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Dans le choix du terrain , il faut nécessairement avoir égard aux habitudes propres à chaque espèce de végétal. Toutefois, comme le but qu’on se propose avant tout, est, d’une part, de faciliter la formation et l’extension des jeunes racines, et de l’autre, tant qu’elles ne sont pas encore développées, de maintenir la vie dans la bouture en l’empêchant de se dessécher faute d’eau ou par suite d’une trop grande évaporation, on doit, dans tous les cas, choisir un sol léger, un peu humide, à une exposition ombragée et abritée des vents desséchans. — Une autre considération, moins générale peut-être, mais néanmoins d’un grand intérêt, c’est que , toutes choses égales d’ailleurs, beaucoup de boutures qui manqueraient dans les localités cultivées depuis long-temps en pépinières, réussissent fort bien dans une terre neuve et renouvelée par des cultures d’un autre genre.

Préparation des boutures. On fait des boutures avec des bourgeons, c’est-à-dire du bois d’une seule année de végétation ; avec des rameaux ou du bois de deux ans ; enfin avec des branches de différens âges et de différentes grosseurs. La seconde et la troisième méthode sont préférables pour les végétaux ligneux de nos contrées.

Les boutures de rameaux s’effectuent de trois manières principales. — Elles sont simples, — à talon, — ou eh crossette.

Les boutures simples (fig. 6) sont des fragmens de rameaux de 2 à 3 décim. (8 à 10 p.) dépouillés de toutes les ramilles latérales et coupés obliquement par le gros bout.

Les boutures à talon (fig. 7) diffèrent de ces dernières, parce que, au lieu de couper le rameau sur lui-même, on laisse à sa base une partie de l’empâtement qui l’unissait à la branche, en l’éclatant avec précaution.

Dans les boutures à crossette (fig. 8), le talon est remplacé par un crochet de vieux bois de quelques centimètres (1 ou 2 p.) de long.

Les boutures simples et à talon sont le plus fréquemment employées par les pépiniéristes. — La seconde sorte offre plus de chances de succès que la première, mais elle peut avoir d’assez graves inconvéniens pour la vie des mères, en occasionant sur les branches

principales une foule de plaies irrégulières qui deviennent souvent cancéreuses.— Dans plusieurs jardins, afin d’éviter cet inconvénient on recèpe des arbres d’un certain âge de manière à les transformer en cépées, qu’on rabat ensuite périodiquement comme les taillis et qui fournissent une immense quantité de rameaux. — Les boutures en crossette se pratiquent avantageusement non seulement sur la plupart des végétaux sarmenteux et notamment les vignes, mais encore, dans le midi, sur le figuier et l’olivier.

Parmi les boutures de branches, les plus employées à la multiplication des arbres utiles sont celles en ramées et en plançons.

Les boutures en ramées sont de jeunes branches (fig. 9) garnies de tous les rameaux auxquels elles ont donné naissance. — Après les avoir couchées horizontalement dans une fosse peu profonde, on les recouvre de terre de manière que les sommités des tiges dépassent le niveau du sol de plusieurs yeux, et on les rabat sur les deux ou trois premiers. — On emploie ces sortes de ramées pour former des mères d’olivier qui donnent, pendant un grand nombre d’années, beaucoup de jeunes plants francs de pied et tout disposés à se mettre promptement à fruit. — On peut les utiliser sur le tilleul , le platane, l’osier et divers autres arbres.

Les boutures en plançons ne sont autre chose que des branches de 2 à 3 et 4 mètres (6 à 9 et 12 pieds) et plus, qui se façonnent de deux manières : — tantôt on les étête par le sommet et on supprime tous les rameaux latéraux ; — tantôt on laisse ceux de la sommité pour former la tête du nouvel arbre. — Dans l’un ou l’autre cas on amincit triangulairement la partie qui doit être fixée en terre. — 11 est des localités où l’on ne connaît pas d’autres moyens pour multiplier en place la plupart des peupliers et des saules.

Lorsque les arbres sont d’une reprise difficile, il est nécessaire de provoquer la formation d’un bourrelet par l’un des moyens que j’ai déjà indiqués pour les marcottes, fig. 5. — Le plus simple est de ligaturer la branche, vers le commencement de l’été, avec un fil de fer de manière à arrêter en partie la sève descendante au point où l’on désire obtenir des racines.

Plantation des boutures. Les boutures simples et à talon se mettent en terre au plantoir ou en des tranchées parallèles, dans lesquelles on les place à des distances et des profondeurs proportionnées à leur volume ; puis on remplit ensuite successivement chacune de ces tranchées avec la terre extraite de la tranchée suivante, de manière à laisser aux boutures deux ou trois yeux au moins à l’air libre.

Les crossettes, ainsi que les ramées, se