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ils sont tout à fait blancs ; leur longueur est généralement de 36 lignes, et chez quelques-uns elle est même de 40 ; leur poids le plus ordinaire est de 72 à 80 grains, et quelquefois de 100 grains et plus. Dès lors les vers mangent beaucoup moins, ils cessent aussi de croître, et même ils paraissent diminuer un peu, parce qu’ils rendent une plus grande quantité d’excréments, ils commencent, selon l’expression vulgaire, à se vider. Cela est déjà un 1er signe que les vers approchent de leur maturité, et qu’ils vont bientôt faire leurs cocons. On reconnaît que cette maturité est complète aux signes suivants : 1° les vers montent sur les feuilles sans les ronger, et ils lèvent souvent la tête comme pour indiquer qu’il leur faut autre chose ; 2° ils quittent les feuilles et courent le long des claies en cherchant à grimper ; 3° les anneaux de leur corps se raccourcissent, et la peau de leur cou paraît toute ridée ; 4° leur corps devient d’une certaine mollesse et la peau, surtout celle des anneaux inférieurs, acquiert une demi-transparence et prend une teinte légèrement jaunâtre,particulièrementdanslesversquidoivent filer de la soie jaune ; 5° si l’on regarde les vers avec attention, on voit qu’ils traînent après eux un fil de soie qui sort de leur bouche, et dont on peut tirer un assez long bout sans le rompre ; 6° enfin le ver tout entier annonce par sa couleur celle de la soie qu’il produira, et on peut connaître en l’ouvrant s’il devait devenir papillon mâle ou femelle ; ceux destinés à être mâles ne contient qu’une liqueur jaunâtre, ceux qui doivent former des femelles sont pleins d’œufs. Quand on a reconnu à ces signes que le temps où les vers doivent filer leurs cocons est très prochain, on doit s’occuper du nettoiement des claies en délitant les vers pour la dernière lois. À part deux circonstances où le ver cherche en naissant sa nourriture, et, quand il est mûr, une place commode pour y faire son cocon, il est très sédentaire sur la litière ; la faim même ne l’en éloigne pas ; nous avons vu plusieurs fois des vers abandonnés sans nourriture, y mourir après plusieurs jours de jeûne, sans avoir essayé d’en franchir les limites. Avant le sommeil qui précède les mues, quelques vers qui sont au bord des claies s’éloignent à 1 ou 2 pouces tout au plus pour s’endormir à l’écart ; mais, la mue faite, ils redescendent promptement sur la litière. § vii. — Formation des cocons. Le nettoiement des claies étant terminé, il faut s’occuper sans retard de préparer aux vers les moyens de filer leurs cocons avec facilité, ce qu’on fait en leur construisant des haies, des cabanes ou des rames, ainsi que l’on dit selon les pays ; c’est ce qui a été expliqué plus haut. Lorsque les vers commencent à monter sur les cabanes, on n’a pas besoin de conserver dans l’at- elierplusde17°dechaleur;ilconvientenoutre que l’air soit aussi sec que possible, et, si l’état de la température extérieure le permet, on peut ouvrir partout portes et fenêtres dans les heures les plus chaudes de la journée. On croit assez généralement que le tonnerre est contraire aux vers à soie, et on redoute d’après cela les orages au moment où ils montent sur les cabanes. La preuve que le tonnerre et les commotions les plus fortes imprimées à l’atmosphère même de l’atelier dans lequel ils sont, ne peut leur être nuisible, c’est que des coups de fusil ont été tirés dans une mag- nanerie au moment de la montée, sans produire aucun effet fâcheux. Nous avons vu nous-même, le 26 juillet 1824, des vers, étant alors à la fin de leur 5e âge, manger avec la plus grande avidité sans paraî- tre ressentir aucune influence d’un violent orage qui dura environ 1 heure, et pendant lequel les coups redoublés du tonnerre n’étaient pas une minute sans se faire entendre, et pendant lequel la foudre tomba 3 à 4 fois à peu de distance de la maison de campagne où nous étions. Des vers qui avaient déjà commencé leur cocon, le continuèrent aussi sans aucune interruption. Quelque temps auparavant nous avions transporté à la campagne une centaine devers,alorsdansleur3eâge;nousleurfîmesfaire un voyage de 20 lieues sur l’impériale d’une diligence sans qu’ils en éprouvassent la moindre fatigue, et, à notre retour, qui eut lieu 2 jours après l’orage, quelques-uns de nos vers qui étaient sur le point de filer furent mis par expérience dans des cornets de papier fermés par le haut, puis renfermés dans une boîte qui fut placée, comme la 1re fois, sur l’impéri- ale de la diligence, où elle fit 20 lieues, et malgré les innombrables secousses éprouvées pendant dix heures sur une route pavée, tous les cornets ayant été ouverts à la fin du 3e jour, nous trouvâmes que tous les vers avaient fait de beaux et bons cocons, dont l’un pesait lui seul 53 grains. À compter du moment où les vers commencent Fig. 139. à jeter leur bave ou bourre, c’est-à-dire les 1ers fils de leursoie(fig.139),ceuxquisontsainsetvigoureux

140 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS À SOIE LIV. IV. terminent leur cocon en 3 ou 4 jours au plus. La première journée de la montée sur les cabanes on voit rarement