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Livre Sixième.

ECONOMIE PUBLIQUE DE L’AGRICULTURE, ET LÉGISLATION RURALE.

PREMIÈRE PARTIE. — économie publique de l’agriculture.


dispositions générales.

L’économie publique est la science qui a pour but de rechercher les sources de la richesse nationale et les lois suivant lesquelles elle se distribue et se propage. L’économie publique s’occupe des diverses branches de la richesse nationale, et en particulier, de l’industrie agricole, qui a pour objet de recueillir directement des mains de la nature les choses propres à satisfaire nos besoins.

Dans le travail que nous entreprenons, nous nous bornerons à indiquer les sources principales de la richesse nationale et les moyens de la propager ; nous rechercherons quels sont les devoirs de l’autorité envers le pays et des producteurs agricoles vis-à-vis le gouvernement et à l’égard de leurs concitoyens ; nous examinerons par quelles mesures l’autorité doit encourager l’industrie agricole, el le concours qu’elle doit attendre des agriculteurs pour déelopper le phénomène de la production : car, si les devoirs d’un gouvernement envers l’agriculture sont multipliés et étendus, de leur côté les agricultetirs ne doivent jamais perdre de vue que leur fortune et la richesse du pays dépendent presque exclusivement de leurs efforts et de intelligence qu’ils développent dans l’étude raisonnée de leurs moyens de production. En général, en France, et surtout dans nos campagnes, on tourne presque constamment les yeux vers le gouvernement, comme vers la seule source de la prospérité. On le rend trop souvent responsable des malheurs publics, ou des fautes résultant de l’inhabileté ou de l’ignorance des producteurs. Nous ne nions point que l’influence d’un gouvernement éclairé sur la prospérité de l’agriculture ne puisse être considérable, mais son action ne peut que guider et soutenir les efforts des agriculteurs, et c’est en définitive sur leur éneigie seulement et sur leur intelligence qu’ils doivent compter comme sur les seules sources réellement fertiles de la richesse agricole. Chaque industrie a ses ressources intérieures et extérieures ; c’est en les étudiant avec soin qu’on peut espérer de faire parvenir chacune d’elles à son plus haut degré de perfection. Mais cette étude est complexe : elle exige les efforts simultanés des producteurs et de l’administration. C’est en faisant pénétrer parmi les agriculteurs les vrais principes de l’économie ; c’est en familiarisant les administrateurs, depuis les plus hauts fonctionnaires jusqu’aux simples conseillers municipaux, avec les lois de la production, que l’on peut espérer obtenir cette harmonie, ce concours simultané de tous les efforts et de toutes les volontés vers un but commun, à savoir : que chaque partie du tout prospère de la manière la plus avantageuse d’après des principes reconnus et sanctionnés par l’expérience. Ce sont ces éléments de prospérité dont nous allons tâcher de poser les bases dans l’essai que nous entreprenons.


CHAPITRE PREMIER. — de la richesse agricole et de ses sources.

Le mot richesse, dans sa signification la plus étendue, désigne les biens que nous possédons, et qui peuvent servir à la satisfaction de nos besoins el même de nos goûts ; mais la science économique ne s’occupe que des biens qui sont susceptibles d’une possession réelle ou qui ont une valeur reconnue. Sans entrer plus avant dans des détails qui pourraient paraître abstraits à ceux qui ne sont pas familiarisés avec le vocabulaire de cette science, nous nous contenterons de remarquer que la nation chez qui les produits destinés a satisfaire les besoins sont le plus abondans par rapport à la population, et où les produits se distribuent le mieux en proportion de la part que chacun a prise à la production, est la plus riche, puisque c’est elle où les habilans sont le mieux partagés et jouissent de plus d’aisance.

La quantité plus ou moins grande d’argent ou de monnaie qui circule dans une nation ne peut servir a mesurer sa richesse. La monnaie n’est pas une richesse en elle-même, puisqu’elle ne peut servir directement à la satisfaction d’aucun de nos besoins ; son utilité seule, comme agent ou moyen d’échange, lui donne de la valeur. La monnaie, en effet, n’a d’autre mission à remplir dans le phénomène de la production que de servir d’instrument aux échanges, ou, en d’autres termes, de les faciliter. On échange d’abord le produit qu’on a créé contre de la monnaie, puis ensuite la monnaie contre le produit qu’on veut consommer.

L’activité dans la circulation des monnaies équivaut à une plus grande quantité ; de même que des voitures constamment employées équivalent à un plus grand nombre

agriculture.
tome IV.— 27