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chap. 2e.
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ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS INDIGENES.


de terrain, entrecoupés de rochers et plantés de micocouliers, fournissent, tous les ans, près de cinq mille douzaines de fourches, et produisent un revenu d’environ 25,000 fr. par an. Dans le nord de la France, ainsi que dans le centre, on ne cultive pourtant le micocoulier que comme arbre d’ornement ; il serait du plus grand intérêt de le répandre dans les forêts. Il présente tant d’avantages, que peu d’arbres peuvent rivaliser avec lui ; il a même le mérite d’être à l’abri des attaques de plusieurs insectes qui rongent l’orme, le chêne, etc.

Fig. 50.

Cet arbre croît dans presque tous les terrains ; il préfère ceux qui sont légers, frais et de bonne qualité. Aux environs de Grasse, j’en ai vu un bois de la plus grande hauteur, au milieu de rochers et de 15 à 20 pieds d’élévation. On le multiplie de greffe, de drageons enracinés et de graines qui ne lèvent souvent que la seconde année. Au nord de la France, les jeunes arbres sont sensibles à la gelée ; il faut les abriter en les entourant de paille jusqu’à ce qu’ils aient atteint une hauteur de 5 à 6 pieds : ils peuvent alors résister aux plus fortes gelées. Dambourney a obtenu une belle couleur jaune-chamois de deux onces de son écorce bouillie dans l’eau pendant une heure.

Les feuilles du micocoulier conviennent aux bestiaux, surtout aux chèvres. Ses fruits sont d’un goût agréable ; quoique peu nourrissans, les enfans les recherchent. Soumis à la presse, ils donnent une huile dont la saveur rappelle celle de l’huile d’amandes douces : cette huile, brûlée dans les lampes, produit une flamme très-claire.

18. NOISETIER (lat. Corylus ; angl. Hazel ; all. Haselstrauch ; ital. Nocciuolo.) — Le Noisetier commun ou Coudrier (C. avellana, Lin.) (fig. 51) est un grand arbrisseau qui croît naturellement dans les taillis et dans les haies de l’Europe. Il est peu propre à être cultivé dans les forêts, mais on l’élève en pépinière et dans les jardins ; il n’est jamais assez gros pour qu’on en puisse faire des ouvrages de quelque importance. Son bois est tendre, souple, d’un blanc-roux, d’un grain assez égal, mais il ne prend pas un assez beau poli ; il pèse par pied cube 49 livres. On en fait des cerceaux, des claies, des harts, des échalas, des étuis, des pieux et différens ouvrages de vannerie. Son charbon est très-léger et propre à la fabrication de la poudre à canon. On coupe les taillis de coudrier tous les 10 à 15 ans ; il ne dure guère que 40 à 50 ans, mais il repousse du pied avec une grande force. Les noisettes ont un goût généralement agréable, mais qui varie suivant les variétés que l’on cultive et dont on connaît un assez grand nombre : on en retire une huile douce, béchique, anodine et qui rancit difficilement.

Fig. 51.

Le noisetier est peu délicat sur la nature du terrain, il préfère cependant ceux qui sont légers et frais ; il supporte également le froid et le chaud. On le multiplie de graines et surtout par marcottes et par ses drageons : il est à propos d’en mettre dans les remises, parce que le gibier recherche ses fruits. On le propage le plus souvent en le greffant par approche, c’est la seule greffe qui ne manque jamais ; elle se fait an commencement du printemps, et il faut attendre la seconde année pour séparer le sujet de l’arbre qui est greffé, afin que la réussite soit complète et bien assurée.

19. ORME (lat. Ulmus ; ang. Elm ; all. Ulme, Ruster ; ital. Olmo). — L’Orme commun (U. campestris, Lin.) a une tige haute de 60 à 70 pieds ; elle acquiert quelquefois une circonférence de 12 à 15 pieds. Le bois en est jaune, marbré de couleurs brunes ou jaunâtres, dur, pesant, susceptible d’un beau poli. C’est le meilleur de nos bois indigènes pour le charronnage ; il sert, de préférence à tout autre, pour les moyeux, les jantes, les entretoises et les essieux de l’artillerie. Le pied cube sec pèse 48 ½ livres ; on en fait des tuyaux pour la conduite des eaux, des corps de pompes et autres ouvrages destinés à rester sous l’eau ou dans la terre, et qui durent très-long-temps. Après le chêne, c’est le bois de construction le plus durable. Dans le Nord, on fait des nattes avec la seconde écorce, qui est presque aussi souple que celle du tilleul, et on en fabrique des cordes à puits : les feuilles servent à la nourriture des vaches, des chèvres et des moutons. Cet arbre est souvent attaqué par