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jaune pâle. Du second au 3e jour le jaune prend une teinte un peu plus foncée ; le 4e, cette couleur passe au gris roussâtre et on commence à aperce-

CHAP.7e SOINS À DONNER AU VERS À SOIE 143 § x. — Éducations multiples. Fig. 142.

voir une petite dépression dans le centre de l’œuf dont la forme générale est lenticulaire. Le 7e jour les œufs sont d’un gris roussâtre plus foncé, et on s’aperçoit, en les regardant à la loupe, qu’ils sont tous tachetés de petits points d’un gris encore plus foncé ; la dépression qui est dans leur centre est plus forte et paraît former une légère cavité ou fossette. Les jours suivants les œufs ne changent plus. Dès- lors les morceaux de linge ou d’étoffe, sur lesquels les œufs ont été pondus, peuvent être pliés et ser- rés pour être conservés jusqu’à l’année suivante et jusqu’au moment où il sera nécessaire de les détacher pour en préparer l’éclosion. La seule pré- caution qu’il y ait à prendre pour leur conservation, c’est de les enfermer dans des tiroirs ou dans une armoire où ils soient à l’abri des souris, et de les placer dans la pièce la plus froide de la maison.

On avait cru jusqu’à ces derniers temps qu’il fal- lait préserver les œufs des vers à soie de la gelée ; mais ils peuvent supporter des froids très violents sans être altérés en aucune manière. Dans l’hiver de 1829 à 1830, qui a été si rigoureux, nous avons laissé pen- dant plusieurs jours de suite des œufs exposés à un froid de 10°, et cela ne les a pas empêchés d’éclore à la fin du mois d’avril suivant, absolument de la même manière que ceux qui avaient été préservés de la gêlée. Pendant le même hiver, m. poumarède, de la Rogne, département du Tarn, a laissé encore plus longtemps des œufs sur une fenêtre au nord, le thermomètre marquant de 10 à 18° au-dessous de 0. Cependant ces œufs ont éclos au printemps suiv- ant, de même que ceux qui avaient été hivernés; seulement leur éclosion n’eut lieu qu’1 ou 2 jours plus tard. Il résulte de ces 2 observations que la graine de vers à soie n’a pas besoin d’être hivernée ; mais, pendant l’été, il est indispensable de la pré- server des grandes chaleurs ; car on nous a rapporté qu’en 1825, de la graine ayant été placée dans une mansarde exposée au midi, et où la chaleur fut pen- dant plusieurs jours de suite de 28 ou 30° et peut- être plus, une bonne partie de cette graine produisit des vers qu’on trouva morts quelque temps après, quand on fut pour examiner dans quel état elle se trouvait. Jusqu’à présent on a mal compris les éducations multiples ; dandoLo dit que les tentatives qu’il a faites à ce sujet lui ont prouvé que ce serait le vrai moyen de détruire les mûriers, et, en conséquence, la race des vers à soie. Ayant fait de nombreuses expériences, qui toutes ont été favorables à l’opin- ion contraire, nous protestons formellement con- tre ce qu’a dit cet auteur recommandable, quoique plusieurs autres, depuis, aient aussi été de son avis. Nous croyons d’ailleurs être le premier qui ayons trouvé un procédé facile de multiplier les éduca- tions et de le faire avec sûreté et avantage. L’ex- périence nous a prouvé qu’ou pouvait faire chaque année 5 récoltes différentes de cocons ; mais les 2 dernières étant plus difficiles et aussi moins produc- tives, nous nous sommes bornés, en dernier lieu, à expliquer comment les 3 premières pouvaient se faire. Obligés d’abréger beaucoup ici ce que nous avons à dire à ce sujet, nous renvoyons les per- sonnes curieuses de plus longs détails, au mémoire intitulé : Mûriers et vers à soie ; chez madame Huzard. Paris, 1832. Pour faire 3 récoltes chaque année, il faut avoir soin de se munir d’une triple provision de graine, dont la 1re n’a besoin d’aucune préparation particulière, étant destinée à éclore à l’époque ordinaire ; mais la 2e et la 3e portion doivent être mises, chacune séparé- ment, dans un bocal bien bouché et même luté avec soin, afin que l’humidité n’y puisse pénétrer ; aus- sitôt que la température de la chambre où la graine a passé l’hiver paraît devoir s’élever au-dessus de 8 à 9 degrés, on place un des bocaux dans une cave, la plus froide qu’on pourra trouver, et le second dans une glacière. La graine du 1er bocal sera destinée à faire la 2e éducation, et les œufs enfermés dans le second serviront à faire la 3e. La 1re éducation étant commencée comme à l’or- dinaire, on retire de la cave les œufs qui doivent servira faire la seconde, 10 à 12 jours après que les 1ers vers sont éclos, et on ménage l’éclosion des sec- onds de manière à ce qu’elle arrive lorsque les 1ers nés feront leur 4e mue. On comprend, sans qu’il soit besoin de le dire, qu’il est facile de placer la nou- velle graine dans l’étuve qui est restée vide depuis quelques jours. Les vers y écloront et y seront traités ainsi que leurs aînés l’ont été 24 à 25 jours aupara- vant, et ils les remplaceront dans la chambre moy- enne et enfin dans le grand atelier, lorsque celui-ci se trouvera vide après la 1re récolte, et ils y feront de même leurs cocons, dont le produit formera la 2e récolte. Quant à la 3e, elle ne présente rien de plus dif- ficile ; elle commence de même lorsque les vers de la 2e sont au 10e ou 12e jour de leur existence, en sortant d’abord de la glacière le bocal dans lequel la graine est renfermée. Comme, à cette époque de la saison, la chaleur est souvent assez vive, pour ne pas produire dans la graine une révolution trop subite, c’est de grand matin que nous faisons quit- ter la glacière à la graine, et, le plus tôt possible,