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chap. 2e.
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DES PLANTES PROPRES AUX OUVRAGES DE SPARTERIE.


ment aux environs de Paris, mais on la multiplie par la division de ses touffes.

L’écorce des tiges contient des fibres d’une grande force, très-nombreuses, qui peuvent être préparées comme le chanvre et converties en toile. Sous ce rapport, l’ortie de la Chine offrirait de grands avantages par la persistance de ses racines, par les tiges nombreuses qui s’en élèvent chaque année sans presque aucun soin, et par la finesse et le moelleux de la filasse de son écorce.

Ortie ordinaire, grande ortie (Urtica dioica, Lin.; angl., Common nettle ; all. Brennessel, ital., Ortica pungente). Si l’on excepte les pauvres gens qui cueillent l’ortie pour la donner à manger à leurs vaches, cette plante est généralement dédaignée par tout le monde, et même en horreur, parce qu’on ne peut guère la toucher sans en ressentir une démangeaison brûlante, causée, dit-on, par une liqueur qui transsude à l’extrémité de chacun des poils qui couvrent la surface des feuilles et des tiges. A part cet inconvénient, l’ortie n’est pas sans mérite, puisque ses tiges brûlées fournissent une grande quantité de potasse, et que, rouies et préparées à la manière du chanvre, on en retire une filasse peu inférieure à celle du chanvre même, sinon par la force, du moins par la finesse, la blancheur et la facilité de la convertir en toile. On en a fait de très-beau papier en Allemagne. Au Kamtschatka, les habitans en font des cordages, des filets pour la pêche et du fil pour coudre. Toutes ces propriétés de l’ortie ont été confirmées par la Société d’agriculture d’Angers, qui en conseille la culture sous ces divers points de vue.

Quant à la culture en elle-même, elle n’est nullement difficile ; l’ortie vient partout ; les endroits pierreux, d’un labour impraticable, peuvent lui être consacrés, soit en y répandant de ses graines, soit en y plantant de ses racines qui tracent et se propagent avec rapidité. Cette plante n’a pas d’ennemis, et les intempéries sont presque sans action sur sa végétation.

Ortie à feuilles de chanvre (Urtica cannabina. Lin.; angl., Hemp leaved nettle). Celle-ci est originaire de la Tartarie, et croit très-bien en France, où elle n’est connue que dans les jardins de botanique. Elle est vivace et ses tiges s’élèvent chaque année à la hauteur de 5 pieds ; ses feuilles, quoique velues, ne sont pas piquantes comme celles de notre ortie ordinaire. Je trouve que ses tiges se rompent sans de grandes difficultés ; cependant Bosc pense que sa culture serait une bonne spéculation agricole, ne fût-ce que pour en retirer du papier commun.

§ IX.— Du Genêt.

Genêt d’Espagne (Spartium junceum, Lin.; Genista juncea, Desf.; angl., Spanish broom ; all., Pfrieme, Skorpion-Pfrieme ; ital., Ginestro) (fig. 26), arbrisseau de 10 à 12 pieds, dont les rameaux effilés, verts, flexibles et très-forts, sont munis latéralement de petites feuilles lancéolées, peu nombreuses, et se terminant par de grandes fleurs jaunes papillonacées, d’un bel effet et recherchées dans les jardins d’agrément. Il se multiplie facilement de graines, qu’il donne abondamment dans des cosses longues de 2 à 3 pouces et larges de 3 lignes. Ses racines, longues comme des cordes, dont elles ont force et la souplesse, s’accommodent des terres pierreuses, sèches et de médiocre qualité.

Fig. 26

Pour cultiver le genêt d’Espagne dans l’intention d’extraire la filasse de ses rameaux, il faut faire de petites fosses naviculairesavec une houe, à 4 pieds les unes des autres ; mettre dans chacune 3 ou 4 graines et les recouvrir d’un demi-pouce de terre ; quand elles sont levées, on arrache les plus faibles et on ne laisse qu’une plante dans chaque fosse. Au printemps de la 3e année, on rabat les plantes à un pied de terre, pour les faire ramifier, leur donner la forme de têtard, et les obliger à produire chaque année un grand nombre de branches longues et vigoureuses. A l’automne, et mieux au printemps de chaque année, on coupe ces branches, on les fait rouir, on les bat avec un maillet pour en briser et en faire sortir le plus gros du bois, et, par des serançages répétés, les fibres de l’écorce se divisent en fil comme du chanvre ; on en fait de la toile qui est d’autant plus belle et meilleure que les manipulations du rouissage, du battage et du serançage ont été mieux exécutées. Il arrive qu’au lieu de mettre le genêt dans l’eau pour le rouir, on l’enterre quelquefois et ou arrose la terre qui le recouvre de manière à la tenir constamment très-humide pendant 8 ou 10 jours, après quoi on retire le genêt, suffisamment roui, et on le lave.

Poiteau.
Section v. — Des plantes propres aux ouvrages de sparterie.

Sous ce titre, je comprends quelques plan-