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4 derniers ouvriers est entraînée dans la cage en bois où 3 hommes la remuent avec les pieds à mesure qu’ils la rassemblent, et en forment de petits tas qu’ils expriment avec les mains et qu’ils jettent sur le plancher où 2 enfants la reçoivent dans de petits paniers, l’expriment et la portent sur le grand tas au sommet de l’égouttoir. » Quand la laine ne rend plus d’eau, les ouvriers, avons-nous dit, la portent sur le pré, où ils la lais- sent en petits monceaux. Le lenmatin on la remue en prenant une portion de laine qu’on secoue à la main. On la laisse ainsi une ou 2 heures, ensuite on l’étend sur le pré, et on la retourne 3 fois dans le jour jusqu’à ce qu’elle soit sèche. Tandis que la laine est étendue ou qu’on la retourne, les apartado- res ou trieurs en retirent la laine défectueuse et celle dont la qualité ne répond pas à sa classe. On voit que, dans le mode de lavage espagnol, la laine est simplement soumise à l’action de l’eau chaude sans addition d’aucune matière alcaline ou savonneuse. On estime que la température du bain, qui est beaucoup trop élevée, est d’environ 60°R., et que la laine des mérinos du pays ainsi traitée, et qui est alors dite en surge, perd 50 p. % de son poids et conserve encore 15, 20 et 25 p. % de mat- ière grasse qu’il lui faut enlever par le lavage en fab- rique. 2° Lavage français. En adoptant en France le lavage espagnol, nous l’avons amélioré sous le rapport de la santé des ouvriers, perfectionné sous celui de la pureté et qualité des produits, et simplifié relativement aux manipulations et à la mise de fonds. En effet, il suffit aujourd’hui, pour entreprendre le lavage des laines fines, d’avoir un magasin pour les laines en suint, unhangard(fig.103)pavéoudallé,placéaubord d’une eau courante, légèrement en pente vers l’eau, et sous lequel est placée une chaudière montée sur son fourneau et munie d’un robinet, quelques cuvi- ers, et des paniers ou corbeilles. Des baguettes de bois lisses ou des petites fourches, des brouettes, des toiles à sécher et une chambre ou magasin à empiler, emballer et conserver la laine jusqu’à la vente, sont encore nécessaires. Pour opérer le lavage tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, on commence par remplir la chaudière d’eau pure. Cette eau est portée à la température de 30° à 40° R. ; lorsqu’elle y est par- venue on en fait écouler une partie dans une cuve placée au-dessous, et on y plonge de la laine qu’on laisse ainsi tremper pendant 18 à 20 heures sans la remuer. Une partie du suint de cette laine se dissout, et cette première eau qui est, à proprement parler, une dissolution de savon à base de potasse, devient le principal agent du dessuintage. Cette dissolution est versée dans des cuves, et on y ajoute autant d’eau chaude qu’il en faut (un quart environ) pour porter le bain à une certaine température que la main par l’exercice apprend facilement à mesurer. On estime que cette température ne doit pas dépasser 45°R. pour les laines primes, 40° pour la 1re qualité, 30° pour la 2e, 25° pour la 3e, etc., et que pour les laines communes elle doit à peine être tiède, parce que ces dernières contiennent moins de suint et sont- plus faciles à épurer. Le bain étant à la température fixée, on y plonge la laine à dessuinter par petites portions, et on l’y soulève continuellement à l’aide d’une petite fourche ou de baguettes lisses, afin d’en ouvrir les mèches et de les pénétrer de liquide. Si on la retournait, elle se cordonnerait. Au bout d’un demi-quart d’heure, ou un quart d’heure au plus, la laine est suffisamment déssuintée ; on l’enlève alors avec la petite fourche ou les baguettes, par flocons d’un sixième de livre chacun, pour la déposer dans

CHAP.5e DU SUINT DES LAINES 105 des mannes, paniers ou corbeilles d’osier qu’on tient suspendus un instant au-dessus des cuves, afin de perdre le moins possible d’eau saturée de suint ; là elle s’égoutte pendant quelques moments, puis elle est transportée dans les corbeilles au lavoir placé sur les bords d’une eau courante. Depuis quelque temps les laveurs font usage de mannes en cuivre perforées de trous, ce qui prévient la perte assez notable de laine qui s’échappait quelquefois par les ouvertures des paniers d’osier. Les avis paraissent partagés sur le moment où il faut plonger la laine dessuintée dans les eaux de lav- age. Les uns assurent que plus la laine est encore chaude quand on la lave à l’eau courante, plus elle s’épure. Des laveurs et filateurs m’ont assuré au contraire qu’ils laissaient constamment refroidir la laine avant de la laver, parce que, disent-ils, elle devient plus blanche, et que n’ayant pas été saisie par la différence de température,