Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, II.djvu/569

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il est des poules qui cassent et mangent non-seulement les œufs qu’elles ont pondus, mais encore ceux des autres volailles ; il faut les mettre à part, se hâter de les engraisser et de les tuer. Sitôt qu’une poule chante comme le coq, elle devient impropre à la ponte, ses œufs sont petits et n’ont presque point de jaune : il faut aussi l’engraisser et la tuer.

§ II. — Fécondité des poules.

Les poules n’ont pas besoin d’être cochées pour produire des œufs, mais les poules vierges produisent moins et leurs œufs sont impropres à l’incubation. On prétend qu’ils sont plus délicats et se conservent plus longtemps. Une bonne poule pond chaque année de 120 à 150 œufs. En général elles pondent presque toute l’année, excepté au temps de la mue, c’est-à-dire pendant les mois de novembre et de décembre ; néanmoins si, pendant ce temps, on les nourrit bien et qu’on maintienne dans le poulailler une bonne température, elles pourront donner de 3 à 4 œufs par semaine. Les jeunes poules commencent à pondre vers l’âge de 10 mois ; elles produisent des œufs plus petits et sont moins propres à l’incubation ; on choisit pour couver, les plus grosses, les mieux emplumées et celles qui craignent le moins l’approche de l’homme et des animaux. Chez quelques poules le désir de l’incubation se manifeste 5 ou 6 fois dans l’année ; chez d’autres 1 ou 2 fois seulement. Un fermier intelligent tirera parti de ces dispositions. Toutefois il peut se trouver qu’on ait plus d’intérêt à faire pondre les poules qu’à les faire couver, et alors il faut leur faire passer le désir de couver en les enfermant seules dans une cage, dans quelque lieu frais, obscur et loin de tout bruit. On les laisse ainsi 2 jours sans les visiter, sans leur donner ni à boire ni à manger, ce qui éteint ordinairement l’espèce d’inflammation nerveuse qui les excitait à l’incubation. Si au contraire le besoin de couveuses se fait sentir, on peut les disposer à couver par une nourriture très-excitante, en leur déplumant le dessous du ventre, et enflammant la partie déplumée en la frottant avec des orties, ou quelque liqueur alcoolique. Les poules qui se disposent à couver pondent chaque jour, et même quelquefois deux fois par jour. On reconnaît que le moment de l’incubation approche lorsqu’elles cessent de pondre et qu’elles gloussent presque continuellement, que leur démarche est inquiète et que leur ventre se dégarnit de plumes, devient brûlant, et qu’elles se posent d’elles-mêmes sur tous les œufs qu’elles rencontrent. Il faut alors préparer dans un endroit séparé du poulailler, chaud, sec, à l’abri des fourmis et autres animaux, un nid bien garni de foin. Ces nids consistent en paniers d’osier de la grandeur de la poule, que l’on ferme par un couvercle à claire-voie pour laisser pénétrer l’air, et que l’on recouvre d’une toile pour intercepter le bruit et la lumière. On peut donner à une poule une douzaine d’œufs à féconder, si la couvée a lieu pendant un temps froid, parce qu’il est plus difficile alors d’échauffer les œufs ; en été, on peut lui en donner de 15 à 18, si elle est large et en état de les bien couvrir. Les œufs les plus propres à être couvés sont ceux des poules d’un an qui ont été couvertes par un jeune coq ; ils ne doivent pas avoir plus de 20 jours, ne doivent pas surnager sur l’eau, et doivent être transparens lorsqu’on les examine au soleil. La poule couve avec tant de constance qu’elle se laisserait souvent mourir d’inanition sur ses œufs, si l’on n’avait soin de l’en ôter pour la faire boire et manger, au moins une fois par jour. On profite de son absence pour mettre de côté les œufs cassés ou froids ; mais il faut se garder de les remuer, la poule les retourne elle-même quand cela est nécessaire. Quelques ménagères placent auprès d’elles de l’eau et du grain pour qu’elles puissent manger sans se déplacer ; cet expédient est même le meilleur, lorsque les couveuses sont en petit nombre et très-tranquilles. Dans les temps chauds et secs, il faut avoir soin de baigner chaque jour les œufs dont l’incubation est avancée, pour leur conserver l’humidité nécessaire à l’éclosion. Au bout de 20 à 22 jours tous les poussins doivent éclore. Le poulet, jusqu’alors roulé en boule avec son bec sous l’aile droite comme un oiseau endormi, commence ordinairement, le matin du 22e jour, à se frayer un chemin à travers la coquille. On visite alors le nid, et on jette les œufs clairs ou pourris. Si la coque de l’œuf est très-dure, on favorise la sortie du poussin en frappant avec précaution sur le gros bout de l’œuf, et en détachant avec une épingle les morceaux brisés de la coquille. Si le petit a commencé à se faire jour, mais qu’il soit trop faible pour se dégager entièrement, on ranime ses forces en lui faisant avalée dans une cuillère quelques gouttes de vin. Les chapons, les vieux coqs et les dindes peuvent aussi couver les œufs et conduisent ensuite les poussins avec autant de vigilance qu’une poule.

