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Le trempage a lieu comme précédemment en faisant traverser le bassin à la nage par les mou- tons, sans laisser écouler d’eau, mais en renouvelant seulement celle qu’ils enlèvent avec leur toison. Pendant ce passage une partie du suint se dissout et forme, avec l’eau du bain tiédie par le soleil, une sorte de dissolution savonneuse qui contribue au nettoyage de la laine dans les immersions sui- vantes. Cette première opération sert, comme on voit, à humecter et à pénétrer la laine, ainsi que les malpropretés qu’elle contient. Dès que le dernier mouton sort du bain, on reprend le premier qui avait passé, puis dans le même ordre tous ceux qui l’ont suivi, et on leur fait traverser le bassin une 2e fois. L’eau du bain a dans ce moment acquis toute sa propriété dissolvante et détache la plus grande partie des impuretés des toi- sons. À cette 2e opération succède une 3e immersion après laquelle, malgré les malpropretés qui flot- tent dans le bain, la laine est assez blanche et nette. Quand elle est terminée, les moutons sont recon- duits promptement à la bergerie, où on les main- tient chaudement sur une litière de paille fraîche et épaisse. Après le bain on ouvre la vanne d’aval ou de chasse, on vide le bassin qu’on remplit ensuite d’eau nouvelle et pure, qui se renouvelle sans cesse par la vanne d’amont qu’on laisse entr’ouverte à cet effet. Le lendemain matin dès l’aube du jour on procède au lavage. Des laveurs disposés sur 2 rangs et avec de l’eau jusqu’à la ceinture, se passent les moutons de main en main en sens inverse du cou- rant, chacun pressant la laine et en exprimant le liquide trouble qu’elle contient, et ainsi de suite jusqu’au dernier placé près de la vanne où l’eau affluante est la plus propre et la plus pure. Si les localités permettent de déverser l’eau dans le bassin par un certain nombre de filets tombant de quelque hauteur, on place au-dessous de ces petites chutes les moutons au moment de les faire sortir du bassin, pour achever de donner à leur toison une blancheur et une pureté parfaites, sans qu’il soit besoin, comme dans le procédé précédemment décrit, de faire pas- ser les animaux un grand nombre de fois dans le bain de lavage. Le trempage paraît être aux auteurs allemands une opération si nécessaire pour un bon lavage, qu’ils conseillent, faute de bassins ou lavoirs, de l’exécuter dans des fosses creusées en terre, garnies deplanchesetrempliesd’eau,dansdescuves,des auges, ou tout autre grand vase quelconque ; quant au lavage définitif, il faut, autant que possible, le donner à l’eau courante ou au moins dans une eau dormante très propre. Le lavage saxon enlève une plus ou moins grande quantité de suint et de matière grasse, selon qu’il est plus ou moins bien fait. Les laines superfines de la Saxe, traitées ainsi, ont un rendement de 38 p. %, parce que les toisons sont ordinairement très pro- pres et légères. Elles subissent encore un déchet de 30 p. % lors du triage et dégraissage à chaud. En France, où les laines fines se vendent la plu- part du temps en suint, on fait peu d’usage du lav- age à dos ; en outre, la toison des mérinos français étant plus tassée que celle des mérinos saxons, la laine se lave plus difficilement, les moutons sont plus longtemps à sécher, ce qui est préjudiciable à leur santé. B. Lavage à froid des laines en toison. Pour procéder à ce lavage à froid, on jette la laine dans des cuves d’eau à la température de l’atmos- phère, et on l’y laisse tremper environ 24 heures. Elle pourrait, si elle était très malpropre et impure, y rester 3 ou 4 jours sans que le brin éprouve d’al- tération. Lorsque l’eau a bien pénétré partout, on procède au lavage, qui se fait avec rapidité, en enle- vant la laine, la déposant dans des paniers ou cor- beilles, qu’on plonge à plusieurs reprises dans une eau courante, en ayant l’attention de soulever de temps à autre la laine avec un bâton lisse, mais sans la tourner. Quand elle est ainsi suffisamment lavée, on la dépose sur des claies ou des tables faites en lattes minces, croisées et polies où elle s’égoutte. De là elle est transportée sur un gazon bien propre, sur un plancher en bois ou des toiles placées au grand air où elle achève de se sécher ; on peut aussi se ser- vir pour cet objet de claies ou de filets élevés au-des- sus du sol, ce qui facilite encore l’évaporation de l’eau. Quand le local ne permet pas de laver la laine dans l’eau courante, on peut y procéder dans des cuvesde4à5pi.delongueur,2ou4delargeuret2 de profondeur. Si l’on peut disposer d’un filet d’eau qui renouvelle sans cesse le liquide de ces cuves, la laine en sortira plus pure et plus blanche. Dans une semblable cuve un homme peut laver un quintal de laine par jour. Dans le lavage à froid des laines, celles-ci perdent à peu près autant que dans les bons lavages à dos, c’est-à-dire qu’il faut encore les dépouiller de 15, 20 ou 25 p. % de leur poids pour les mettre en état de recevoir la teinture. 2° Lavages à chaud. Les lavages à froid ne sont guère pour les laines fines qu’une sorte de dépuration déjà fort utile pour faire apprécier les qualités de la laine, la débarrasser

CHAP.5e LAVAGE À CHAUD DES LAINES 103 de ses impuretés et de son suint, mais qui n’ont pas le même but que le lavage à chaud, destiné en général à les purger de toutes les impuretés qu’elles contiennent, et à dépouiller le brin de l’excès de matière grasse qui l’enduit. Le lavage à chaud peut aussi se faire de plusieurs manières ; nous citerons seulement celles usités dans les pays où la produc- tion des laines fines a le plus d’activité. A. Lavage à dos et à chaud. « Le lavage à dos et à froid, dit la Société d’ag- riculture de l’Irlande, ne paraît pas suffisant pour purifier les laines quand les brins et les mèches sont agglutinés par une grande quantité de fiente, ou quand le suint est fort abondant. Il vaut mieux, dans ce cas, avoir