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144 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS À SOIE LIV. IV. nous la plaçons dans une cave où nous la laissons 1 jour ou 2. De là nous la faisons passer dans un des endroits les plus frais de la maison, puis nous l’exposons à la température ambiante, enfin nous la mettons dans l’étuve afin de déterminer son éclo- sion d’une manière aussi simultanée que possible. Peut-être plusieurs de ces précautions sont-elles inu- tiles ? Le reste va tout seul ; les vers de cette 3e édu- cation trouveront vides les différentes places de la magnanerie au fur et à mesure que leur accroisse- ment obligera à leur donner plus d’espace. Aussi rien n’est plus facile que de faire, dans la durée de 3 mois, 3 éducations également productives, et, dans un local où l’on ne pourrait élever naturellement que 300 000 vers à soie, on pourra en avoir succes- sivement jusqu’à 900 000, ce qui, nécessairement, devra tripler les bénéfices. Les inconvénients qu’on a reprochés aux éduca- tions multiples ne sont nullement fondés ; ce n’est que parce qu’on s’y était d’abord mal pris pour les faire qu’elles pouvaient présenter beaucoup de dif- ficultés. Ainsi la méthode proposée par BerTezen, il y a un peu plus de 40 ans, et reproduite dans ces derniers temps par m. moreTTi, professeur d’écon- omie rurale à Pavie, avec une race de vers à 3 récol- tes, était dans ce cas, et nous en avons fait sentir les difficultés presque insurmontables dans les Annales de la Société d’horticulture, t. VII, p. 165 ; mais nous croyons que la nôtre en est tout à fait exempte, et nous regrettons beaucoup que des circonstances indépendantes de notre volonté nous aient empêché de multiplier nos essais sur ce sujet ; mais nous ne pouvons qu’engager les propriétaires qui se trouve- ront à même de continuer nos expériences, de le faire avec courage. Nous croyons pouvoir leur faire espérer des succès et des profits que nous n’avons fait qu’entrevoir. Au reste, nous devons dire, avant de terminer, que pour faire plusieurs éducations de vers-à-soie chaque année, il faut commencer par multiplier ses plantations de mûriers de manière à avoir des arbres différents pour chaque éducation, afin que les mûri- ers ne soient dépouillés de leurs feuilles qu’une fois par an, ainsi que cela se pratique ordinairement. Quant aux moyens de se procurer de la feuille jeune et tendre pour les vers qui éclosent au moment où les bourgeons de mûrier ont déjà une certaine longueur et où la plupart de leurs feuilles se trou- vent trop dures pour des vers qui viennent d’éclore ou qui sont dans les 3 premiers âges, cela est beau- coup moins difficile qu’on ne pourrait le croire. Pen- dant ces 3 premiers âges, les vers ne consomment que peu de feuilles : il ne leur faut, pendant tout ce temps, qu’à peu près la 16e partie de ce qui leur sera nécessaire dans les 2 derniers âges, et ce 16e de nourriture, ou environ 100 liv. de feuilles pour les vers de chaque once de graine, se trouve facile- ment dans les sommités des bourgeons développés depuis la feuillaison des arbres ; il ne s’agit que de le faire choisir par des femmes ou des enfants, en leur faisant prendre seulement les 2 feuilles supérieures pour les vers du 1er âge, ensuite les 3 dernières pour ceux du second, et enfin les 4 dernières lorsque le 3e âge est arrivé ; si ces feuilles se trouvent d’ailleurs un peu grandes, on les fait couper en morceaux plus menus. Parvenus au 4e âge, les vers peuvent manger toute espèce de feuilles. Quant à ce qui reste après en avoir retiré les sommités, et ce reste est toujo- urs le plus considérable, il est donné aux vers de la 1re éducation, qui sont alors dans le 4e et dans le 5e âge. — Le moyen de nourrir les vers de la 3e édu- cation est encore plus facile, parce qu’à l’époque où ils naîtront, les bourgeons de la 2e sève du mûrier commenceront à se développer ; on n’aura qu’à les faire cueillir, ils suffiront de reste à la nourriture de cette 3e éducation pendant tout le temps qu’elle pourra durer. — Une considération importante, à laquelle il ne faut pas manquer d’avoir égard, c’est que, comme les arbres qui auront servi en dernier lieu n’auront pas le temps suffisant pour réparer leurs pertes après la cueillette de leurs feuilles, il sera bon de les laisser reposer l’année suivante ; par conséquent, pour faire 3 éducations chaque année, il faudra avoir des mûriers en assez grande quantité pour que le quart de ces arbres, toujours le dernier dépouillé, puisse se reposer l’année suivante. Avec ces précautions, nous croyons pouvoir garantir le succès de la méthode que nous proposons. LoiseLeur-desLongChamps. seCTion v. — Maladies des vers à soie. Le ver à soie est un animal très robuste, soit par sa nature, soit par la simplicité de son organisation ; mais, réduit à l’état de domesticité, il contracte sou- vent, malgré l’énergie de sa constitution, diverses maladies, qui paraissent entièrement dues au régime hygiénique défectueux qu’on lui fait suivre, et aux erreurs que l’on commet dans la manière de le diriger. Les causes des maladies des vers à soie sont nom- breuses, mais souvent très difficiles à démêler ; néanmoins, les suivantes paraissent, être celles qui exercent le plus d’influence sur sa santé : — Lor- sque le lieu destiné à la naissance des papillons, à leur accouplement et à la ponte, est trop chaud, trop froid ou humide, et que l’endroit où l’on con- serve les œufs et où on les fait éclore est aussi trop humide, et que l’on garde ceux-ci trop entassés ; — Lorsque l’embryon prêt à devenir ver à une température modérée, est exposé tout à coup à des changements brusques de température, et que les vers, après leur naissance, sont soumis subitement à une température plus basse ou plus élevée que celle où ils sont nés ; — Quand l’air de l’atelier est humide et chaud, stagnant, insalubre ; que les vers sont entassés sur les claies et ne peuvent ni man- ger librement, ni respirer un air renouvelé ; que les claies exhalent des miasmes dangereux ; que la litière non renouvelée s’échauffe, entre en fermen- tation, dégage en abondance du gaz acide carbon- ique et des émanations très insalubres ; — Lorsque la