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hauteur ; on recouvre cette paille d’une couche de crottin de cheval, et ensuite d’une autre couche de terre sur laquelle on répand du sang de bœuf ou de tout autre animal, avec du marc de raisin, de l’avoine, du son, des tripailles, des charognes, etc., et ainsi de suite, jusqu’à ce que la fosse soit remplie. On recouvre le tout de broussailles et de larges pierres pour empêcher la volaille d’y gratter. Cette espèce de couche ne tarde pas à entrer en putréfaction, et à donner naissance à des milliers de vers et d’insectes. Chaque matin un homme tire, en trois ou quatre coups de bêche, la portion de la journée, et la répand dans un coin de la basse-cour : car il serait dangereux de laisser la volaille en manger à discrétion. Ce supplément de nourriture entretient la santé des poules, leur aiguise l’appétit et accélère la ponte.

§ IV. — Conservation des œufs et des plumes.

Les œufs doivent être placés dans des endroits secs, sans que la température y soit trop élevée. L’air extérieur, communiquant par les pores de la coquille avec l’air qui se trouve à l’intérieur, déterminerait bientôt la décomposition et l’évaporation graduelle de l’œuf, si on ne l’interceptait en couvrant la coquille d’un enduit, la trempant dans l’huile ou la couvrant d’eau de chaux, de grain bien sec, de sable pur ou de sciure de bois. Les plumes doivent être arrachées aussitôt après la mort de l’oiseau et pendant qu’il est encore chaud, autrement elles manqueraient de cette élasticité qui fait leur valeur et pourraient se gâter. Il faut se hâter de les faire sécher au four de peur qu’elles ne s’échauffent et s’attachent ensemble. On plumait quelquefois les poules vivantes avant le moment de la mue, mais cette pratique cruelle est généralement abandonnée aujourd’hui.

§ V. — Du chapon et des poulardes.

La castration des coqs s’opère dans le but de rendre leur chair plus grasse et plus délicate ; on la pratique ordinairement au printemps ou en automne, car les chapons qu’on coupe en été sont souvent attaqués de la gangrène. C’est à l’âge de quatre mois, ou environ, qu’il convient de châtrer les coqs. Pour faire cette opération, on se munit d’un instrument bien tranchant et d’une aiguille enfilée d’un fil bien ciré, et on procède ainsi : Un aide assujettit l’animal sur le dos, la tête en bas, pour que l’intestin, refoulé vers la poitrine, ne soit pas aussi exposé à être blessé par l’instrument avec lequel on ouvre le ventre ; le croupion tourné vers l’opérateur, la cuisse droite tenue le long du corps, et la cuisse gauche portée en arrière, afin de découvrir le flanc gauche sur lequel sera faite l’incision. C’est en bas de cette région que l’opérateur, après avoir arraché les plumes, fait une incision qui pénètre dans le ventre et doit être assez grande pour qu’on puisse y introduire le doigt. Il est prudent, au moment où on fait cette incision de soulever un peu les parois du ventre qu’on incise, pour les écarter des intestins, et être plus sûr de ne pas atteindre ces viscères avec l’instrument. Si quelques portions intestinales tendent à s’échapper par la plaie, l’opérateur les retient ; puis introduisant le doigt indicateur dans l’abdomen, il le dirige vers la région des reins, un peu sur le côté gauche de la ligne médiane : là il sent un corps à surface lisse, du volume d’un petit haricot, et peu adhérent ; il l’arrache, et l’attire jusqu’à l’ouverture par laquelle il le fait sortir. Ce corps échappe quelquefois avant d’être extrait, et ne peut se retrouver ; mais il ne faut pas s’en inquiéter, car s’il a été bien détaché, il peut rester dans le ventre sans inconvéniens. On procède de la même manière pour le second testicule, qui se trouve à côté du premier à droite de la ligne médiane ; puis on rapproche les lèvres de la plaie, qu’on maintient en contact par quelques points de suture, et l’opération est terminée. Les soins à donner à l’animal après la castration consistent à le placer pendant quelques jours dans un lieu à température douce, où il ne puisse faire d’efforts pour se percher, et à le nourrir avec de la farine et du son délayés dans de l’eau. On châtre les poules dans le même but. On leur arrache les plumes qui se trouvent entre le croupion et la queue ; on trouve précisément sous le croupion une petite élévation formée par un petit corps rond qui se trouve dessous ; on y pratique une incision en travers et assez large seulement pour pouvoir y introduire le doigt et faire sortir cette grosseur qui ressemble à une glande, c’est l’ovaire. On la détache, on coud ensuite la plaie, on la frotte avec de l’huile et on la saupoudre de cendre.

§ VI. — Engraissement des chapons et des poules.

Quand on veut engraisser un chapon ou une poularde, on les met dans une épinette ou mue, espèce de cage composée de plusieurs loges assez étroites pour que la volaille ne puisse pas s’y remuer, et disposée de manière que la tête de l’animal sorte par un trou. Le plancher de cette cage est à claire-voie, et donne passage aux excrémens. Au-dessous du trou dont nous avons parlé, se trouve une petite auge qui règne tout le long des cellules et contient la nourriture. On place ces mues dans un endroit chaud et obscur. Au Mans on fait avaler deux ou trois fois par jour à la volaille 7 à 8 boulettes de farine de millet, maïs, sarrasin, orge et avoine trempées dans de l’eau ou du lait, sans leur donner à boire. Au bout de quinze jours elles sont chargées de graisse.

§ VII. — Maladies des poules.

Les maladies des volailles sont généralement le résultat d’une mauvaise nourriture, de la disette ou de la malpropreté de l’eau, et de l’infection des poulaillers ; aussi une bonne alimentation, une eau souvent renouvelée et des soins de propreté sont les remèdes les plus convenables. — Outre les signes particuliers de chaque maladie, on reconnaît qu’une poule est malade aux caractères suivans : sa crête pâlit, ses plumes se ternissent, se hérissent, sa démarche devient lente et triste. 1° De la pépie. — Cette maladie, qui attaque fréquemment la jeune volaille, a presque toujours pour cause la disette ou la malpropreté de l’eau. La poule cesse de manger et de boire, a l’air triste et se tient à l’écart ; sa voix devient rauque et frêle, elle ouvre souvent le bec comme si sa respiration était gênée, et remue la tête comme pour éternuer ; sa langue prend une teinte jaunâtre, et on voit bientôt se développer à son extrémité une pellicule cornée d’un blanc mat qu’il faut enlever doucement avec une aiguille ou un canif ; on lave ensuite la plaie avec du vinaigre, et on l’enduit de beurre frais ; on tient l’animal enfermé quelques jours, et on le nourrit de son mouillé. 2° Maladie du croupion. — Elle est produite par la malpropreté et l’infection du poulailler ; elle s’annonce par la constipation. La poule devient triste, sa démarche est lente, sa tête penchée ; elle ne gratte plus, son sommeil est pénible, sa queue traînante et ses plumes hérissées ; il se forme au-dessus du croupion une tumeur que l’on incise