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chap. 2e.
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DE DIVERSES AUTRES PLANTES TEXTILES.


différence qui me semble assez grande pour constituer deux espèces. En effet, l’agave, en Amérique, produit une tige qui ne s’élève pas à plus de 10 à 12 pieds ; à Toulon, la tige ou hampe de l’agave s’élève à la hauteur de 20 à 24 pieds. En Amérique, les rameaux de la panicule sont simples, se courbent avec grâce en girandoles, et leur ensemble forme un lustre de la plus grande élégance ; les fleurs sont toutes réunies en ombelle au sommetdes rameaux, et les étamines sont plus courtes que le style. A Toulon, les rameaux de la panicule sont rameux ou plusieurs fois divisés, à divisions toutes tournées du côté supérieur, et leurs fleurs, également jaunâtres, ont les étamines plus longues que le style. Je laisse aux botanistes à apprécier ces différences. Les feuilles ne m’en ont offert aucune.

Fig. 19. Fig. 18.

L’agave est une plante qui ne fleurit qu’une fois, à l’âge de 30 ou 40 ans, et qui meurt naturellement après sa floraison, à moins que, par quelque circonstance, elle n’ait produit au pied un ou plusieurs œilletons, ou qu’on ait coupé sa hampe au moment de son premier développement pour forcer les bourgeons axillaires à se développer. Ses feuilles nombreuses, étendues en rosette près de la terre, sont glauques, épaisses, raides, succulentes, meurtrières par l’épine acérée qui les termine et par celles dont elles sont bordées.

M. le baron de Humboldt a fait connaître que les Mexicains tirent de cette plante, en lui couipant la hampe, une quantité considérable de liqueur qui devient vineuse et que l’on boit dans le pays sous le nom de pulque. Sans doute les agaves qui fleurissent en France en donneraient aussi, si on en coupait la hampe au milieu de sa croissance, si rapide que l’œil peut en suivre les progrès ; mais on n’en a pas encore fait l’expérience, non plus que l’analyse de la liqueur miellée que distille abondamment l’intérieur de ses fleurs.

En Amérique, l’agave croit naturellement sur les terres élevées, médiocres, où l’eau ne séjourne pas ; à Toulon, il affecte la même position. C’est quand la plante est près de fleurir qu’on en coupe les feuilles pour en extraire la filasse qui est assez grossière, et dont on fait des cordes. M. Pavy a récemment introduit, sous le nom de soie végétale, une substance filamenteuse très-belle qu’il déclare être de l’agave et provenir du territoire d’Alger. Quoiqu’il en soit, il en confectionne des cordes d’une grande puissance, qui résistent parfaitement à l’humidité, toutes sortes d’objets de passementerie, et des tapis de divers genres.

Poiteau.
§ III. — De l’Apocin.

Fig. 20.

Apocin ou herbe à ouate, Asclépiade de Syrie (Asclepias Syriaca, Lin.; angl., Syrian swallow-wort ; all., Syrische seiclenpflauze) (fig. 20), plante à tiges nombreuse, droites, herbacées, simples, cotonneuses, hautes d’environ 6 pi., qui se renouvellent et meurent chaque année. Ses racines sont vivaces, rameuses et très-traçantes. Ses fleurs rougeâtres, axillaires, disposées enombelles terminales, sont remplacées par des gousses qui renferment un grand nombre de graines rousses, aplaties, surmontées d’une grande aigrette soyeuse très-blanche, qui est proprement la ouate. Ce duvet soyeux a quelque ressemblance avec le coton. Bien qu’originaire de Syrie, l’asclépiade est acclimatée en France depuis longtemps, mais sa culture n’est pas aussi généralement appréciée que ses qualités précieuses le méritent. Cependant, peu de plantes réunissent plus d’avantages que l’asclépiade de Syrie. Si elle ne peut remplacer le coton et le chanvre, elle offre un duvet qui, par sa finesse, peut en faire diminuer la consommation, et ses tiges, coupées à leur matu-