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il s’élèvera dans le cou- rant de la journée. Le thermomètre minima doit, au contraire, être préparé tous les soirs pour connaî- tre le minimum de la température dans le moment le plus froid de la nuit ou de la matinée. L’indica- tion positive de ce moment, de même que l’heure précise où la chaleur a été la plus forte, ne peuvent d’ailleurs être constatées par les 2 instruments, si on n’a pas soin d’y porter de temps en temps les yeux, pour observer l’instant précis où le liquide remonte dans l’un et descend dans l’autre ; mais ils peuvent être tous les deux très utiles aux éducateurs de vers à soie, pour s’assurer de l’exactitude du magnanier qu’ils emploient ; ils leur indiquent d’une manière rigoureuse les minima et les maxima de la tempéra- ture de l’atelier pendant leur abscence. 3° Hygromètres. Une des choses les plus nuisibles dans une cham- brée de vers à soie étant l’humidité, il est néces- saire de connaître, aussi exactement que possible, dans quel état, sous ce rapport, se trouve l’air de la chambrée ou de l’atelier. L’air atmosphérique est en général sec lorsque les vents soufflent du nord et de l’est, et humide lorsqu’ils viennent du midi ou du couchant ; mais, pour le connaître d’une manière plus positive, on se sert des hygromètres, dont nous avonsdonnéladescriptionT.1er,p.6,7,fig.10,11. L’expérience a prouvé qu’on n’a rien à crain- dre pour les vers à soie tant que l’hygromètre de Saussure ne dépasse pas 65° ; mais toutes les fois qu’il en marque 70° et au-delà, il faut faire dans la cheminée de l’atelier du feu avec des bois légers bien secs ; la flamme qui s’en élève met en mouvement les colonnes d’air environ- nantes et leur imprime une douce agitation qui sèche l’atelier. En même temps qu’on fait des feux de flamme pour dissiper l’humidité, on peut ouvrir plusieurs ventilateurs pour chasser l’air pesant et le remplacer par celui du dehors qui ne peut jamais être aussi humide. Quand un atelier a beaucoup d’étendue, il serait avan- tageux d’y placer 2 hygromètres à une certaine distance l’un de l’autre, afin de mieux connaî- tre les degrés d’humidité des diverses parties de la chambre. L’hygromètre peut encore servir à annoncer divers phénomènes atmosphériques et à se garantir de leur influence. 4° Armoire incubatoire, couveuse artificielle, boîtes pour mettre les œufs à éclore, etc. Les œufs de vers à soie laissés à la nature éclo- raient spontanément lorsque la température de l’atmosphère s’élèverait à 12° ou à peu près ; mais alors leur éclosion se prolongerait pendant plusieurs semaines, et il ne serait pas possible d’entreprendre des éducations régulières. Pour obvier à cet incon- vénient, on a cherché à hâter l’éclosion des vers en appliquant à leurs œufs une chaleur artificielle, et la 1re dont on fit usage fut celle du fumier ; mais la difficulté de ménager convenablement la chaleur par le fumier entassé, et surtout d’écarter l’influence des exhalaisons qui s’en élèvent, fit bientôt renoncer à ce moyen ; on trouva beaucoup plus commode d’employer, pour couver la graine, la chaleur du corps humain. Cette méthode, imaginée d’abord en Italie, se répandit dans les autres parties de l’Eu- rope méridionale où les vers à soie furent portés, et elle fut pendant longtemps la seule en usage ; ce n’est que depuis assez peu de temps qu’on lui a sub- stitué de nouveaux moyens, et encore aujourd’hui, dans les campagnes, les personnes qui n’élèvent pas une grande quantité de vers à soie font éclore la graine par l’influence de la chaleur humaine. Ce sont ordinairement les femmes qui sont chargées de l’éclosion ; elles distribuent la graine dans de petits nouets de toile contenant chacun une once de graine, qu’elles placent autour de leur ceinture pendant le jour et sous le chevet de leur lit pendant la nuit. Ces nouets sont ouverts une fois par jour, dans les commencements, pour aérer la graine et la remuer ; dans les derniers jours on les visite et on les remue deux fois dans les 24 heures, pour s’as- surer du moment où les vers commencent à paraî- tre. L’usage de ce moyen pour hâter l’éclosion des œufs diminue tous les jours, et les personnes qui se livrent à des éducations de plusieurs onces de graine les font éclore dans l’étuve dont nous avons parlé plushaut,ouseserventd’unearmoireparticulière inventée depuis quelque temps, dite armoire incuba- toire ou couveuse artificielle ( fig. 131), dans laquelle on place les œufs ; ils y reçoivent la chaleur convena- Fig. 131.