§ III. — Education des jeunes poulets.

Quand tous les poussins sont éclos on les sort du nid avec leur mère et on les place dans un endroit chaud où ils puissent se promener sans danger. Le premier jour, leur bec étant encore trop tendre pour qu’ils puissent manger, on soutient leurs forces avec du vin. Tous les soirs on les replace dans le panier où ils ont été couvés, pour que leur mère les tienne chaudement sous ses ailes pendant la nuit. La première nourriture qu’on leur distribue doit être de la mie de pain trempée dans du vin, ou mêlée avec des œufs durs hachés très-menu; puis, lorsque leur bec commence à se durcir, on leur donne des criblures de blé ou autres grenailles fines. On la leur distribue sous une cage (fig. 323) dont les barreaux sont assez espacés pour laisser pénétrer les poussins, mais pas assez pour donner passage aux volailles. La mère veille à tous leurs besoins avec la plus vive tendresse, les appelle dès qu’elle a trouvé quelque nourriture, et ne mange elle-même que lorsqu’ils sont rassasiés ; elle les réunit et les couvre de ses ailes au moindre danger et se jette avec courage sur tous les ennemis qui les menacent. Dès que les poulets ont pris de la force, la mère les mène plus loin, dans les cours, les écuries et les jardins, où non-seulement ils trouvent à se nourrir d’insectes et de graines, mais encore de verdure ; cependant, quelque abondante que soit la nourriture qu’ils puissent rencontrer, il faut avoir soin de leur en distribuer dans la basse-cour, pour les accoutumer à y revenir et à y rester. La nourriture ordinaire des poules se compose de criblure et de son bouilli. L’orge moulue ou à demi-cuite leur est très-profitable et leur fait pondre de gros œufs. Si elles ne sont à portée d’aucune verdure, on fera bien de leur en jeter quelquefois pour les rafraîchir. 4 onces de grains par jour suffisent à celles qui sortent, et 6 à celles qui sont renfermées.On leur donne aussi des fruits gâtés, des pommes de terre cuites, etc. Le moyen le plus économique de donner le grain aux poules est de le leur distribuer moulu, délayé, et formant une sorte de bouillie ou de pâte. Dans quelques parties de l’Angleterre on se sert, pour nourrir les poules, d’une espèce de trémie (fig. 324) qui permet de ne pas perdre une parcelle de grain ; elle se compose d’un coffre qui communique par de petits trous avec un réservoir à compartimens placé au-dessous. Et comme il ne faut pas moins que la présence d’une poule sur les barres transversales qui se trouvent au bas pour soulever les couvercles des réceptacles inférieurs, les petits oiseaux ne peuvent y puiser. Pour économiser le grain, on a imaginé de fournir aux poules les vers dont elles sont avides, en établissant des verminières ; on les prépare en creusant une fosse dont on tapisse le fond d’un lit de paille de seigle hachée très-menu d’un demi-pied de