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avec un couteau bien tranchant; on donne issue au pus en la pressant avec les doigts, et on lave la plaie avec du vinaigre, de l’eau ou du vin sale. Pendant la convalescence, il faut soumettre la poule à un régime rafraîchissant, lui donner de la laitue, du son d’orge ou du seigle bouilli. 3° Diarrhée. — Cette maladie est occasionnée par une trop grande quantité de nourriture humide; on nourrit les poules qui en sont attaquées avec des pois cuits, de l’orge ou du pain trempé dans du vin; lorsqu’elle persiste, on leur fait prendre une infusion de camomille dans du vin chaud. 4° Constipation. — Elle est due en général à une trop grande quantité de nourriture sèche et échauffante, comme l’avoine et le chènevis. On reconnaît qu’une poule en est atteinte lorsqu’elle s’arrête souvent comme pour fienter sans résultat ; on lui fait prendre alors une ou deux cuillerées d’huile d’olive, et si le mal s’opiniàtre, ou qu’elle se refuse à ce remède, on lui donne un peu de manne délayée dans de l’eau avec de la farine de seigle et un peu de laitue hachée bien menu. 5° La goutte. — On reconnaît cette maladie à la roideur et quelquefois au gonflement des jambes, et à l’impossibilité où les poules se trouvent de se tenir sur les perches du poulailler. Elle est causée par l’humidité. Il suffit de tenir les poules dans un endroit sec et chaud pour la faire disparaître. 6° La toux est une des maladies les plus fatales aux poules. Celles qui en sont attaquées font entendre une toux sourde, elles sont haletantes et souvent même menacées de suffocation par l’accumulation dans les voies respiratoires d’un grand nombre de petits vers rouges dont on parvient à les débarrasser par des décoctions amères. 7° La roupie est une maladie qui se manifeste par un écoulement d’humeur par les narines. Les yeux de la poule sont éteints, on la voit trembler, se plaindre et bientôt mourir. Cette maladie est contagieuse; on doit mettre à part les poules qui en sont atteintes, les tenir dans un endroit très-chaud et leur donner une bonne nourriture. 8° Pustule. — On remarque souvent sur le corps des volailles de petites pustules qui les font languir. Cette affection est aussi contagieuse; on séquestre l’animal qui en est atteint, et on lui fait prendre de la laitue hachée et de l’eau dans laquelle on a jeté des cendres de bois : on peut hâter la guérison en frottant les pustules avec de la crème ou du beurre frais. 9° Fracture. — Quand une poule s’est cassée la patte, la cuisse ou un ergot, il faut l’enfermer avec une bonne nourriture et de l’eau fraîche dans une chambre où elle ne puisse rien trouver pour se percher ; il faut se garder de lier la partie blessée, le repos suffit pour la guérir. 10° Plaies. — Les plaies qui résultent d’un combat ou d’un accident doivent être lavées tour à tour avec de l’eau-de-vie laudanisée et du beurre frais ; celles des yeux, avec de l’eau et du lait. 11° Vermine. — Est due à la malpropreté. Des soins de propreté suffisent en général pour la détruire. On emploie avec succès les lotions avec la décoction de cumin ou d’absinthe poivrée et l’eau de savon. 12° La mue est une maladie périodique commune à tous les oiseaux. Ils sont alors tristes et mornes, leurs plumes se hérissent, ils les secouent souvent pour les faire tomber ou les tirent avec leur bec; ils mangent peu ; quelques-uns succombent, surtout les poulets tardifs qui ne muent que dans le temps des vents froids d’octobre. Pour garantir la volaille des dangers de la mue, il faut la tenir chaudement, la faire rentrer de bonne heure, ne point la laisser sortir trop matin, à cause du froid et de l’humidité, et la nourrir de millet et de chènevis.

SECTION III. — Du dindon.

Le dindon (fig. 325) est originaire d’Amérique. Il a été apporté en France sous François Ier. Sa couleur varie du noir au blanc; sa tête et son cou, presque entièrement dégarnis de plumes, sont recouverts des caroncules charnues qui passent rapide- Fig. 325.

ment du blanc au rouge et au bleu, selon l’état paisible ou animé de l’oiseau. Le mâle se distingue principalement de la femelle dans l’âge adulte par le développement de ces caroncules, qu’il peut allonger ou rétracter à volonté. Le milieu de son poitrail est garni d’une touffe de poils roides, ses pattes sont armées par derrière d’un éperon qui manque à la femelle, et sa queue se développe en forme de roue, comme celle du paon. Le coq d’Inde est le maître des basses-cours ; il tyrannise toutes les autres volailles, se livre facilement à de violentes colères, même contre les hommes, lorsqu’on le tourmente, lorsqu’on l’excite par des sifflemens ou par la vue d’étoffes rouges. Son éducation est plus difficile, mais plus profitable que celle d’aucun autre oiseau domestique. La poule d’Inde ne commence guère à pondre qu’à un an ; elle aime à établir son nid dans des lieux cachés, dans des buissons, dans de hautes herbes, autour des fermes. Quand elle va à l’endroit qu’elle a choisi pour déposer ses œufs, elle examine attentivement si l’on suit ses pas ; elle fait mille détours, elle emploie mille ruses pour échapper aux regards : la plupart du temps, elle parvient en effet à s’y dérober. Il en résulte presque toujours que ses œufs sont perdus pour la fermière et deviennent la proie des chiens, des renards, des belettes ou des rats. Il n’y a qu’un seul moyen d’éviter les pertes résultant de ce pernicieux instinct ; c’est de palper la poule tous les matins pour reconnaître si elle doit pondre dans la journée, et de la tenir enfermée jusqu’à ce qu’elle ait donné son œuf. Ordinairement elle ne pond que tous les deux jours, à moins que la saison ne soit très-chaude. On lui met ordinairement 20 œufs dans son panier. Pendant l’incubation elle n’a pas besoin d’être entourée d’autant de précautions que les poules. Rarement on l’enferme dans un panier, on se contente d’établir son nid sur de la paille douce ; on met devant elle à boire et à manger pour qu’elle puisse se satisfaire quand elle se sent pressée par la soif ou par la faim. Sa constance est bien plus grande que chez la poule, elle se prête volontiers à faire deux ou trois couvées de suite, mais alors ses forces s’affaiblissent tellement qu’il devient nécessaire de la lever et de lui faire prendre l’air chaque jour: il ne faut point abuser de cette précieuse faculté qui pourrait lui devenir fatale. Les petits dindons naissent ordinairement avec un petit bouton jaunâtre sur la pointe supérieure du bec ; on le leur retire avec une épingle. Comme ils sont très-sensibles au froid, on doit faire en sorte qu’ils éclosent en mai, et que l’endroit où on les laisse aller et venir soit chaud. A leur naissance, on les nourrit comme les jeunes poulets ; on doit souvent les forcer à manger, parce que leur stupidité naturelle est si grande, qu’ils négligent quelquefois de prendre leur nécessaire. Après 8 jours on diminue leur nourriture et on les laisse aller brouter l’herbe dans les environs. Alors on leur donne encore un mélange de salades cuites et hachées, d’orties, de pois, du gruau cuit dans du lait, par exemple, de l’avoine, du petit blé, etc. Quand ils sont âgés de 18 à 20 jours, on leur donne aussi un peu d’absinthe et du lait caillé dans leur salade,