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DE LA SOIE 155 Vivarais et en Provence, et qui sert au même usage ; les trames doubles qui, outre leur destination ordinaire, servent encore dans la passementerie et la bonnete- rie ; la trame double (nankin) du bourg de l’Argental (Ardèche),quiestunesoied’unblancsupérieur, employée à la fabrication des blondes. La soie ovale ou avalée réunit plusieurs bouts de soie grége (2 à 12 et quelquefois 16) qui sont faible- ment tordus au moyen d’une petite machine nom- mée ovale. Cette soie sert à faire des lacets, des brod- eries, à coudre des gants et dans la bonneterie. La soie plate est une grége commune assem- blée par 20 à 25 brins et employée pour broder la tapisserie. La grenadine est une grége ouvrée à 2 bouts et très serrée, généralement employée à faire les effilés ou à la fabrication des grosses dentelles des environs du Puy, et du tulle bobin. La plus fine sert à faire les blondes noires. La grenade ou rondelettine est montée à 2 bouts très tordus ; elle s’emploie dans la passementerie et la fabrication des boutons ; il en est de même de la demi-grenade ou rondelette pour la fabrication de laquelle on emploie communément les doupions. La soie ondée dont on se sert pour nouveautés est montéeà2boutsdontl’unestgrosetl’autrefin. Le gros bout reçoit un premier apprêt à droite ou à gauche à volonté ; le bout fin est avec ou sans apprêt, en observant, lorsqu’il y a de l’apprêt, que ce soit en sensinversedeceluidugrosbout.Ces2boutssont ensuite doublés pour recevoir le 2e apprêt toujours ensensinversedeceluidugrosbout.C’estaussi par des procédés particuliers qu’on apprête en crèpe la soie grége ou cuite ou teinte en couleur, ou avec brin cuit et brin cru, pour la fabrication de l’étoffe de ce nom ; et en marabouts pour la fabrication des rubans de gaze. Les soies grèges et ouvrées sont soumises dans le commerce à un mode particulier de pliage, qui n’est pas toujours le même pour les diverses espèces et pour celles des diverses provenances. Générale- ment ces soies sont réunies en matteaux composés de 4, 5, 6, 7 ou 8 flottes, échets ou écheveaux, tordus et pliés de façon qu’ils ne se dérangent pas. On assem- ble quelquefois un certain nombre de ces matteaux pour former des masses, et c’est avec ces masses ou ces matteaux qu’on compose des balles qu’on recouvre de toile et dont le poids est très variable. Parexemple,lessoiesgrègesfinesdeFrancesont pliées en matteaux de 490 à 595 millimètres, pesant 90 à 100 grammes, réunis en masses de 1 à 10 et emballés en toile fine écrue recouverte de toile com- mune, les balles pesant de 60 à 75 kilog. L’organsin du pays est plié en matteaux tortillés attachés à un des bouts par un fil de soie, pesant de 60 à 70 gram., et en balles de 75 kilog. environ, etc. 3o Bourre ou filoselle, fantaisie, blanchiment et teinture des soies. Les diverses parties des cocons qui n’ont pu être dévidés, les déchets qu’on fait au dévidage, soit par les bouts baisés ou les mariages, les bourres qui nuisent à l’égalité des soies, etc., ne sont pas rejetés, et dans cette industrie tout trouve un emploi utile et avantageux. Toute l’enveloppe grossière qui entoure le cocon etquiestconnuesouslenomdefiloselle,bourrede soie, fleuret, bave, etc., les cocons tachés ou gâtés par une cause quelconque, et qui forment ordinaire- ment une matière dure, sèche, tenace et cassante, sont jetés dans l’eau ou on les laisse macérer pour dissoudre la plus grande partie de la matière gom- meuse dont ils sont imprégnés. On les soumet ensuite à la presse pour en faire sortir le plus d’eau gommée possible, on remet dans de nouvelle eau, et c’est en répétant ces opérations qu’on parvient à dégommer complètement. Alors on exprime l’eau à la presse, ou fait sécher, on bat fortement, on enduit légèrement d’huile et on carde. C’est en travaillant ainsi cette bourre à plusieurs reprises qu’on la met en état d’être filée, tissée ou tricotée. On file la bourre, soit au rouet et à la quenouille, soit au fuseau comme le chanvre et le lin, soit par machine, comme la laine et le coton. Dans cet état celle qui est cardée et filée à 1, 2 ou 3 tirages, ou montée à 2 bouts pour chaîne ou trame par des machines,prendlenomdefantaisiefineetsertàla bonneterie, à la fabrication des châles de Lyon dits de bourre de soie, et à celle d’un assez grand nombre de belles étoffes. Celle qui est filée à la main s’ap- pellefantaisiecommuneetsert,àNîmes,àlapasse- menterie, à la fabrication des bas, à la tapisserie, etc.Onconnaîtaussi,souslenomdefleuretmonté, des déchets de soie écrue, cardés et montés très retors dans les environs de Lyon, où ils forment ce qu’on appelle des galettes qui servent à la passemen- terie et à former la chaîne des galons d’or et d’ar- gent. Les déchets de cardes, battus et cardés de nou- veau, sont transformés en ouate de soie. On mélange quelquefois la bourre ou la soie avec la laine ou le duvet de cachemire, et on les file ensemble. Ce dernier article, qu’on travaille surtout à Lyon, porte le nom de Thibet. Les peaux, ou dernière enveloppe du ver dans le cocon et qui reste dans les bassines sans avoir pu être dévidée, sont traitées de même que la bourre et employées au même usage. On ouvre aussi quelquefois ces peaux et on les découpe avec des instruments appropriés pour la fabrication des fleursartificielles.Lescôtesetfrisons,sortedesoie grossière de plusieurs pieds de longueur que la file- use tire à la main de dessus les cocons jetés dans la bassine avant de trouver la bonne soie, sont, de même que la bourre, cuits, blanchis, cardés et filés, et transformés en fantaisie. La soie ouvrée destinée à faire des tissus raides est simplement blanchie, au moyen de l’acide sul- fureux, dans des soufroirs adaptés à cet objet. Quant à celle qu’on emploie pour la fabrication des tissus moelleux et doux, elle est soumise à une opération particulière pour lui enlever le vernis naturel qui la recouvre et lui donne encore de la raideur. Cette opération, qui se nomme décreusage, consiste prin- cipalement en trois préparations : 1o le dégommage