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vivement l’une de l’autre. Il est vrai que, plus une laine est grosse, plus elle oppose de résistance ; mais la laine fine proportionnel- lement à son diamètre en oppose davantage, et à grosseur égale, un fil de laine fine filée est plus fort qu’un fil de laine commune. À finesse égale, on doit donner la préférence à la laine qui a le plus de nerf. 11°Lafacultédefeutrer.C’estunepropriétéqui dépend de la structure des brins de la laine. Les laines qui possèdent au plus haut degré cette qualité donnent aussi à la filature les fils les plus beaux, les plus égaux, à grosseur égale les plus fins et les plus solides, et après la foule les draps les mieux corsés. Cette qualité ne se rencontre guère dans toute sa perfection que dans les toisons où les mèches sont courtes et tassées ; elle s’allie très bien à une grande douceur et à beaucoup de moelleux. 12° La pureté ou la netteté. On doit donner la préférence aux toisons pures et propres, et où le sable, la poussière, les impuretés de toute nature n’ont pas absorbé le suint et enlevé à la laine sa douceur et sa souplesse. On entend aussi quelque- fois par ces mots, que dans une toison les mèches sont composées de brins bien égaux, entre eux et non pas de poils les uns fins et les autres de nature grossière, comme on le voit parfois chez les métis des premières générations. 13° La mollesse. C’est une propriété distincte de la souplesse, de la douceur et du moelleux, et qu’on apprécie au moyen du toucher. On la recherche dans les laines feutrantes pour les draps les plus fins, et c’est une qualité nécessaire dans les laines de pei- gne pour la fabrication des cachemires, des méri- nos, bombasins, etc. § ii. — Défauts de la laine. 1°Lainefeutrée.Onnommeainsilestoisonsoù les brins, au lieu de croître parallèlement, s’en- chevêtrent et s’enlacent les uns dans les autres, de manière à former une sorte de feutre qu’on ne peut ouvrir sans rompre la laine. C’est un grave défaut qui rend cette substance impropre à la fabrication des étoffes. Les mérinos purs présentent rarement cette imperfection; on la trouve parfois chez les métis et fréquemment chez les moutons communs. 2° Laine fourchue. C’est le résultat d’une maladie chez l’animal, ou du passage subit d’une nourrit- ure pauvre, prolongée pendant longtemps à une nourriture abondante, salubre et de bonne qualité, ou réciproquement. La laine, arrêtée dans sa crois- sance, meurt à son extrémité, mais elle reste unie près de sa racine avec la nouvelle laine qui pousse et forme ainsi un brin double dont les deux filaments se séparent au moindre effort. 3° Laine morte. C’est le résultat de la vieillesse chez les moutons, ou d’une maladie de l’animal, pendant laquelle la laine cesse de croître et meurt. Dans ce derniercas,lorsquelasantéserétablit,l’ancienne laine est chassée par la nouvelle et se détache avec facilité. Ni l’une ni l’autre de ces deux laines n’ont de prix pour le fabricant ; l’une a perdu ses qualités et prend mal la teinture, l’autre est ordinairement trop courte lors de la tonte, et se perd au lavage, etc. 4° Laine inégale. Cette laine est à son extrémité plus grosse, moins ondulée et moins élastique que dans le reste du brin, et souvent est morte dans cette partie de sa longeur. Un mauvais régime chez les moutons en est souvent la cause. On la rencontre aussisouventchezlesmétisdes4premièresgénéra- tions. 5° Laine vrillée. La laine vrillée, tordue ou cor- donnée, est celle dans laquelle les brins, tournant sur eux-mêmes, s’enlacent les uns dans les autres pour former de petits cordons ou écheveaux, dont la réunion forme des sortes de mèches spirales, ter- minées par on nœud ou boulon ; ce défaut rend cette laine peu propre à la carde. C’est aux épaules qu’il faut surtout la chercher dans une toison. 6° Poils raides ou Percanino des Espagnols. Ces poils, qu’on rencontre quelquefois même dans les plus belles toisons, sont courts, pointus, luisants, lisses, d’un blanc brillant et plus gros près de leur racine. Ils ne jouissent d’aucune des propriétés de la laine et s’en séparent en grande partie au lavage, au battage, etc. Ils n’ont d’autre désavantage que de diminuer la quantité de la bonne laine sur le dos de l’animal, et d’augmenter inutilement le poids des toisons. 7° Les jarres ou poils de chien. Les jarres sont des poils longs qui s’élèvent au-dessus de la toison et qu’on remarque surtout aux aines, aux cuisses, à la queue et aux plis du cou ; ils sont dépourvus de dou- ceur et ne prennent qu’imparfaitement la teinture, c’est un des plus grands défauts des toisons quand on les rencontre en grande quantité, et une laine jarreuse ne peut servir qu’à des ouvrages grossiers. 8° Laine bourrue. On donne ce nom à des brins qu’on rencontre surtout chez les métis des 1ers degrés, et qui, par suite de leur plus fort diamètre et de leurs ondulationsirrégulières,manquentdemoelleux.Ils s’élèvent en quantité plus ou moins grande au-des- sus des mèches et nuisent beaucoup, en fabrique, à

CHAP.5e CLASSEMENT ET TRIAGE DES LAINES 93 l’égalité, à la douceur et à l’uniformité des produits manufacturés. 9° Laine plate. Cette laine, en fabrique, se prête mal au filage et nuit à la bonté, au feutrage et à la solidité des étoffes ; elle manque d’ailleurs en partie de douceur, d’éclat et de moelleux ; il suffit pour la reconnaître, quand le toucher est exercé, de rouler quelques brins entre les doigts. 10° Laine maigre. C’est la suite de la mauvaise nourriture des moutons. Cette laine, au premier coup d’œil, paraît être fine, mais elle manque des qualités recherchées dans les fabriques ; elle est faible, sèche, tendre, matte, terne, et a perdu sa douceur et son élasticité. 11° Laine brouillée. On donne ce nom aux toisons dans lesquelles les brins se croisent et s’entrelacent, et, par suite de l’inégalité de leurs ondulations, ne croissent pas dans une direction parallèle. Cette laine a peu de valeur, parce qu’elle est difficile à travailler, qu’elle ne peut donner des produits de 1re qualité et prend mal les couleurs claires. 12° Laine sèche et cassante. La sécheresse et la facil- ité à se rompre dénotent généralement