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de produire une chair flasque et légère, peu de lard et peu de graisse, aussi faut-il y joindre une ration de grains ou de pois. Lorsque par l’un des moyens que nous venons d’indiquer, les cochons ont atteint un point d’engraissement convenable, il faut se hâter de les tuer, autrement la cachexie graisseuse pourrait les faire périr en quelques jours. A. BIXIO.

CHAPITRE XIII. — DU MOUTON.

Le mouton est un animal domestique de la famille des ruminans à cornes creuses. Les cultivateurs désignent souvent ces animaux sous le nom de bêtes à laine ou bêtes blanches, et les vétérinaires sous celui de bêtes ovines. Le mâle adulte se nomme bélier  ; la femelle adulte, brebis. On appelle antenois ou antenoise l’animal qui vit à la deuxième année de sa vie ; agneau ou agnelle, celui qui n’a pas encore atteint cet âge ; mouton ou moutonne, le mâle ou la femelle qui ont subi la castration. Les naturalistes pensent que le mouton, tel qu’il existe à l’état de domesticité dans toutes les parties de l’ancien continent, a eu pour origine le mouflon existant encore aujourd’hui à l’état sauvage sur quelques points montagneux de l’Europe. S’il est vrai que nos innombrables variétés de moutons sont toutes sorties de cette souche unique, il faut reconnaître qu’aucun animal n’a aussi intimement subi le joug de l’homme : toutes ses parties extérieures ont été modifiées ou complètement changées ; quelques-unes ont, pour ainsi dire, été créées par la volonté et les soins du maître ; c’est un grand exemple du pouvoir qui a été donné à l’intelligence sur la brute, et qui doit nous persuader qu’il est possible aux cultivateurs de forcer également tous les animaux à satisfaire les besoins de l’homme, en leur imposant les formes et les caractères les plus convenables au temps et aux lieux. Le mouton tient du mouflon son tempérament, ses mœurs, sa stupidité : il en a l’organisation extérieure et à peu près la forme osseuse du squelette. Mais, au dehors, quels changemens nous lui avons imposés ! Le mouflon (fig. 289) est couvert de poils qui

Fig. 289.


Fig. 290. cachent quelques petits flocons de laine frisée ; nous avons détruit son poil pour le couvrir entièrement de laine. Sa queue si faible et si courte a pris un accroissement monstrueux dans une variété domestique de la Barbarie (fig. 290) ; ses cornes, qui ont disparu dans certaines variétés d’Europe, se sont doublées dans quelques variétés de l’Inde ; sa tête grosse et longue est devenue petite et courte en Espagne et en Angleterre ; en Afrique on lui a fait porter une espèce de crinière (fig. 291) ; ailleurs on lui a donné un fanon

Fig. 291.

pendant et plissé ; il était destiné à paître sur les prairies sèches des montagnes ; les Flamands, les Hollandais, les Anglais surtout l’ont forcé à se plaire dans des pâturages frais et gras ; enfin dans les Indes il est devenu omnivore et se nourrit, comme le chien, des débris du repas de son maître. En se soumettant ainsi à notre empire, le mouton a perdu entièrement la faculté de se suffire à lui-même ; il est devenu plus faible, plus délicat, il n’a pas même gardé l’instinct de sa conservation ; il ne sait plus ou ne peut plus fuir devant ses ennemis ; à peine, dans le danger, sait-il appeler par ses bêlemens le gardien qui doit le protéger. En Europe surtout, où la domestication a été plus complète, le mouton est devenu incapable de vivre sans être continuellement surveillé et dirigé par l’homme. De nos soins dépend la conservation des qualités qu’il a acquises par nous ; son régime de vie, son entretien doivent donc d’abord attirer notre attention. C’est par là que nous entrerons en matière ; car il est des principes généraux d’hygiène sans lesquels aucune race ne saurait subsister et dont tout