gain qui payait une partie de son fourrage, mais elle était aussi fort avantageuse à la santé des moutons. Les moutons passés de la première division dans la deuxième recevaient une ration très-nourrissante qui leur était donnée toutes les 2 ou 3 heures, selon la facilité qu’ils pouvaient avoir à la digérer, et toujours par petites portions. On distribuait alternativement la nourriture la plus facile à digérer, et celle qui l’était le moins. Cette dernière consistait en grains de toute espèce, seigle, pois, orge, etc. La première consistait en racines, navets, carottes, pommes de terre, panais. Ces racines étaient hachées et mélangées avec des marcs de brasserie, un peu d’orge et de paille hachée. On n’oubliait point le sel dans cet affouragement ; on le donnait même par forte portion mélangée avec les rations ou sans mélange. On observait très-soigneusement de donner une très-petite portion de chaque aliment, parce que souvent une partie des moutons se retirait, et l’autre mangeait trop. Quand on avait choisi les plus gras dans la deuxième division, on en faisait passer un certain nombre dans la troisième, et on continuait de les nourrir de la même manière. La dernière étable était très-éclairée, ce qui facilitait au boucher le moyen d’apercevoir les moutons qui se retiraient les premiers de la nourriture qu’ils aimaient le mieux. Il les marquait sur-le-champ, parce que c’était pour lui la preuve qu’ils étaient parvenus au point d’engrais dont ils étaient susceptibles. A. BIXIO.
CHAPITRE XIV. — Commerce des bestiaux.
On a vu, dans le cours de cet ouvrage, la manière
dont s’élèvent les bestiaux et les services qu’ils ren-
dent à l’agriculture, à l’industrie et au commerce.
jNous allons maintenant les voir «[uitter les tra-
vaux de l’agriculture qu’ils ont enrichie, pour re-
produire de nouvelles richesses par le sacrifice de
leur vie.
Nous les suivrons donc de l’engrais aux marchés,
et de là à l’abattoir et à l’étal, en ayant soin d in-
diquer les matières qu’ils fournissent, leur prix
nioyeu, et les divers commerces qu’elles alimentent.
§ 1". — Estimation des bétes grasses.
La méthode ordinaire d’estimation repose sur
une grande pratique. Elle consiste à juger l’animal
par un coup d’œil juste, et à déterminer son embon-
point en le mesurant avec le bras et en le touchant.
Les parties où on lâte ordinairement les bœufs pour
s’assurer de leur état de graisse sont les plis de
la |)eau au-des-sous des flancs entre la cuisse et le
ventre, et l’endroit f)ù étaient les testicules. Toute-
fois ces indices trompent quelquefois ; on jui !e plus
sûrement, au moyeu du touclier de la masse de
graisse extérieure et de l’état de la chair en gé-
néral ; à cet effet, on examine soigneusement la
poitrine, les côtes, la colonne vertébrale, les os sail-
lans du bassin, enfin la base de la queue ; et sui-
vant que les os sont plus ou nu>ins couverts de
chair, suivant le degré de souplesse des parties
charnues, on estime le degié d’engraissement.
Pour connaître la valeur d’une bête grasse, on
doit chercher à évaluer, 1° ce que la viande pèse
avec les os, en excluant de cette évaluation la tête
et les extrémités des membres, qui n’ont pas de va-
leur ; 2" la quantité de suif qui se trouve entre les
intestins ; 3° le poids de la peau. Il serait bon aussi
d’avoir égard à la quantité de viande qui se trouve
<lans les parties les plus recherchées : le dos et la
croupe, pat exemple ; la proportion de la viande
aux os, et celle du poids de la peau au poids du
leste du corps.
Il serait avantageux, pour l’agriculteur qui veut
se livrer en gran<l à l’engraissement, de se procu-
rer une balance au moyen de laquelle il pouriait
en tout temps peser ses bœufs en vie ; car on a des
formules assez exactes pour calculer le poids de
chair nette d’après le poids de l’animal vivant. Un
tel instrument n’est ni coûteux ni compliqué. On
suspend, ;iu moyen d’une chaîne à un bras très-
court du fléau de la balance, une caisse formée
avec des planches rassemblées, d’une longueur et
d’une largeur telles, qu’une bête à cornes puisse y
entrer debout ; <m a soin de faire à cette caisse
une porte par laquelle on fait entrer l’animal que
l’on veut peser, et de placer du côté opposé un
râtelier vers leciuel on attire le bœuf en lui présen-
tant un peu de foin. La caisse repose habituelle-
ment sur le sol et y est immobile ; l’autre côté du
tléau de la ba)ance, fléau qui peut être de bois seu-
lement, est dix fois plus long que le premier, on y
suspend un bassin sur lequel on dépose les poids.
L’équilibre doit être établi par le moyen de ce bas-
sin, de manière que l’addition du poids le plus
léger fasse élever la caisse lors(|u’elle est vide.
Comme du côté du bassin, le fléau est dix fois
plus long que du côté de la caisse, tout poids que
l’on place sur ce bassin produit un effet décuple
de celui qui se trouve dans la caisse : la dixièmi !
partie d’une livre soulève une livre, et une livre en
soulève dix. Le poids du bœuf qui a été introduit
dans la caisse est atteint aussitôt que cette caisse
commence à remuer tant soit peu ; si on la faisait
élever, cela effraierait l’animal. La pesée étant finie,
on multiplie par dix le poids qui est dans le bassin,
et on a la pesanteur exacte du bœuf.
Quand on n’a pas de balance à sa disposition, on
peut avoir recours h un procédé empirique com-
muniqué par un cultivateur à M. Mathieu de Dom-
basle,qui flepuisen a toujours reconnu l’excellence»
Cette méthode est fondée sur ce principe, (pie le
poids de la viande nette est toujours dans un cer-
tain rapport avec le périmètre de la poitrine. On
procède au moyen d’une ficelle de grosseur moyenne,
bien cirée et divisée par des nœuds. Le nœud qui
indique la première division de la mesure est fixé bœuf de 350 livres étant de
1 mètre 82 centimètres, celle d’un bœuf de 700 li-
vres sera de 2 mètres 29 centimètres, et l’échelle se
trouve divisée ainsi qu’il suit, pour la longueur de
la mesure par demi-quintal de viande ;
Mesure d’un bœuf de 350 livres. 1 m. 820 mm.
_ — — — 400.. . . 1 893
— — — — ’Î50.. . . 1 905
_ — — — 500.. . . 2 30
_ — — — 550.. . . 2 105
_ _ — — 600.. . . 2 170
_ _ — — 60O.. . . 2 231
_ — — — 700.. . . 2 290
Lorsqu’on veut procéder au mesuragcd’un bœuf,
celui qui opère se place près de l’épaule gauche du
bœuf, et tenant d’une main l’extrémité non divisée
de la mesuic sur le garrot de l’animal, il passe