne le cède en rien à celui de Fontainebleau de seconde qualité, obtenu sur les contre-espaliers.

Nous donnons ici la liste des meilleures espèces de vignes qui peuvent être cultivées en treille pour la table. Il n’y a pas de meilleure vigne sous le climat de Paris que le chasselas de Fontainebleau ; nous pourrions ajouter qu’il n’en existe nulle part ailleurs, en aucun pays du monde, qui soit comparable à ce chasselas comme raisin de table, sans excepter les qualités les plus sucrées et les plus renommées de la Provence, de l’Espagne et de l’Italie. Ainsi, le jardinier de profession n’en doit point admettre d’autre sur ses treilles ; aucune ne lui serait plus profitable. L’amateur, guidé par d’autres considérations, peut désirer réunir sur ses espaliers les meilleures variétés de raisin de table autre que le chasselas ; il pourra choisir dans la liste suivante :

Chasselas 
de Fontainebleau, le meilleur de tous.
violet (du Piémont).
noir (du midi de la France).
rose (du Piémont).
petit hâtif.
doré (de Champagne).
rouge (id.).
musqué.
Muscat 
blanc, ou de Frontignan.
rouge.
d’Alexandrie.
Raisin 
verdal du Languedoc.
colomban de Provence.
de Corinthe blanc.
de Corinthe violet.
de Frankenthal.
cornichon.

Tous ces raisins sont d’autant meilleurs qu’on les place à une meilleure exposition ; le verdal ne mûrit pas tous les ans sous le climat de Paris ; les deux corinthes sont dans le même cas ; le raisin cornichon est plus curieux que bon en lui-même. Il en est de même des variétés très hâtives dont les plus fréquemment cultivées sont les deux variétés de la Madeleine, le blanc et le noir, qui, à part leur précocité, n’ont intrinsèquement aucune valeur.

La collection du Luxembourg à Paris, qui est loin d’être complète, compte plus de 500 variétés de raisin mangeables.

Section VI. — Culture forcée des arbres à fruit.

La culture forcée des arbres à fruit est particulièrement avantageuse dans le nord de la France et chez nos voisins de Belgique et d’Allemagne ; on ne connaîtrait pas ce que c’est qu’une pêche, un abricot ou une grappe de raisin en Hollande et dans le nord de l’Angleterre, si l’on n’y consacrait à la culture de ces fruits de grandes serres (forcing-houses) dont nous avons donné les modèles (voir page 39). Ces fruits paient d’ailleurs largement les frais de leur culture forcée.

Sous le climat de Paris, la culture forcée des arbres à fruit n’offre, comme spéculation, que de médiocres avantages ; aussi n’y est-elle pas pratiquée sur une bien grande échelle. On force principalement des pêchers en espalier, au moyen de châssis mobiles établis temporairement ; on force en même temps, entre le châssis et le mur d’espalier, des arbres nains en pois (pruniers et cerisiers). Ces deux cultures se conduisent simultanément.

Les arbres à huit ne sont forcés, à propre-

horticulture.
T. V. — 23