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HORTICULTUIIE.

LIVUt VIII.

être d’un produit très avantageux , mOme sous le climat de Paris ; en faisant choix d’une si- tuation i’avoral)le , il est possible , l’expérience le prouve, d’obtenir des pêcbers en plein-vent des fruits, sinon égaux en qualité à ceux des pêchers en espalier, du moins qui en diffèrent très peu. Dans ce but, il ne faut planter que les espèces qui fleurissent tard ; les sujets doivent être ou francs de pied, provenant des noyaux des plus belles pêches de chaque espèce, ou greffés sur franc, à 0"’,50 de terre. On forme leur tête sur quatre branches bien espacées ; on a soin qu’elle s’évase convenablement, qu’elle ne prenne pas trop d’élévation et que les bran- ches intérieures ne forment point confusion pour laisser partout un libre accès à l’air et à la lumière. Ces vergers réussissent parfaite- ment quand , dans une position naturellement abritée, telle que le pied d’un coteau regardant le sud ou le sud-est, on protège en outre les pêchers par des lignes de thuyas ou de cyprès, ou par des haies vives de l’",50 à 2 mètres d’é- lévation. Le pêcher en plein-vent ne conserve la qualité de son fruit que lorsqu’on a soin de ne pas le fatiguer par une production excessive, et qu’on ne lui laisse tous les ans qu’une récolte modérée, proportionnée à la force des sujets.

§ VII. — Clôlures.

Les haies vives épineuses sont les meilleures des cUMures pour les vergers. Lorsque dans les intervalles des arbres en plein-vent on ne plante que des poiriers sur cognassier et des pommiers surdoucain, ces clôtures peuvent être établies par la voie des semis ; la lenteur de ce procédé est dans ce cas sans inconvénient ; les premiers fruits des arbres en pyramide les plus précoces ne paraissent pas avant la quatrième année après la plantation ; on a tout le temps de lais- ser croître la haie ; elle devient de plus en plus défensive à mesure que les arbres deviennent plus productifs. Quand les arbres en plein-vent seront en plein rapport , la haie parvenue de- puis longtemps à toute sa croissance vaudra comme clôture la meilleure muraille. Mais si dans les intervalles des arbres en plein-vent, plantés à 12 mètres les uns des autres, en tout sens, on a créé des lignes provisoires de pom- miers-paradis ou de groseilliers qui rapportent au bout de deux ans , ou bien si , en attendant le fruit des arbres en plein-vent, on emploie le sol du verger à descullures jardinières, il vaut mieux former la haie par plantation que par semis ; le verger sera fermé deux ans plus tôt. Les haies d’aubépine, de houx et de robinia, soit semées, soit plantées, sont les meilleures de toutes comme haies défensives. L’églantier, qui, lorsqu’il est seul, végète trop inégalement pour former de bonnes haies , produit un bon efl’et lorsqu’on en mêle quelques pieds de dis- tance en distance, parmi les autres essences épineuses. Ces haies doivent être tondues deux fois par an, de manière à les maintenir sous la forme que représente la fig. 287. Cette forme est celle de toutes qui s’accorde le mieux avec

la défense du verger, en occupant le moins de terrain possible. Dans la Belgique wallone et dans le nord-est de la France , on plante beau- coup de haies en cornouiller (cornus saw^’umeà) ; elles ont l’avantage de formeravec le temps une clôture très solide, parce que les tiges se gref- fent naturellement en approche à tous leurs points de contact les unes sur les autres ; mais n’étant point épineuses, elles sont faciles à fran- chir. Les haies de charme ou charmilles, fort en usage autrefois pour enclore les jardins et les vergers, ont le défaut de s’arrêter difficile- ment à la hauteur voulue et d’étendre au loin leurs racines, ce qui fait perdre une trop grande largeur de terrain. Les haies d’arbustes de sim- ple ornement ne sont point en usage autour des vergers ; toutefois, il existe à notre connais- sance, dans la commune de la Valette (Var), un verger enclos par une haie de rosiers du Bengale , régulièrement taillés à la hauteur de 1’", 30. Celte haie longe la grande route sur une étendue de près de lOO mètres, et bien qu’elle soit toute l’année en proie aux dévastations des passants et à celles de plusieurs centaines de mille moutons transhumans, sur le passage desquels elle est malheureusement placée, elle subsiste depuis plus de 30 ans. Cet exem- ple montre les services que lerosier du Bengale peut rendre comme clôture dans nos départe- ments du midi.

§VII[.— Frais.

Nous ne pouvons, à moins de multiplier les calculs à l’infini , donner des indications pré- cises que pour une localité spéciale ; nous choi- sissons les conditions ordinaires de la culture des arbres à fruit dans l’un des départements qui avoisinent Paris ; chacun pourra comparer nos chiffres, dont nous garantissons l’exacti- tude, avec ce qui existe dans chaque localité. Nous nous proposons principalement de faire comprendre, par ces chiffres, aux propriétaires placés à portée de Paris ou d’une grande ville, quels avantages ils peuvent obtenir d’une bran- che de culture aujourd’hui trop négligée ; nous voulons leur faire toucher au doigt ces avan- tages, autant dans leur propre intérêt que dans celui du public. Nous considérons à part les frais et produits des vergers d’arbres à fruits à pépins ; nous répétons les calculs analogues pour les vergers d’arbres à fruits à noyaux.

A. Frais d’établissement d’un verger d’arbres

à fruits à pépins.

Lorsque le sol est très fertile et de nature a faire présumer que les arbres y prendront un