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creux de la main une nourriture dont elles soient friandes, en protégeant les plus faibles contre les attaques des autres. Elle doit finire la distribution de la nourriture chaque jour à la même heure : le matin au lever du soleil, et le soir vers 3 heures ; la moindre irrégularité dans ces distributions tourmente les poules, qui perdent à attendre leur nourriture le temps qu’elles emploieraient à chercher celle dont elles doivent se pourvoir elles-mêmes. La fille de basse-cour doit en outre passer les volailles en revue et les compter de temps à autre pour savoir si aucune d’elles ne s’est égarée : elle doit examiner si leur appétit est bon, si la nourriture qu’elles prennent leur profite, et enfin épier leurs allures afin de profiter de leurs dispositions à pondre ou à couver ; elle doit visiter de temps à autre les nids où les poules pondent, faire le triage des œufs destinés à être consommés ou couvés. La nourriture chaude paraît donner aux poules une excitation qui favorise leur fécondité : il faut la leur présenter à l’intérieur, ou à la porte du poulailler ; on attache ainsi les poules à leur demeure, et on évite que les canards et les dindons viennent leur en enlever la plus grande partie. Il faut enfin qu’une fille de basse-cour connaisse les méthodes de chaponner et d’engraisser, et qu’elle puisse reconnaître les maladies des volailles et les remèdes à employer pour les guérir.

SECTION II. — Du coq et de la poule.

La femelle du coq s’appelle poule ; le petit, d’abord poussin, puis poulet. On appelle chapon et poularde le coq et la poule que la castration a rendus impropres à la reproduction. Il existe des variétés nombreuses de poules : nous parlerons seulement des plus répandues en France. 1° La poule ordinaire (fig. 320) est en général

d’une couleur rouge brun, mais on en trouve de toutes les nuances ; tantôt elle porte une crête très-developpée, très-large ou très-longue, tantôt elle a la tête garnie d’une huppe qui parfois lui retombe au-dessous des veux ; quelquefois elle porte sous le cou une espèce de barbe charnue ayant le même caractère que la crête ; tantôt cette barbe est aussi composée de plumes et lui forme une espèce de collier. Du reste, aucun de ces caractères n’indique des qualités particulières. La qualité de ses produits, le peu de frais qu’exige sa nourriture, le petit nombre de ses maladies et la facilité de les prévenir ou de les guérir, la rendent la plus utile parmi tous les oiseaux de son espèce. 2° La poule anglaise (fig. 321) est remarquable

par les petites dimensions de toutes les parties de son corps. Ses pattes sont garnies de plumes jusqu’au bout des ongles, ses ailes sont presque toujours pendantes et traînantes sur le sol ;elle a une fort grande aptitude à s’engraisser, mais pond des œufs très-petits ; elle s’accouple facilement avec le faisan et donne naissance à un métis plus facile à élever et d’une chair presque aussi délicate que le faisan pur. On l’emploie de préférence à toute autre pour couver les petits œufs d’oiseaux qui seraient écrasés par le poids des poules communes. 3° Les poules russes (fig. 322), connues aussi

sous le nom de poules américaines, de poules de Padoue, sont remarquables par le développement extraordinaire de leurs membres, surtout de leurs pattes tres-longues et très-vigoureuses ; leur queue et leur crête sout peu développées, leur chant, dans l’âge adulte, diffère du coq commun ; il est moins aigu, moins prolongé, mais plus grave et comme enroué. Leurs œufs sont ordinairement moins gros que ceux de beaucoup d’espèces communes et teints d’une légère nuance aurore ou jaunâtre. Les poussins de cette variété sont beaucoup plus difficiles à élever que les poussins ordinaires. Ils naissent presque sans duvet et arrivent à une taille assez forte avant d’avoir pris des plumes. Aussi redoutent-ils les intempéries des saisons presque autant que les jeunes dindons. Cependant on les recherche volontiers, à cause de leur fécondité, de leur précocité et de la plus grande quantité de chair qu’elles produisent.

§ Ier. — Qualités à rechercher dans un coq ou une poule.

Un bon coq doit avoir une taille élevée, un plumage noir ou rouge-brun très-luisant, des pattes larges armées d’ongles épais et de forts ergots, des cuisses charnues et bien fournies de plumes, une poitrine large, un cou élevé, une crête droite et d’un rouge vif, les ailes fortes, la queue longue et courbée en forme de faucille, les plumes du cou longues, luisantes et retombant jusqu’au-dessous des cuisses ; il doit avoir un œil noir, sec et ardent, une démarche fière, les mouvemens vifs ; en un mot, il faut que tout son extérieur annonce la hardiesse et la force. Un bon coq est toujours près de ses poules, il veille sur elles avec un soin jaloux, les rappelle avec colère dès qu’elles s’éloignent et s’approchent d’un autre coq, et va fièrement présenter le combat à l’intrus ; il n’attaque jamais les chapons et les laisse manger tranquillement parmi ses poules ; lorsqu’on lui donne de la nourriture ou qu’il en découvre, il rassemble ses poules, la leur partage et y touche à peine jusqu’à ce qu’elles soient rassasiées. Il peut facilement servir 10 à 12 poules. S’il devenait mou et paresseux par suite du refroidissement de la température ou d’une nourriture trop rafraîchissante, il faudrait le nourrir d’alimens excitans. Le coq commence à cocher dès l’âge de 3 mois, et sa grande vigueur dure 3 à 4 ans ; ce moment arrivé, il faut le remplacer par un plus jeune. Une bonne poule doit être noire et de moyenne grosseur, elle doit avoir la tête grande, l’œil vif, le cou épais, la crête rouge et pendante et les pattes bleuâtres. Une poule trop grasse pond des œufs imparfaits, c’est-à-dire sans coquille et seulement entourés d’une membrane flexible et sans solidité.de sorte qu’il est impossible de les conserver parce qu’ils se brisent et que le contact de l’air les décompose.