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là ils vivent encore 2 ou 3 jours sans manger, puis finissent par mourir

146 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS À SOIE LIV. IV. le corps vide, mou et d’un blanc sale ; peu d’heu- res après, ils noircissent et exhalent une odeur très fétide. Cette maladie, quoiqu’elle s’offre dans les 5 1ers âges, fait ses plus grands ravages dans le 4e et au commencement du 5e. Elle n’admet aucun moyen de guérison. B. Grosserie, jaunisse (giallume, itterizia, gialdone). La jaunisse se manifeste, au contraire, par l’augmen- tation de volume du corps et la proéminence des anneaux, aux côtés desquels commencent à se montrer quelques stries parallèles, jaunâtres, pâles d’abord, mais très visibles ensuite. La tuméfaction croît souvent au point que la peau se crève spon- tanément en quelques points, ce qui, au reste, arrive au moindre attouchement, et qu’il en découle une humeur jaunâtre, la plupart du temps dense et opaque. Les vers atteints, qu’on connaît sous le nom de vâches, gras, jaunes, etc., ne cessent pas de manger, si ce n’est dans les dernières périodes du mal. La jaunisse se montre quelquefois au 2e âge, mais elle est plus commune au 5e et surtout dans les derniers jours, quand apparaissent les premiers signes de la maturité. On croit que la jaunisse a pour origine une sai- son pluvieuse, de grandes variations atmosphéri- ques, un abaissement prolongé de la température, qui troublent les fonctions vitales et la digestion. Aucun moyen n’est encore connu pour guérir la grasserie, même dans les 1ers symptômes. L’animal atteint périt la plupart du temps, et son cadavre ne tarde pas à manifester les caractères de la gangrène. Dans le département de Vaucluse, pour en garantir les vers, on les saupoudre, dit-on, avec de la chaux vive en poudre, au moyen d’un tamis de soie, puis on leur jette ensuite des feuilles arrosées de quelques gouttes de vin. C. Apoplexie, mort subite (apoplessia, suf-foca- mento). Cette maladie, qui se développe surtout vers la fin du 5e âge, est précédée de la perte de l’appétit et d’une évacuation de toutes ou presque toutes les- matières ingérées dans l’estomac. Les vers attaqués, dont on ne peut soupçonner l’état maladif, meurent tout à coup, et comme frappés de la foudre. Ils rest- ent immobiles, avec toute leur fraîcheur, dans l’at- titude qu’ils avaient sur la claie au moment où ils ont été suffoqués, ce qui a donné lieu aux noms dif- férents sous lesquels on les désigne morts-plats, morts- blancs, tripes ou tripés. La gangrène succède prompte- ment à la mort. On croit que l’apoplexie, dont on ignore l’origine, se montre plus fréquemment dans les années où la saison est très variable et la nourri- ture de mauvaise qualité. La gangrène, quelle que soit son origine, fait périr non seulement le ver, mais détériore encore le cocon de ceux qui sont parvenus à filer et à se changer en chrysalide. On reconnaît ces cocons à leur odeur, à leur légèreté et à l’état d’imperfection où ils sont ; l’animal, vaincu par le mal, cesse de filer avant d’avoir terminé son travail. Ces cocons, désignéssouslenomdechiquettesoufalloupes,four- nissent une petite quantité de soie, de couleur pâle et terne, et d’une odeur peu agréable. Les vers atteints par la gangrène ou la grasse- rie parviennent quelquefois à se transformer en papillons, mais ceux-ci sont souvent privés d’ailes et impropres à la génération. Le duvet qui recou- vre leur peau est de couleur sombre et sale, et cette peau, parfois dénudée de son duvet, est brune et terne. Telle est souvent l’apparence des phalènes qui sortent des chiquettes et des fallounes. Quelquefois la chrysalide, au lieu de se résoudre en une humeur noire qui tache le cocon, se dessèche au point qu’il n’en reste plus que l’envel- oppe adhérente à l’intérieur du cocon. C’est, sans doute, une autre espèce de gangrène qu’on pour- rait désigner sous le nom de gangrène sèche, pour la distinguer de l’autre, qui est la gangrène humide. 4° Marasme, vers-courts, harpians, harpions, passés ou passis (ricciorte). Cette maladie est propre aux derni- ers jours du 5e âge. Elle paraît être due aux mêmes causes que la gangrène, et c’est, comme dans celle-ci, un changement substantiel de l’humeur de la soie ; mais le cadavre dans celle-ci ne noircit pas et ne tombe pas en sphacèle. Le ver malade est court, ridé, engourdi, paresseux, d’une couleur brunâtre et montrant déjà les linéaments de la future chry- salide. Cette maladie a divers degrés d’intensité, et tous les vers ne meurent pas sans filer. Ceux surtout qu’on place dans des cornets de papiers filent un cocon d’une assez bonne qualité. 5° Hydropisie, luzette, luisette, clairette (idropisia, lusa- rola, scoppiarola). Une locomotion lente, peu d’ap- pétit, le corps enflé, surtout la tête, la peau très luisante et presque diaphane, ce qui a fait don- ner à ceux attaqués le nom de vers-clairs, sont les symptômes de cette maladie qui a le plus communé- ment pour cause l’exposition des vers à un excès d’humidité atmosphérique, leur alimentation avec des feuilles trop aqueuses ou humides, couvertes d’eau de pluie ou de rosée, mal séchées après le lav- age, etc. On a cherché à guérir l’hydropisie qui se développe ordinairement depuis l’avant-dernière mue jusqu’à la montée sur les rameaux, par des fumigations aromatiques de vinaigre, de styrax ou de romarin, ou en aspergeant les feuilles de mûrier avec un vin généreux ; mais ces remèdes sont peu efficaces, et le meilleur moyen, pour ne pas perdre toute la famille, est d’écarter les causes qui produ- isent l’affection ; sans cela, les insectes attaqués ne tardent pas à être frappés de la mort, qui se man- ifeste par l’épanchement d’une grande quantité de sérosité, ce qui a lieu, presque constamment, par la rupture de la peau, surtout près de la tête ou des parties voisines. 6° Diarrhée (flusso, diarrea). Les symptômes de cette maladie sont à peu près les mêmes que ceux de la précédente, mais le gonflement et la diaphanéité sont beaucoup moindres. Outre les causes de l’hy- dropisie qui occasionent la diarrhée, M. le doc- teur Lomeni croit que cette maladie a encore pour origine un embarras gastrique ou intestinal prov- enant,soitdesorganeseux-mêmesquifontmal leurs fonctions, soit de l’insalubrité des aliments : telles seraient des distributions de feuilles affectées

CHAP.7e PRÉPARATIONS