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titre iii.
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TAILLE ET CONDUITE DES ARBRES FRUITIERS.


de bonne heure, et au nord-ouest s’il veut prolonger sa jouissance. La conduite du prunier en espalier diffère peu de celle de l’abricotier ; seulement, les branches à fruit étant en grand nombre sur le prunier en espalier, et constituant presqu’à elles seules les productions fruitières, on peut sans inconvénient multiplier les membres plus que dans l’espalier d’abricotier, et laisser conséquemment un peu moins d’intervalle entre elles. La fig. 263 montre la forme la plus convenable sous laquelle le prunier puisse être conduit en espalier ; c’est une forme en éventail un peu serré ; on peut laisser prendre aux membres AA une longueur indéfinie, pourvu qu’on maintienne l’égalité de végétation entre les deux côtés qui se correspondent. Les bouquets du pêcher sont, comme nous l’avons vu, terminés par un œil à bois qui ne donne que des feuilles et ne se prolonge pas ; les bouquets du prunier, bien qu’ils offrent exactement la même disposition, et que leur œil à bois terminal ne s’ouvre d’abord qu’en feuilles, durent néanmoins plusieurs années, pendant lesquelles ils deviennent successivement des brindilles, puis des branches, qu’il est nécessaire de rabattre sur un œil à bois. Les productions fruitières du prunier sont fertiles comme celles de l’abricotier pendant six ou huit ans ; on pourvoit à leur remplacement dès que leur fertilité diminue. Toute petite branche ou brindille B placée sur le devant d’une branche principale de l’espalier peut être convertie en un bouquet ; il suffit pour cela de la rabattre très court ; on la traite ensuite comme les autres bouquets formés naturellement.

Fig. 263.

Le prunier se prête également bien à prendre à l’espalier la forme en palmette à tige simple (voir Pêcher, fig. 245), et en plein-vent la forme en quenouille ou pyramide (voir Poirier, fig. 278). Ces dernières formes sont celles sous lesquelles on conduit les pruniers nains élevés dans des pots et forcés dans la serre pour figurer au dessert à l’époque de la maturité des fruits, qui ne perdent rien de leur volume ni de leur qualité, quelque petits que soient les arbres qui les portent. Il n’est point d’amateur ayant une serre qui ne puisse, avec quelques soins, et presque sans dépense, donner cet ornement à ses desserts.

Section V. — Taille et conduite du cerisier.
§ 1er. — Végétation naturelle.

Le cerisier a encore moins besoin que le prunier d’être taillé. La taille, sur quelque arbre qu’on opère, a pour but de donner au sujet une forme convenable et de provoquer sa mise à fruit. Le cerisier se met à fruit de lui-même, et prend naturellement la forme qui convient le mieux à son mode de végétation ; comme il est encore plus sujet à la gomme que l’abricotier et le prunier, il craint le fer comme ces deux arbres, et ne doit être privé de ses grosses branches qu’en cas d’absolue nécessité. Lorsqu’on relève en plein-vent, une fois que sa tête est commencée sur quatre bonnes branches, il n’y a plus à s’en occuper ; toute branche morte ou endommagée peut être remplacée par le développement des yeux qui ne manquent jamais de percer l’écorce, quel que soit l’âge du bois.

§ II. — Cerisier en espalier.

Les cerisiers d’espèces précoces se plantent avec avantage à l’espalier ; ils y sont dune fertilité prodigieuse ; leur produit n’est guère moins lucratif que celui d’un bon espalier de pêcher ou d’abricotier. Rien n’est plus agréable à conduire qu’un espalier de cerisiers ; ces arbres sont d’une docilité parfaite : leurs jets, longs et souples, peuvent être palisses très près les uns des autres, de sorte que le mur est parfaitement couvert en très peu de temps ; on n’a point à craindre, comme pour le pêcher, que les branches palissées dans une situation verticale s’emportent aux dépens du reste de l’arbre ; rien ne s’oppose à ce que le cerisier en espalier soit conduit avec la plus régulière symétrie. Les yeux à fleurs du cerisier mettent trois ans à se former ; mais une fois la mise à fruit bien établie, ils se succèdent sans interruption, et donnent tous les ans. Les productions fruitières du cerisier sont des lambourdes (fig. 264), dont la taille prévient le prolongement excessif ; on en provoque le remplacement avant qu’elles soient épuisées. Les cerisiers nains, greffés sur mahaleb, cultivés en pots, se conduisent d’ordinaire en quenouille ; cette forme n’offre d’autre avantage que celui détenir peu de place sur la table où ces cerisiers sont destinés à figurer au dessert avec leurs fruits mûrs ; le cerisier ne se plaît pas sous cette forme, trop contraire à sa libre végétation.

Section VI. — Taille et conduite du poirier.
§ 1er. — Végétation naturelle.

Les arbres à fruits à pépins, moins capricieux que les arbres fruitiers à noyau, quant à la régularité des récoltes, sont beaucoup plus lents à se mettre à fruit ; livrés à eux-mêmes, ils s’y mettraient fort tard ou même ils ne s’y mettraient pas du tout ; les bons fruits à pépins sont, plus que tous les autres, des conquêtes de l’industrie humaine, conquêtes que l’homme ne peut conserver qu’à force de soins. Le poirier