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division les laines propres à la fabrication des châles, au broché, etc., et à la bonneterie d’Estame, ou objets de bon- neterie qui sont le produit de laines longues et lisses préparées à la filature par le peignage. — Enfin on peut établir une 4e division pour des laines propres à là chapellerie et qui, comme celles de Brême ou bien celles récoltées sur les moutons provenus du croisement de nos races indigènes avec des béli- ers égyptiens ou abyssins, se feutrent avec autant d’énergie que les laines ondées, lesquelles donnent un feutre ras, tandis que celles-là ont l’avantage de laisser ressortir l’extrémité des brins pour former le poil du feutre. Ces laines seraient aussi très pro- pres à la passementerie, à la confection des lisières des beaux draps noirs de Sedan, et à remplacer ce qu’on appelle le poil de chèvre d’angora dont on fabrique des étoffes légères, etc. Après que les moutons auront été rangés suiv- ant les catégories ou divisions que nous ayons fait connaître précédemment, on procédera à la tonte ; mais on peut très bien attendre après cette opéra- tion pour classer les toisons. Quoi qu’il en soit, si l’éleveur n’entreprend pas lui-même le lavage de ses laines en toison, il les exposera pendant quelques jours à l’air sur une prairie bien propre et par un beau temps, ou dans des endroits suffisamment aères, pour les faire sécher ; ensuite il les mettra en paquets, puis en balles pour les expédier ou les livrer aux marchands, bénéficieurs, laveurs de laines, ou fabricants. Pour mettre la laine en paquets on étend la toison sur une table, la face qui tenait au corps de l’animal en dessous, et on replie tous les bords sur le milieu de l’autre face. On fait du tout un paquet qu’on arrête en alongeant quelques parties de laine que l’on noue ensemble, ou qu’on lie avec des ficelles, de la paille ou de l’écorce de tilleul. Les toisons dis- posées de cette manière sont livrées, ou emballées, ou bien mises en tas jusqu’au temps de les vendre. Dans les lavoirs à façon, chez les marchands de laine qui s’occupent principalement de rassor- timent et du lavage des laines fines, où l’on reçoit des laines de troupeaux divers qui diffèrent par leurs caractères et leurs propriétés, et où l’on fait enfin un très grand nombre le qualités diverses pour répondre à tous les besoins des arts et à toutes les demandes du commerce, on doit procéder à l’as- sortiment et au triage avec plus de soin que les pro- priétaires. Les qualités les plus importantes pour les laines de premier choix, celles qui doivent servir de base à l’assortiment, sont la finesse, l’égalité du brin, le moelleux, l’élasticité, le nerf et la qualité feutrante. Généralement la finesse est la qualité qu’on recherche le plus dans la laine ; mais l’égalité du brin a une telle importance pour les étoffes feutrées, qu’à égalité de finesse, et même à finesse un peu inférieure, ou donne la préférence à la laine dont le brin est égal dans toute sa longueur. Après ces qual- ités, c’est pour les uns le moelleux et pour d’autres le nerf ou la qualité feutrante qui donnent le plus de valeur à la laine, suivant l’emploi auquel on la destine. Pour se guider dans l’assortiment des toisons, outre les caractères de la bonne et la mauvaise laine que nous avons fait connaître, on peut avoir recours à quelques autres signes extérieurs, parmi lesquels nous citerons les suivants. La structure de la toison. Cette structure est ordi- nairement caractéristique dans les bêtes fines, et avec l’examen du brin elle fournit les notions les plus exactes sur les qualités de la laine. Suivant les éleveurs allemands, une belle toison est celle qui présente une grande homogénéité, et qui est uni- forme depuis le chignon jusqu’au bout de la queue, celle où les brins sont fins, moelleux, finement ondulés, uniformément et régulièrement dévelop- pés, courant bien parallèlement entre eux, puis se réunissant vers leur extrémité au nombre de 2000 à 3000 pour former une mèche distincte, courte, ronde, obtuse au sommet et égale sur toute l’éten- due de la toison. Les ondulations du brin. La laine est d’autant plus finement ondulée qu’elle est elle-même plus fine, et le nombre de ces ondulations peut même ser- vir à déterminer le degré de sa finesse. Nous trou- vons dans les auteurs allemands la table suivante des ondulations contenues dans une longueur d’un pouce pour des laines de la Saxe de diverses qual- ités : Super-électa . . . . . .30 - 36 - 40 ondulations. Électa 1er choix — 2e choix Prime 1er choix 28 à 34 — 25 à 27 — 22 à 24 —

