Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

Premier âge. Le ver à soie, au moment de sa naissance, a 1 ligne 1⁄4 de longueur, et il pèse 1/110 de grain poids de marc. Tout son corps est hérissé de poils et il paraît noirâtre à la vue simple ; avec la loupe on reconnaît que sa tête est écailleuse, d’un noir plus luisant que le reste du corps, qui est composé de 10 anneaux. À cette époque, tous les vers nés d’une once de graine peuvent facilement tenir dans un espace de 2 pieds carrés ; mais, au lieu de les mettre tous ensemble en les disposant sur les tabletttes, on les divise sur plu- sieurs places de manière qu’il ne soit pas nécessaire de les remuer jusqu’au moment de la 1re mue, et de sorte qu’ils puissent alors y occuper 9 à 10 pieds car- rés. Comme tous les vers ne sont pas nés en même temps, et que si on leur donnait à tous une quantité égale de feuilles de mûrier à manger, les 1ers avance- raient davantage que les derniers, il faut chercher à les rendre égaux, au moins ceux qui sont nés le même jour. On y parvient en éloignant les époques des repas pour les 1ers éclos, tandis qu’on les rap- proche pour les derniers, de manière qu’à la fin de la journée ils aient tous reçu autant de nourriture les uns que les autres. Quant aux vers qui sont nés à 1 ou 2 jours de distance, comme il n’est pas possible de les rendre égaux à ceux éclos le 1er jour, on les place sur des tablettes différentes que l’on distingue par des numéros, parce que, pendant toute l’édu- cation, ces derniers vers seront toujours en retard des 1er d’un nombre de jours égal au temps pendant lequel leur naissance a été différée. Pendant tout le 1er âge on donne chaque jour aux vers 4 repas, qu’on leur distribue à des intervalles égaux. Si on a fait coïncider le commencement de l’incuba- tion avec le développement des feuilles de mûrier, celles-ci pourront être données aux vers telles qu’on les aura cueillies sur les arbres ; elles se trouver- ont proportionnées à la grosseur des vers ; mais si l’éclosion a été retardée, et que les feuilles soient devenues un peu grandes, on les coupera en petits morceaux, ce que l’on fait facilement en en prenant de petites poignées et en se servant de ciseaux ou d’un couteau : par ce moyen on multiplie le nombre des bords par lesquels les petits vers se mettent le plus ordinairement à les manger ; cependant nous avons vu souvent les plus petits vers attaquer les feu- illes par leur milieu même. dandoLo et m. BonaFous se sont donné la peine de peser ce que les vers d’une once de graine con- somment de feuilles pendant les différents âges de leur existence ; ils ont trouvé que, pendant le 1er cette quantité montait à 7 livres en tout, et d’après cela ces auteurs prescrivent le poids de ces feuilles pour chaque journée et chaque repas ; mais il nous a paru que c’était compliquer les embarras de l’éd- ucation que de s’astreindre à avoir toujours la bal- ance à la main pour distribuer chaque repas. La consommation ne peut d’ailleurs être invariable, elle est soumise à la bonne santé des insectes. La durée du 1er âge n’est que de 5 jours, d’après dandoLo et m. BonaFous, et cela à une tempéra- ture constante de 19°. Nous nous croyons forcés de dire que jamais, dans aucune des nombreuses éducations que nous avons faites, nous n’avons pu obtenir de semblables résultats ; ce n’a été qu’à une chaleur de 21° à 22° que nous avons vu le 1er âge se terminer en 5 jours ; autrement il s’est toujours étendu à 6, 7, 8 jours, et même beaucoup au-delà, lorsque la température n’a été que de 18°, 17°, 16°, et au-dessous. Quoiqu’il en soit, il est hors de doute qu’il y a économie de temps et de feuilles à tenir les vers dans une température un peu élevée et con- stamment la même, sans compter que l’on perd moins de vers que lorsqu’on fait traîner l’éducation en ne donnant pas assez de chaleur. La 1re mue s’annonce par l’éclaircissement de la couleur des vers ; au moment où ils s’endorment, ils deviennent luisants et comme bouffis. Quand on voit les vers engourdis, on diminue la quantité de feuilles ; on n’en donne qu’à peu près ce qu’il en faut pour ceux qui restent éveillés et mangent encore ; lorsqu’on les voit tous endormis, on peut pendant un jour entier ne leur rien donner du tout jusqu’à ce qu’ils aient fait leur lre mue, c’est-à-dire qu’ils aient quitté leur lre peau pour en revêtir une nouvelle. Cette mue, ainsi que les 3 autres qu’ils doivent encore subir, est une époque critique pour les vers, et il y en a toujours plusieurs qui suc- combent. Quelque soin que l’on prenne pour traiter tous les vers egalement bien, il y en a aussi toujo- urs quelques-uns dont la mue est précoce, et d’au- tres pour lesquels elle est tardive, de manière que le temps de la mue n’est jamais moindre d’un jour 1⁄2 à 2 jours et même 2 jours 1⁄2. Les différentes mues ne sont pas d’ailleurs égales entre elles ; la 1re est plus courte que la 2e ; celle-ci que la 3e ; enfin, celle qui dure le plus longtemps est la 4e, et c’est aussi, en général, celle dans laquelle il périt le plus de vers. § iii. —Deuxième âge. Aussitôt après la 1re mue, commence le 2e âge, les vers pèsent alors 1/8 à 1/9 de grain ; ils ont 3 lignes 1/2 à 4 lignes de longueur ; tout leur corps paraît chargé d’une sorte de poussière ; il est tacheté régulièrement de mouchetures d’un brun foncé ou d’un brun roussâtre, placées sur un fond blanchâtre ou grisâtre. Dès qu’on s’aperçoit que les vers revê- tus de leur nouvelle peau ont repris toute leur vivac- ité, on doit sans retard les enlever de la litière qui s’est formée sous eux par les débris des feuilles qui ont servi à leur nourriture. Pour rendre ce déplace- ment plus facile, on étend, sur les petites chenilles, de jeunes rameaux de mûrier garnis de leurs bour- geons et de leurs feuilles, et 2 à 3 heures après, lor- sque l’on voit que les vers sont montés de leur litière

CHAP.7e SOINS À DONNER AU VERS À SOIE 137 sur ces rameaux et qu’ils en sont tous chargés, on les transporte sur d’autres parties de tablettes où on les distribue de manière à ce qu’ils soient disposés sur un espace d’environ 20 pieds carrés, ce qui est l’étendue dont ils auront besoin jusqu’à la fin de leur 2e âge. Comme il y a toujours