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devant les réunir presque toutes au plus haut degré, il sera facile, d’après ce que nous en dirons, de juger de la nature des laines plus communes ; ensuite, nous procéderons, d’après les mêmes principes, à l’énumération des défauts ; seulement nous rappel- lerons auparavant que les laines françaises peuvent être divisées en laines indigènes, laines de mérinos métis, laines de mérinos purs, et laines longues des moutons anglais, importés en France, ou de leurs métis. § ier. — Qualités de la laine. Nous pensons qu’il est superflu d’entrer dans des détails techniques sur la structure du brin de la laine, sur son mode de croissance et autres objets dont la connaissance est de peu d’utilité dans la pra- tique ; ce que nous croyons devoir rappeler ici, c’est que les laines indigènes, métis ou mérinos pures, ont des caractères propres et spéciaux qui ne permet- tent pas à un œil exercé de les confondre. Ceci posé, voici les qualités qu’on doit surtout rechercher dans les laines de 1er choix, d’après les agronomes français et allemands les plus habiles dans cette matière : 1° La finesse. C’est la qualité principale de la laine, et celle qui lui donne généralement la plus haute valeur vénale. La finesse est le plus sou- vent un indice des autres qualités précieuses qu’on recherche dans ce produit ; elle se mesure par la grandeur du diamètre de chaque brin ; une laine est d’autant plus fine que ce diamètre est plus petit. Les laines fines de mérinos sont ordinairement ondées ou ondulées, c’est-à-dire forment sur leur longueur un certain nombre de courbures ou ondulations ; en général, plus ces ondulations sont petites, basses, étroites et multipliées, plus la laine a de finesse. 2° L’égalité du brin. On entend par ces mots que le brin est uniforme et d’un diamètre parfaite- ment égal à l’extrémité, au milieu ou à sa racine. C’est une qualité précieuse pour la fabrication des beaux tissus, qui ne se rencontre guère que chez les troupeaux perfectionnés et accompagne presque toujours la grande finesse. 3° Le parallélisme des brins. On désigne ainsi la structure identique, la netteté et l’uniformité dans la croissance et la longueur des brins. Ces brins, rapprochés par groupes de 10 à 15, uniformé- ment ondés, se suivant parallèlement dans toutes leurs ondulations depuis leur racine jusqu’à leur extrémité, doivent se réunir en groupes pour former près de celle-ci une mèche bien distincte et dans laquelle on n’aperçoit pas des poils ou brins courant ou se dirigeant au hasard. Une toison bien nourrie, c’est-à-dire celle ou les brins se pressent et se tassent ainsi parallèlement, offre un des caractères d’une laine très perfectionnée. 4° L’élasticité. Toutes les laines sont élastiques, mais non pas de la même manière. Une laine dont le brin est grossier, dur et raide, reprend presque instantanément son volume primitif quand on la presse en masse d’une manière quelconque ; une laine fine, au contraire, ne reprend le sien qu’avec une certaine lenteur. En tirant un brin de laine entre les doigts, jusqu’à le rompre, on remarque dans les laines fines que les bouts rompus se retirent sur eux- mêmes en reformant leurs ondulations primitives, tandis que les bouts d’une laine commune traitée de la même manière, restent à peu près droits et ne reprennent plus leur forme première. En masse, la laine fine comprimée peut être réduite proportion- nellement à un plus petit volume que la laine com- mune. L’élasticité est une qualité précieuse pour la fabrication, et qu’il faut apprendre soigneusement à apprécier. 5° La longueur. C’est un caractère qu’on peut prendre en considération. Généralement la finesse et les autres qualités précieuses de la laine ne se sont guère rencontrées jusqu’ici que dans des laines qui ne sont ni courtes ni longues, c’est-à-dire dont le brin étendu a de 2 et demi à 4 pouces de longueur. Les fabricants d’étoffes foulées préfèrent les laines fines et courtes ; l’éleveur, au contraire, devrait s’ef- forcer d’obtenir des laines fines et longues. Le brin moelleux et transparent d’une laine fine s’allonge ordinairement, par suite de ses ondulations, des deux tiers environ de la longueur de la mèche. 6° Le moelleux est une qualité qui donne aux étof- fes un toucher soyeux, plus recherché quelquefois que la finesse. Une laine est d’autant plus douce et moelleuse que le brin en est plus fin, plus rond, plus égal, et les ondulations plus petites. C’est par le toucher qu’on juge de cette qualité. On appelle revêche une laine qui manque de moelleux et de douceur. 7° La souplesse. Une laine élastique et moelleuse cède au plus léger effort de pression, et une laine souple, tirée suivant le sens de sa longueur, s’al- longe jusqu’à un certain degré avant de se rompre. Il arrive parfois que les laines d’une moindre finesse sont plus souples que des laines très fines.Cette pro- priété repose sans doute sur la structure organique du brin. 8° La légèreté est une qualité qui, dans la laine des animaux bien portants, doit, selon les règles, accompagner la finesse, la douceur, le moelleux et la blancheur du suint. Elle est très recherchée des fab-

92 ARTS AGRICOLES : LAVAGE DES LAINES LIV. IV. ricants, puisqu’avec un même poids de laine saine on fabrique une plus grande surface d’étoffe, et que le produit est plus léger et mieux corsé. L’éleveur doit toutefois veiller à ce que les toisons de ses ani- maux ne deviennent pas trop légères, et s’efforcer de suppléer à la légèreté spécifique du brin par la densité et le tassé de la toison. Il ne faut pas confon- dre cette qualité avec la légèreté des laines mortes ou d’animaux malades. 9° Le lustre, l’éclat ou le brillant. Presque toutes les laines possèdent cette propriété, mais elle se ren- contre à un degré éminent dans la laine des méri- nos. Ce sont les laines de ce genre les plus fines, les plus moelleuses, celles où les brins courent bien parallèlement, qui la possèdent au plus haut degré et chez lesquelles elle se conserve en grande par- tie après toutes les manipulations en fabrique. Une laine matte désigne un animal malade. 10°Lenerfoulaforce.C’estlarésistanceplusou moins forte que le brin oppose à la rupture quand on y suspend un poids, ou bien lorsqu’on le prend entre le pouce et l’index de chaque main et qu’on écarte celles-ci assez