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Afin de prévenir les graves indispositions qui résultent pour les laveurs de l’immersion prolongée des jambes dans l’eau froide, ainsi que la négligence qu’on apporte souvent dans l’opération du lavage, M. young a proposé de former, au moyen d’un petit barrage, soit dans une eau courante, soit dans un étang, un bassin dans lequel les moutons pour- raient, par des plans inclinés ou surfaces en pente, descendre par une extrémité et remonter par l’au- tre ; au milieu, la profondeur serait assez grande pour qu’ils fussent obligés de nager. Le fond de ce bassin serait pavé, et 6 à 7 pieds seraient une lar- geur suffisante. À l’endroit où les moutons com- menceraient à perdre pied, on placerait plusieurs tonneaux ouverts à peu près comme les tonneaux de blanchisseuses, dans lesquels les laveurs, placés à sec, pourraient saisir, au passage, les moutons de la main gauche, puis de la droite, ouvrir et presser la toison mèche par mèche sans la brouiller, et enlever ainsi et exprimer la plus grande partie des impuretés et des ordures qui abandonneraient la laine avec le suint. Les lavages dont nous avons parlé ci-dessus ont besoind’êtrerépétésplusieursfoissil’onveutquela laine soit bien nette et de bon débit. Ils enlèvent à la laine environ 20 à 30 p. % de son poids, et la plupart du temps ils sont suffisants pour les mou- tons communs ; mais les mérinos ont des toisons si tassées, qu’il est nécessaire de procéder pour eux au lavage d’une manière différente. À cet égard le mode employé en Saxe et en Silésie nous semble le plus convenable. endroit peu profond dans un fleuve ou un ruisseau dont le fond est garni de sable ou de cailloux, et où le courant a une certaine force. La profondeur doit être assez considérable pour que l’animal ne puisse toucher le fond et se blesser. Un barrage en planches soutenues par des pieux ou toute autre dis- position est nécessaire pour qu’il n’arrive pas d’ac- cident aux moutons. Tout étant disposé et le temps favorable, la veille du soir où doit avoir lieu le lav- age, on fait plonger 2 ou 3 fois, selon le besoin, tous les mérinos dans l’eau jusqu’à ce que leur toison soit bien imbibée, opération qu’en nomme trempage, puis on les reconduit à la bergerie aussi rapidement que possible, afin d’un côté qu’ils n’aient pas le temps de sécher, et de l’autre pour que la laine et l’hu- midité qu’elle contient reprennent promptement la température du corps, circonstance qu’on favorise en fermant dans l’étable toutes les issues qui pour- raient donner lieu à des courants d’air et au refroi- dissement des moutons. Le jour suivant, on transporte également avec rapidité le troupeau au bord du ruisseau pour procéder au lavage en l’exposant le moins longtemps possible à l’air, pour que les toisons ne sèchent pas, car, dans ce dernier cas, les impuretés qui sont retenues par la matière grasse de la laine ne se détachent plus au lavage à froid, et ont même beaucoup de peine à être enlevées par le dégrais- sage en fabrique. La température, l’état de l’atmosphère, la race des animaux, servent à déterminer le nombre de fois qu’il faut faire passer les moutons dans le bain, à quelques moments d’intervalle, pour les nettoyer complètement. Les mérinos superfins sont plus diffi- ciles à laver que les métis ou les moutons communs. Trois à quatre fois suffisent souvent pour certains troupeaux, tandis que d’autres ont besoin d’être soumis six à neuf fois à cette opération. Dans tous lescas,onparviendrapluspromptementaubutsi plusieurs laveurs se passent de main en main les moutons dans le bain, ouvrent, nettoient et lavent convenablement la toison, aident les animaux à sor- tir du bain, et les empêchent de fléchir sous le poids de l’eau qui surcharge leur toison, de tomber et de se salir. On a cherché à améliorer cette méthode, et on y est parvenu de la manière suivante : Pour opérer le lavage saxon, on fait choix d’un Dans un bassin ou lavoir de forme oblongue, Fig. 102.

102 ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES LIV. IV. placé près d’un cours d’eau, construit en planches ouenmaçonnerie(fig.102),oùl’onpeutfacilement admettre et vider l’eau, et de plus qui est d’une gran- deur proportionnée au nombre des moutons qu’on veut laver, on pratique à chacune des extrémités une vanne disposée de telle manière que le bassin ne contienne que 2 à 3 pi. d’eau. Aux deux bouts, la profondeur doit aller en diminuant insensiblement pour que les moutons puissent descendre et remon- ter facilement. Suivant M. peTri, dans un bassin de ce genre de 12 pi. de large, 60 de long, avec un nombre suffisant de travailleurs et une abondance convenable d’eau, on peut laver par jour de 900 à 1000 moutons.