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liv. iv.
Arts agricoles : éducation des abeilles.


fermée dans des sacs dans un second bain d’eau, mais qui ne contient qu’une moindre quantité de savon ; 3o l’azurage, qui consiste à donner à la soie un léger reflet agréable au moyen du rocou ou de l’indigo.

Lorsque la soie décreusée doit être blanchie, soit parce qu’on la destine à confectionner des tissus qui doivent être blancs, soit parce qu’on veut la teindre en couleurs claires, brillantes et aussi pures que possible, on l’expose, dans un soufroir, à l’action de l’acide sulfureux humide. Enfin, les soies ainsi préparées sont mises en œuvre par le fabricant d’étoffes, ou envoyées au teinturier pour recevoir les couleurs dont les nuances peuvent varier à l’infini.



Chapitre VIII. — Éducation des abeilles.


[8.1]

Section Ire. — Histoire naturelle des abeilles.

[8.1.1]

§ Ier. — Espèces, variétés.

De tous les insectes connus jusqu’à ce jour, l’abeille est sans contredit le plus utile à l’homme par le miel et la cire qu’elle lui fournit. Aussi s’en est-il occupé de temps immémorial et a-t-il étudié avec beaucoup de soin son histoire pour la bien cultiver et pour rechercher les moyens d’en obtenir d’abondantes récoltes. Nous allons entrer ici dans les détails nécessaires pour soigner avec avantage ces insectes précieux dans tous les départemens de la France.

Il y a beaucoup d’espèces d’abeilles, mais il n’y en a qu’une indigène des parties tempérées de l’Europe qui soit cultivée. On la nomme simplement abeille et mouche à miel (Apis mellifica, Lin., Fab. ). On en connaît quatre variétés dont celle nommée petite hollandaise a obtenu la préférence dans la culture, parce qu’elle est plus active, plus douce et plus facile à apprivoiser.

[8.1.2]

§ II. — Famille ou essaims d’abeilles.

Un essaim contient 1o une mère ou reine ; 2o plusieurs milliers d’abeilles neutres ou ouvrières ; 3o quelques centaines de mâles. L’abeille étant un insecte généralement connu, il est inutile de le décrire, et il suffira ici de faire connaître les formes et les couleurs qui distinguent les mères, les ouvrières et les mâles.

L’abeille ouvrière (fig. 153) est petite, et sa taille varie suivant la grandeur de l’alvéole dans laquelle elle a été élevée. Sa couleur est d’un roux brunâtre. Sa trompe est longue. Ses pattes ont des brosses, et les deux de derrière, plus longues que les autres, ont une palette ou petite cavité. Enfin, son aiguillon est droit et a 6 dentelures.

La mère abeille (fig. 154), un peu plus grande et plus grosse que l’ouvrière, s’en distingue au premier coup-d’œil par son ventre ou abdomen beaucoup plus alongé quand elle est pleine, ce qui est son état ordinaire. Elle est plus rousse, mais ses pattes, plus longues, sont d’une couleur plus claire et dénuées de brosses et de palettes. Elle a deux ovaires, organes qui sont avortés dans l’ouvrière. Enfin son aiguillon est plus long, recourbé vers le haut, et il n’a que 4 dentelures.

Le mâle (fig. 155), moins long que la mère, a le corps plus gros, plus aplati que l’ouvrière et d’une couleur noirâtre. Ses mâchoires et sa trompe sont plus petites ; ses pattes n’ont ni brosses, ni palettes, et il n’a pas d’aiguillon. Son abdomen est, en grande partie, rempli par les organes de la génération qui se retournent et s’élèvent en sortant, et dans cet état ressemblent un peu à une tête de chèvre avec ses cornes. Le grand bruit qu’il fait en volant lui a fait donner le nom de faux bourdon.

[8.1.3]

§ III. — Mœurs et gouvernement des abeilles.

L’abeille a un caractère fort doux et elle est rarement l’agresseur dans les combats qu’elle livre. Très-active et uniquement occupée de ses travaux, elle se contente d’être sur la défensive et d’avoir à l’entrée de l’habitation une garde qui veille à la sûreté de la famille, et qui la prévient du danger si elle craint une attaque. Dans ce cas les abeilles sortent en foule et ne craignent de combattre ni l’homme ni les animaux les plus redoutables, et de les poursuivre à une certaine distance. La crainte de la mort ne les arrête pas, quoiqu’il en périsse souvent un grand nombre dans ces attaques, parce qu’elles laissent ordinairement leur aiguillon dans la plaie qu’elles ont faite, et perdent leur gros intestin qui tient fortement à cet aiguillon. Cependant il est des circonstances où elles prennent l’offensive ; ainsi, quelques heures avant l’orage, la moindre chose les irrite, et il est alors dangereux de les approcher, et surtout en faisant du bruit. Le nectar des fleurs du châtaignier les agite également beaucoup. L’odeur des personnes à cheveux rouges et de celles dont les pieds exhalent une forte odeur, les incommode au point que lorsque