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MAISON RUSTIQUE
DU XIXe SIÈCLE


Livre Huitième

HORTICULTURE

CHAPITRE 1er. — Choix et nature des terrains.

Section 1re. — Choix du terrain.

Il arrive bien rarement au jardinier d’avoir à choisir l’emplacement sur lequel il doit établir un nouveau jardinage ; le plus souvent il ne peut que continuer ce qu’il trouve créé d’avance ; toute la latitude qui lui est laissée dans ce cas consiste à pouvoir distribuer à son gré, sur un terrain donné, les divisions de son jardin, afin d’en approprier le mieux possible chaque partie et chaque exposition à la nature des plantes qui doivent y croître.

Lorsque, sur une terre d’une assez grande étendue, on peut assigner à volonté la place d’un jardin nouveau, on se déterminera moins encore par la qualité de la superficie que par la profondeur de la couche de terre arable. On regardera toujours une terre médiocre, mais profonde, comme préférable à une terre beaucoup meilleure, mais d’une moindre épaisseur. La première se prêtera presque toujours facilement aux améliorations que nécessite un bon jardinage ; la seconde s’épuisera promptement et n’offrira aucun moyen de subsistance aux végétaux qui pénètrent assez profondément dans le sol.

On prendra aussi en grande considération deux objets essentiels, l’exposition du terrain et la proximité des eaux. Les meilleures expositions sont celles du sud et de l’est. En supposant qu’on ait le choix entre plusieurs terrains en pente, on préférera celui qui fera face au midi ou à l’orient, quand même il ne serait pas tout à fait d’aussi bonne qualité que celui qui regarde l’ouest ou le nord. Si, comme il arrive à beaucoup de propriétaires, on ne peut enclore de murs qu’une partie du jardin et qu’on se borne à fermer le surplus par une haie, l’on placera la muraille de manière à se procurer un espalier au midi, et des plates-bandes à la même exposition, proportionnellement à la hauteur du mur.

Nous avons vu, il y a peu d’années, dans le département d’Indre-et-Loire, une maison de campagne très agréable, récemment construite, abandonnée par le propriétaire, et vendue beaucoup au-dessous de sa valeur réelle, parce que le jardin manquait d’eau. On avait entouré de murs l’espace destiné au jardinage, et l’on s’était occupé tout d’abord d’y établir un parterre et un potager, sans songer à creuser un puits. Quand le besoin d’eau se fit sentir, on entreprit inutilement des fouilles sur plusieurs points ; l’eau ne se trouva qu’à plus de 30 mètres, et en quantité tout à-fait insuffisante. Les oublis de ce genre sont plus fréquents qu’on ne pourrait le croire, quand il s’agit de former un nouveau jardin sur un terrain consacré précédemment à un autre genre de culture. Le premier soin doit être, dans ce cas, de s’informer de la profondeur de l’eau, ce que les puits du voisinage peuvent indiquer par approximation. La présence d’une source ou le passage d’un ruisseau pourront être aussi des motifs déterminants sur le choix de l’emplacement destiné à un jardinage de quelque importance.