ble, entretenue par une lampe à l’esprit-de-vin, et qui est réglée et graduée au moyen d’un thermomè- tre dont la partie inférieure plonge dans l’armoire, tandis que l’extrémité supérieure est saillante par le haut de l’armoire, afin de pouvoir juger du degré de chaleur que l’on active ou diminue à volonté, en augmentant ou diminuant le foyer du calorique. Cette armoire s’ouvre en un des côtés et elle est divisée intérieurement en plusieurs étages de tab- lettes. Dans plusieurs cantons et particulièrement aux environs d’Anduze, dans les Cévennes, on se sert d’une autre boîte dont la chaleur est entretenue par un bain-marie.

Pour placer les œufs dans l’armoire incuba-

CHAP.7e DE LA MAGNANERIE EN GÉNÉRAL 131 Fig. 132. à 3 pieds à peu près les uns des autres, fixés d’un bout dans le plancher inférieur, et de l’autre sur les solives du supérieur. Ces montants doivent être garnis de traverses ou forts tasseaux sur lesquels on établit les tablettes faites en bois blanc de 6 lignes d’épaisseur. Dans un atelier tel que celui dont nous avonsdonnélesdimensions(fig.127,ccc),onfait 5 étages de tablettes, non compris le plancher ; le tout établi solidement, surtout les supérieures, sur lesquelles il sera nécessaire d’appuyer les échelles pour porter la nourriture aux vers qui, dans le 5e âge, y seront établis ; car, pour la facilité du service, les tablettes les plus élevées, de même que celles qui reposent sur le plancher, ne doivent être employées que dans les derniers jours, lorsque tout le reste de l’atelier est déjà garni de vers. À la rigueur, on peut très bien placer les vers sur ces tablettes, telles que nousvenonsdedirequ’ondevaitlesconstruire,en les recouvrant et les garnissant auparavant de feu- illes de papier grand et fort ; mais dans plusieurs endroits, les tablettes ne sont pas pleines, elles ne forment pour ainsi dire que des espèces de supports sur lesquelles on établit des claies faites en roseaux ouenosier(fig.134),etc’estsurcesclaies,garnies égalementdepapier(fig.134A),qu’onplaceles vers à soie. Fig. 134. Dans tous les cas, les tablettes ou les claies doivent être munies, tout autour, d’un rebord en bois mince de 2 1⁄2 à 3 pouces de hauteur, afin de prévenir la chute des vers qui se trouvent sur les bords, et qui sans cela sont très sujets, dans les 2 derniers âges surtout, à tomber de leurs tablettes sur le plancher. Le nettoiement des tablettes ou des claies est une chose nécessaire toutes les fois qu’on délite les vers ou qu’on les enlève de leur litière pour les mettre dans une nouvelle place. On appelle litière les débris des feuilles qui, depuis quelques jours, leur ont servi de nourriture. Pour bien nettoyer l’ancienne place que les vers ont occupée, on se sert d’un petit balai court, fait de manière qu’il puisse enlever les feuilles à demi pourries et les excréments qui pourraient rester attachés à la surface supérieure des claies, lor- squ’on a enlevé la masse de la litière. Dans les pays méridionaux où l’on cultive le grand millet, on fait le plus souvent ces petits balais avec les sommités de cettegraminée,quisontdiviséesendenombreux pédoncules d’une consistance assez raide. Dans les endroits où cette plante n’est pas cultivée, on pourra employer à sa place de la bruyère, des rameaux de

toire où ils doivent éclore, on a de petites boîtes (fig.