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un grand nombre de vers occupés à ourdir leur cocon, c’est le 2e et le 3 jour qu’ils quittent la litière de toutes parts, et qu’on les voit grimper à la suite des uns des autres, cherchant une place commode pour leur ouvrage. Plusieurs se fixent tout de suite sans monter bien haut, ce sont les meilleurs, d’autres courent çà et là, parcourent plusieurs branches, quittent les places les plus com- modes, ont peine à s’arrêter, et finissent quelque- fois par retomber sur la litière. Le 4e ou le 5e jour après que les premiers vers montés aux cabanes ont déjà terminé leurs cocons et que les derniers sont encore occupés de ce travail, il ne reste plus que quelques retardataires dont on peut sans doute espérer encore quelque chose, mais sur lesquels il ne faut pas compter comme sur les 1ers ; le retard que ces vers mettent à filer leur cocon annonçant chez eux moins de vigueur, on les enlève de dessous les cabanes et on les réunit sous des cabanes particu- lières, placées dans une autre chambre où l’air soit sec et la température à 18 ou 19°. Enfin, on peut former dans le même lieu des cabanes plus basses sous lesquelles on dépose les vers faibles ou ceux qui sont tombés du haut des ramées, et on leur donne de la nourriture tant qu’il est besoin, en ayant soin de les resserrer et de rétrécir la place qu’ils occupent à mesure que leur nombre diminue sur la litière. Aux plus faibles on prête le secours de cornets de papier, ou, ce qui est encore plus facile et moins embarassant, on les met dans une grande corbeille, en les couvrant d’une couche légère de copeaux de menuisiers ou de menus rameaux de bruyère, et on en fait ainsi autant de lits qu’il est nécessaire. Aussitôt après qu’il ne reste plus de vers à nour- rir sous les cabanes, on procède au dernier nettoie- ment des claies et des tablettes, dont les vers d’une once de graine peuvent, ainsi qu’il a déjà été dit, avoir occupé pendant les derniers jours, depuis 200 jusqu’à 250 pi. carrés, selon que l’éducation a été moins ou plus prospère. § viii. — Sixième âge : récolte des cocons ; choix pour la reproduction. Chacun des âges précédents a commencé toutes les fois que la larve du ver à soie a changé de peau ; d’après cela le 6e âge ne commence réellement que lorsque le ver ayant filé son cocon, se raccourcit au fur et à mesure, et se métamorphose à la fin en chrysalide après avoir dépouillé sa peau de larve. La fig.140représenteenAlecoconterminéetenBla chrysalide hors du cocon. Ce 6e âge se passe tout entier dans le cocon, et la métamorphose n’est point visible, à moins qu’on ne fende le cocon au moment où elle va s’opérer, ce qui a ordinairement lieu le 4e ou le 5e jour après que le ver a commencé à filer. Quelques vers, dans toutes les éducations, ne font point de soie, ils restent dans la litière ou descend- ent des cabanes après y être montés, avoir erré pen- dant quelque temps sur les branches, et ils opèrent Fig. 140. BA leur métamorphose à nu sans être enveloppés d’un cocon. On ne garde jamais ces chrysalides, on les jette ordinairement hors de l’atelier. Il serait curieux de savoir, en en conservant pour avoir les papillons, si les œufs de ces derniers donneraient naissance à des vers dégénérés qui ne fileraient point, ou si, ne participant point à l’infirmité de leurs pères, ils pro- duiraient de la soie comme les autres vers. Revenons à ceux que nous avons laissés filant leurs cocons. Quatre jours après que le dernier ver est monté, on met à bas tous les petits fagots qui ont servi à faire les cabanes, et on en détache à mesure tous les cocons qu’on jette dans de grandes corbeilles, en ayant soin de mettre de côté tous ceux qui sont imparfaits, mal conformés, mous ou qui sont dou- bles, c’est-à-dire qui sont l’ouvrage de deux vers ayant filé en commun. Ces derniers se reconnais- sent facilement à leur grosseur et à leur poids beau- coup plus considérables. Si toutes les époques de l’éducation se sont passées heureusement, une once de graine pourra produire 100 et même jusqu’à 120 et 130 livres de cocons ; mais ces dernières récoltes sont fort rares ; on s’es- time heureux lorsque le produit s’élève au 1er poids qui vient d’être dit ; car il arrive assez souvent qu’on ne retire que 80 et même que 70 livres. Quant aux cocons eux-mêmes, ils sont fort beaux lorsque 250 à 260 pèsent une livre poids de marc. — Il résulte des observations faites pendant de nombreuses années dans les pays où l’on se livre depuis longtemps à l’éducation des vers à soie, qu’on a eu de bonnes récoltes lorsque les vents du nord ont régné durant l’existencedesvers,etqu’ellesontétémédiocres ou mauvaises lorsque, pendant le même temps, les vents ont soufflé souvent du sud ou du nord-ouest. Dès qu’on a séparé les cocons des rameaux qui formaient les cabanes, ou aussitôt qu’on a déramé ou décoconné, comme on dit encore selon les prov- inces, on choisit les cocons destinés à la propagation de l’espèce. Quatorze onces de cocons fournissent communément une once de graine. D’après cela on met ordinairement a part autant de livres de cocons

CHAP.7e SOINS À DONNER AU VERS À SOIE 141 qu’on veut faire d’onces de graine, et dans le choix qu’on en fa