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CHAP.4e RÈGLES PRATIQUES SUR L’ÉDUCATION DES POULETS 87 les premiers temps de l’incubation. Mais il faut plus d’attention quand il survient des variations brusques de température dans l’atmosphère, ou quand on a été obligé par une cause quelconque de changer ou de modifier l’allure des couvoirs, ou enfin les jours qui précèdent la naissance des poulets et ceux où ils éclosent. § iii. — Naissance des poulets. Le terme moyen auquel les poulets éclosent est le 21e jour de l’incubation ; ce terme, au reste, suiv- ant les observations des naturalistes, peut varier beaucoup, par des causes, la plupart inconnues, comme on le verra par le tableau suivant des termes extrêmes et moyens de l’incubation des oiseaux domestiques. Quelques faits mieux observés auraient peut- de l’endroit où elle a commencé à être brisée, et en frappant dessus à petits coups avec un corps dur. Dès que cela est fait, les efforts du poulet suffisent pour séparer l’une de l’autre les deux parties de la coquille. Quelquefois l’introduction de l’air dans la coquille a séché les portions du blanc de l’œuf qui humectait les plumes appliquées contre la mem- brane, et le poulet se trouve fixé à sa place ; pour le tirer ne cette position, on peut briser la coquille en morceaux ; mais il vaut mieux, pour ne pas le faire souffrir, mouiller avec le bout du doigt ou avec un linge fin, légèrement humecté, tous les endroits où le duvet est collé ; le poulet se dégage alors lui- même. § iv. — Premiers soins à donner aux poulets. Les poulets qui viennent de naître dans les fours, les couvoirs ou les étuves, s’y ressuient peu à peu, et au bout d’une heure ou deux cherchent à faire usage de leurs jambes. Pour qu’il ne leur arrive aucun mal, on les dépose presque aussitôt dans une boîte ou un panier de forme indifférente, qu’on replace dans le four, l’étuve, ou la mère artificielle, où on peut les laisser ainsi 24 ou 30 heures sans songer à eux et sans qu’ils soient pressés par la nécessité de manger. On leur en fait naître l’envie en jetant devant eux quelques miettes de pain, soit seules, soit mêlées à des jaunes d’œufs durs et des grains de mil- let; plusieurs essaient sur-le-champ de faire usage de leur bec, et au bout de 24 heures on les verra tous becqueter les miettes et les grains qu’on aura mis a leur portée. Si on a soin de placer dans leur boîte un petit vase rempli d’eau tiède, on en verra qui iront y plonger le bec et avaler, en élevant la tête, la goutte d’eau qu’ils y auront puisée. Dès qu’ils auront mon- tré du goût pour manger et pour boire, on sortira la boîte de l’étuve et on en relèvera le couvercle ; la lumière leur donnera de la gaîté, de l’agilité et de l’appétit, surtout si le soleil brille sur l’horizon et qu’on les expose à ses rayons. Lorsque l’air n’est pas extrêmement doux et que le soleil ne luit pas, après les avoir laissés jouir du grand air pendant un quart d’heure, on les fera rentrer dans l’étuve, pour les en retirer au bout de 2 à 3 heures , et leur faire faire un 2e repas. On leur en fera faire 5 à 6 pareils par jour ; plus on les multipliera, mieux ils se porteront. Après qu’ils ont mangé et respiré un air plus pur, la cha leur leur est nécessaire. Le traitement du 2e jour et des suivants doit être semblable à celui du 1er, et on le continuera plus ou moins, suivant la saison. En hiver, on pourrait les tenir au four pendant un mois ou 6 semaines, mais il vaut mieux, au bout de 3 à 4 jours, cesser de les y faire rentrer, afin de les élever avec moins de sujétion. § v. — Des chapons conducteurs des poussinières et mères artificielles. Les poulets éclos dans les fours ou les couvoirs OISEAUX DOMESTIQUES. TERME le plus faible. TERME le plus ordinaire. TERME le plus fort.

Dindes couvant des œufs de . . . . . . . . . . . .

Poules couvant des œufs de . . . . . . . . . . . . Poules. Canes. Dindes. Canes. Poules.

Canes . . . . . . . . . . . . . . . . . Oies . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pigeons ................

17 24 24 26 19 28 27 16 24 27 26 30 21 30 30 18 28 30 30 34 24 32 33 20

être rendu aisément compte de ces anomalies ; ainsi M. dumas a eu l’occasion de se convaincre plu- sieurs fois et d’une manière positive, que les œufs qui ne sont pas récemment pondus se développent plus tard que les autres, et de rappeler que l’incuba- tion ne commence réellement que du moment où le jaune a acquis la température de 30° à 32° R.

Le poulet a besoin d’un rude travail avant que de naître. D’abord il pratique, en frappant sur sa coquille au moyen d’une petite proéminence cornée dont le bout de son bec est armé, une fêlure sim- ple et courte, ce qu’on appelle bêcher. Cette fêlure sous ses coups s’étend, se multiplie, s’agrandit ; quelquefois l’écaille tombe et laisse à découvert la membrane qui tapisse l’intérieur de la coquille ; en même temps on entend de petits piaulements qui témoignent de l’impatience de ces animaux pour sortir de leur prison. Enlin, cette coquille étant frac- turée, l’animal déchire ses enveloppes membraneu- ses et sort de l’œuf tout mouillé et se soutenant à peine sur ses jambes. Au bout de quelques heures il se sèche, se tient droit sur ses pattes, et est revêtu d’un duvet fin et léger. Les poulets naissent ordinairement par leur pro- pre force ; mais quand ils restent dans leur coquille 24 heures ou plus après qu’elle a commencé à paraître béchée, c’est un signe qu’ils ont besoin de secours étranger pour les en dégager. Le poulet peut être trop faible pour achever l’ouvrage qui lui reste à faire, et on lui rend alors un grand service en cassant la coquille dans toute la circonférence

88 ARTS AGRICOLES : INCUBATION ARTIFICIELLE LIV. IV. sont privés de leur mère et doivent cependant, une fois qu’on les a habitués à vivre à l’air libre, être garantis du froid et de l’humidité, surtout pendant la nuit. Ce qu’il y a de mieux à faire dans une ferme quand on