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liv. v.
AGRICULTURE FORESTIÈRE : ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS.


plusieurs insectes, qui le maltraitent et quelquefois causent sa mort.

L’Orme tortillard, que l’on considère comme une variété de l’orme commun, quoique ses caractères distinctifs se conservent par le semis de ses graines, est un des arbres les plus précieux de l’Europe pour le charronnage. Son bois se vend 3 ou 4 fois plus cher que celui de l’autre, de sorte que les propriétaires auraient le plus grand avantage à le cultiver en grand, comme à Varèdes, près de Meaux, et dans quelques autres parties de la France.

L’orme, multiplié par ses graines, a produit un grand nombre de variétés distinctes par la forme et la grandeur des feuilles, et elles ont reçu différentes destinations comme arbres d’ornement. On peut, dit Duhamel, faire de superbes avenues avec l’Orme à larges feuilles, des lisières admirables avec celui à petites feuilles ou Orme pyramidal, des belles palissades, des boules en forme d’orangers, et des tapis ou massifs sous les grands arbres, dans les quinconces, avec l’Orme à très-petites feulles.

L’Orme fongueux (U. suberosa, Wild.) a été long-temps confondu avec l’orme commun. Il en diffère par les jeunes rameaux qui sont toujours couverts d’excroissances de la nature du liège. Ses fleurs n’ont que quatre étamines, et ses fruits sont glabres. Son bois est employé aux mêmes usages que celui de l’orme commun.

Fig. 52.

L’Orme pédonculé (U. pedunculata, Foug.) (fig. 52) est un bel arbre très-élevé qui mérite d’être propagé dans nos forêts. On le croit originaire de Russie ; il est actuellement très-commun sur les routes de Villers-Cotterets à Paris et Crépy. On le distingue des autres par ses fleurs pédonculées et ses fruits ciliés sur les bords. Ses premières feuilles paraissent 15 jours avant celles de l’orme commun.

L’orme se plaît assez dans tous les terrains ; il préfère cependant un composé de terre végétale, de sable et de petites pierres, et un peu frais : il ne réussit pas dans les lieux aquatiques ou dans les sables mouvans et stériles. On le multiplie par le semis de ses graines, par rejetons, par marcottes, par boutures et par greffes ; mais les semis donnent les arbres les plus vigoureux. La meilleure graine est celle qu’on recueille sous les plus beaux ormes, aussitôt qu’elle est tombée. Lorsqu’on la sème de suite, elle lève au bout de 15 jours ou 3 semaines ; si on attend au printemps suivant, elle reste 8 jours de plus à lever. Il faut avoir soin de sarcler les semis et les débarrasser des mauvaises herbes. On les recèpe à la 4e ou 5e année.

Jaume Saint-Hilaire.

Fig. 53.

20. ROBINIER (lat. Robinia) (fig. 53). — Il y a environ 230 ans que le Robinier faux-acacia (R. pseudo-acacia. Lin.) a été introduit en France, où il est parfaitement acclimaté. Il appartient à la famille des Légumineuses, et il est le type d’un genre nombreux en espèces, dont plusieurs sont cultivées dans les jardins d’agrément. Le robinier faux-acacia est lui-même un des plus beaux arbres qu’on puisse employer pour l’ornement des parcs et des jardins paysagers, et les bonnes qualités de son bois le rendent recommandable comme arbre forestier. Il s’élève à 60 ou 80 pi. de haut, sur un tronc qui peut en acquérir 8 à 12 de circonférence dans sa partie inférieure. Ses rameaux sont armés de fortes épines ; ses feuilles sont alternes, ailées, composées de 15 à 25 folioles ovales, d’un vert très-agréable. Les fleurs, qui paraissent en juin, sont papilionacées, blanches, d’une odeur suave, et disposées en belles grappes pendantes ; il leur succède des gousses aplaties, renfermant plusieurs graines en forme de rein, et un peu comprimées.

Le faux-acacia se multiplie de graines et de drageons qui poussent autour des arbres d’un certain âge ; mais les semis donnant dès la 1re année des jets de 5 à 6 pieds de hauteur, ce dernier moyen démultiplication est presque le seul généralement employé, parce qu’il est plus prompt et plus facile. Les graines se sèment, à la fin de l’hiver ou au commencement du printemps, dans une terre