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liv. ii.
CULTURES INDUSTRIELLES : PLANTES TEXTILES ET FILAMENTEUSES.


tes dont on fait des chaussures, des nattes, des tapis de pied, et certains paniers légers utilisés dans les campagnes.

§ Ier. — De la Stipe.

Stipe tenace (Stipa tenacissima, Lin.; angl., Rush leaved feather grass ; all., Spanisches spartogras ; italien, Stipa tenace), plante graminée, vivace, croissant naturellement en Espagne, et que l’on pourrait acclimater aux environs de Bayonne, dans les mauvais terrains secs et montueux. Ses feuilles sont presque cylindriques, longues de 2 à 3 pieds ; son chaume s’élève à la hauteur de 3 pieds, et se termine par une panicule de fleurs dont l’une des valves se prolonge en une très-longue barbe soyeuse, ce qui d’ailleurs est commun à toutes les espèces du genre. J’aurais pu ranger celle-ci dans l’article précédent, puisqu’on lui fait subir le rouissage pour en diviser les fibres, lorsqu’on veut l’employer à la confection de certains tissus ; mais, comme ou l’emploie plutôt sans préparation, j’ai cru devoir la placer dans cette section.

Ce sont les feuilles de la plante dont on fait usage. Depuis un temps immémorial, on eu tresse une chaussure ou espèce de soulier, chez les Basques et d’autres habitans des Pyrénées. Ce sont ces mêmes feuilles qui, sous le nom de sparterie, composent les petits tapis de pied, unis ou plucheux, teints de ditférentes couleurs, usités dans les appartemens, ainsi que d’autres plus grands tapis, des nattes, des cordages, etc., d’une grande solidité. La sparterie est aujourd’hui un commerce assez étendu pour que l’on fasse l’essai de multiplier la stipe tenace en deçà des Pyrénées, et de nous affranchir de la contribution que nous payons aux Espagnols.

Le Stipe-Jonc (Stipa juncea ; ital., Stipa giunco) croit naturellement en France ; ses feuilles ont aussi une grande force et paraissent posséder à peu près les qualités de celles de la stipe tenace, mais je ne sache pas qu’on en fasse usage. Peut-être n’y a-ton pas encore pensé.

§ II. — Du Jonc.

Jonc des jardiniers (Juncus effusus, Lin.; angl., Soft rush ; all., Flattergras ; ital., Giunco commune). Celle plante, très-vivace par ses racines nombreuses et traçantes, croît sur le bord des rivières, des fossés et aux endroits humides, où elle forme des touffes qui s’élargissent de plus en plus ; au lieu de feuilles, elle n’a que des gaines courtes qui embrassent le bas de ses liges ; celles-ci sont cylindriques, striées, longues de 2 pieds, d’une ligne de diamètre, terminées en pointe aiguë, et portant une panicule latérale de fleurs à quelques pouces au-dessous du sommet. Tant que ces tiges sont vertes ou fraîchement coupées, elles conservent toute leur souplesse et toute leur force ; elles perdent l’une et l’autre en séchant, mais on les leur rend en les faisant tremper dans l’eau pendant une journée. Les jardiniers en font un grand usage pour palisser et attacher les branches de leurs arbres. Il remplace économiquement, dans beaucoup decas, la ficelle, la paille, les écorces d’arbres et d’autres liens ; on en fait des paniers, de petites nattes sur lesquelles on place les fromages pour qu’ils s’égouttent, etc. C’est le seul de tous les joncs dont la tige a assez de ténacité pour être employée à tous ces usages.

§ III. — Du Lygée.

Lygée sparte (Lygeum spartum, Lin.; angl., Rush leaved lygeum ; all., Unechtes spartogras) (fig. 27), graminée vivace de l’Europe méridionale et qui prospère bien sous le climat de Paris ; ses feuilles sont fort étroites, longues de 3 pieds et plus, tenaces et très-difficiles à rompre ; elles me semblent avoir tant d’analogie avec celles de la stipe, qui fait la base de la sparterie, que je crois qu’elles pourraient être employées aux mêmes usages. Déjà on en fait des sommiers, des cabas, etc., en Espagne et dans le midi de la France, dit M. de Théis.

Fig. 27.

§ IV. — De la Massette.

Massette (Typha latifolia, Lin.; angl., Broad leaved cats’tail ; all., Gemeine rohrkolhe, Tuttenkolbe, Schmackedusen ; ital., Tiffa ; fig. 28). On trouve abondamment cette plante vivace dans les étangs, dans les rivières où l’eau a peu de courant. Sa tige est de la grosseur du doigt, cylindrique, simple, terminée par un gros et long cylindre (massette), fleurs très-serrées, entremêlées de beaucoup de soie. Les feuilles naissent sur la souche, embrassent le bas de la tige, s’en écartent ensuite, et s’élèvent aussi haut qu’elle sous forme de lames larges de 6 à 7 lignes. C’est à l’automne que l’on cou-