96 ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES LIV. IV. — 2e choix Seconde. . . . . . Troisième. . . . . Quatrième. . . . 19 à 21 16 à 18 12 à 15 10 à 12 — — — une toison les diverses qualités qu’elle peut renfer- mer. Un triage rigoureux donne cependant de la valeur aux laines ; le défaut de triage ou un triage négligé est au contraire une cause de discrédit. Pour procéder régulièrement au triage, on com- mence par jeter sur le plancher d’une pièce pro- pre et bien éclairée toutes les toisons assorties d’une même division ; on les délie, si elles sont en paquets, puis on les déroule et les étend sur une table. Toutes les loquettes ou mèches et portions détachées sont mises à part. Si les toisons sont trop serrées ou tassées, on les ouvre avec un instrument deferappeléfourchette,àpointescourtes,écartéeset recourbées, en évitant toutefois de briser la laine. Cela fait, on épluche ou nettoie la toison, c’est-à- dire qu’on enlève toutes les portions où la laine a subi quelque altération grave, ainsi que les crottins ou bien les corps étrangers d’un certain volume qui s’y rencontrent quelquefois. Tous ces rebuts, qui contiennent de la laine, sont recueillis pour être lavés à part ou avec les dessous de claies ou ordures qui passent à travers les claies au battage. Après cela on sépare encore de la toison toutes les por- tions colorées, puis celles souillées par l’urine ou les excréments et qui sont connues sous le nom de jaunes. Enfin, ce travail terminé, on déchire la toison pour séparer les diverses qualités qu’elle présente, et qui sont jetées, chacune à part, dans des boîtes, des cases ou bien des compartiments formés par des claies, en ayant le plus grand soin de ne pas mêler les qualités. Voici maintenant les principes qui peuvent servir de guide dans le triage des toisons de toute nature. Dans les toisons très communes on ne distingue guère que trois qualités, la mère-laine, sur le cou et le dos ; la seconde laine sur les côtés du corps et sur les cuisses, et la tierce, sur la gorge, le ventre, la queue et les jambes. Ce triage ne suffit pas, dès qu’il s’agit de mou- tons à laine fine, et depuis longtemps les Espagnols en avaient adopté un autre d’autant plus commode que leurs troupeaux étant fort nombreux et tous les animaux qui composent chacun d’eux étant à peu de chose près uniformes sous le rapport des toisons, la laine enlevée sur telle ou telle partie se trouve par cela seul classée commercialement. Les Espagnols appellent : 1° Rajinos ou 1re classe, la laine qui se trouve sur le dos, l’épaule, les flancs et les côtés du cou ; 2° Finos ou 2e classe, la laine du chignon et de l’arête supérieure du cou, celle qui se trouve au bas des hanches et de la partie du genou de devant au commencement de l’épaule, et celle du ventre et de la gorge ; 3° Terceros ou 3e classe, la laine du jarret de der- rière à la hanche, du genou de devant jusqu’au pied et de la partie inférieure de la gorge ; 4“ Cayda ou 4e sorte, la laine des extrémités ou les portions prises des fesses aux extrémités de derrière, entre les cuisses, etc. À l’imitation des Espagnols, les Saxons ont classé les diverses qualités de leurs belles toisons en quatre — Il y a toutefois des laines d’une grande finesse qui restent lisses et ne forment pas d’ondulations. Le tassé de la toison. Les mérinos allemands ont la laine moins tassée que les mérinos français ; cepend- ant le tassé est un caractère qui indique générale- ment que l’animal est d’une race fine et qu’il était dans une bonne condition au moment où il a été dépouillé. Une toison peu fournie et peu tassée indiquequ’unelaineestcommune,ouquel’animal sur lequel on l’a enlevée était malade ou succombait sous les coups de la vieillesse. La couleur de la laine. La laine grasse varie dans sa couleur suivant celle du suint, qui est tantôt blanc, tantôt jaune paille, tantôt jaune foncé et même brun et rouge ; néanmoins les éleveurs allemands don- nent la préférence aux laines fines dont le suint est de couleur claire et de nature huileuse, parce que non seulement elle se blanchit mieux, mais, suivant eux encore, parce qu’elle prend mieux les couleurs, surtout les plus claires, et qu’elle a plus d’éclat. Bien entendu qu’il ne s’agit ici que des laines fraîchement tondues, puisque, après un certain temps, le suint prend par l’exposition à l’air une couleur jaunâtre ou brune, plus ou moins foncée. Quant aux laines lavées, la blancheur et l’éclat sont avec la finesse les propriétés les plus recherchées. Dans le classement on ne doit assortir que des toisons où se trouve de la laine d’une égale finesse, et la laine fine ne peut guère être associée qu’avec la laine fine. On réussira d’autant mieux dans le classement qu’on assortira des laines d’animaux d’une même variét