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CHAP.7e SOINS À DONNER AU VERS À SOIE 135 la manière d’opérer par les autres procédés, et sur les degrés de chaleur qu’il est convenable d’entret- enir dans les appareils dont il vient d’être question, ainsi que dans l’étuve où la chaleur doit être portée successivement et ensuite soutenue aux degrés con- venables. dandoLo fixe a 13 jours le temps nécessaire pour faire éclore les vers en exposant pendant ce temps la graine dans l’étuve aux degrés de chaleur ainsi qu’il suit : les deux 1ers jours la température est fixée à 14°, le 3e jourelleestportéeà15°,le4e à16°,le5e à17°, le6e à18°,le7e à19°,le8e à20°,le9e à21°,les10e, 11e et 12e à 22°, et le 13e l’éclosion des vers com- mence. Celle-ci s’annonce dans les derniers jours par le changement de couleur des œufs ; ils étaient d’abord d’un gris cendré un peu foncé, ils s’éclair- cissent et prennent peu à peu une couleur cendrée claire, de laquelle ils passent enfin au blanc sale. Il paraît d’ailleurs que l’éclosion plus rapide ou plus ralentie dépend de circonstances atmosphériques qui ne sont pas encore bien connues, car M. BonaFous, dans un mémoire sur une éducation de vers à soie faite en 1822, dit avoir fait éclore ses œufs en 10 jours, en commençant également par donner à l’étuve une chaleur de 14° et en ne l’élevant qu’à 20 et 21° les 9e et 10e jours. Un auteur antérieur aux deux précédents, Boissier de sauvages, dit que les graines éclosent en4à5joursenlesexposantà30ou32°;mais qu’alors il y en a une grande partie qui manque. Le même dit encore qu’ayant suspendu un petit paquet de graine à sa fenêtre sur un mur exposé au midi où la chaleur directe du soleil faisait monter le thermomètre à 45°, pendant qu’il descendait la nuit à 15, ce qui fait une différence de 30° de chaleur du plus au moins, cependant tous les œufs produisirent des vers, quoique fort à la longue. À la fin d’avril 1830, après avoir transporté, dans une chambre où le thermomètre a été maintenu pendant 4 jours à 14°, de la graine qui, les jours précédents, n’était qu’à 10° et même au-dessous, nous avons tout à coup, le 5e jour, élevé la tempéra- tureà26°,27°,etle4ejour,aprèsquelagraine eut été exposée à cette chaleur constante, les vers commencèrent à éclore en grande quantité ; dès le 3e jour même il en était né plusieurs. Nous avions opéré sur plus de 2 onces de graine ; l’éclosion fut très abondante pendant 4 jours, et les vers étaient très bien portants. Quoi qu’il en soit, les vers qui naissent le 1er jour sont ordinairement peu nombreux, et on néglige de les recueillir ; mais on commence le 2e à les relever, en employant les moyens que nous allons détail- ler ; on en fait 4 ou 5 levées dans le courant de la journée. La naissance des vers est toujours plus abondante depuis le lever du soleil jusqu’à 2 ou 3 heures après midi, elle se ralentit ensuite beaucoup dans le reste de la journée, et pendant la nuit elle devient tout à fait nulle. La totalité des vers met au moins 3 à 4 jours à naître ; tant que l’éclosion paraît assez nombreuse, on recueille les vers, et on ne cesse de le faire que lorsqu’ils deviennent trop rares pour que cela en mérite la peine. Au moment où l’on commence à voir sortir les petits vers de leurs œufs, on leur donne de petits rameaux garnis de jeunes feuilles de mûrier dont le développement coïncide toujours avec celui des vers quand leur éclosion n’a pas été trop hâtée. Si l’on plaçait les rameaux immédiatement sur la graine, il arriverait souvent, lorsque les vers seraient montés dessus, et lorsqu’on voudrait les relever pour en substituer de nouveaux, qu’on enlèverait en même temps des œufs non encore éclos ; pour obvier à cet inconvénient, on couvre toute la graine de chaque boîte avec un morceau de canevas, ou mieux encore d’un morceau de papier un peu fort, sur toute la surface duquel on a pratiqué avec une grosse épingle des trous nombreux formant comme un petit crible. Ce papier doit être appliqué sur la graine par le côté où l’on a fait entrer l’épingle, et on recouvre sa surface supérieure de jeunes bour- geons de mûrier détachés de leurs branches, ou même de petits rameaux garnis de leurs feuilles. Si on ne prenait cette précaution dès qu’on voit un certain nombre de jeunes vers sortir de la graine, ceux-ci, aussitôt après leur naissance, se répand- raient de tous côtés, errant à l’aventure, cherchant à satisfaire l’appétit qu’ils ont déjà. Guidés par l’in- stinct et par l’odeur des feuilles de mûrier placées sur le papier criblé qui est au-dessus d’eux, ils en traversent rapidement les trous pour aller prendre leur nourriture. Quand l’éclosion se fait bien, sou- vent en une heure tous les bourgeons de mûrier sont tellement garnis de vers, que toute verdure a dis- paru ; on n’aperçoit à sa place qu’une sorte de four- milière noirâtre où les petits insectes sont par milli- ers. Alors on enlève avec précaution les rameaux ou les bourgeons de mûrier, tout chargés qu’ils sont de vers, en les prenant, surtout si ce sont de simples bourgeons, avec de petites pinces plates et légères dites brucelles, et en ayant la précaution de ne presser que très modérément l’instrument, et on les dépose sur une petite tablette de transport garnie de papier, pour aller ensuite, lorsque la levée est terminée, les placersurlestablettes(fig.136)oùdoitcommencer Fig. 136. leur éducation. Aussitôt que cela est fait, on remet sur le papier-crible d’autres bourgeons ou d’autres rameaux de mûrier qu’on enlève encore 2 ou 3 heu-

136 ARTS AGRICOLES : ÉDUCATION DES VERS À SOIE LIV. IV. res après lorsqu’ils sont couverts de nouveaux vers, et on continue ainsi à en faire des levées successives jusqu’à ce que l’éclosion des œufs soit entièrement achevée, ou au moins jusqu’à ce que les vers des dernières levées deviennent trop peu nombreux pour mériter d’être recueillis. § ii. —